A découvert

[Hop, réouverture de topic, parce que... Na!]

Il fait froid, non?
Non, plus vraiment. Est-ce dû aux manches de fourrures? Est-ce dû au chemisier? Ou peut-être à la doublure renforcée du bustier qui le recouvre? Serait-ce les bottes souples pourtant chaudes ou les multiples tissus qui ont remplacés les voiles de la jupe? Non non, c'est autre chose encore. Les cheveux blancs parsemés de quelques pétales s'élèvent, le visage pâle taché de rouge est tourné vers le ciel, offrant sa peau si fragile au mordant du vent. Les bras relevés en croix, elle tourne sur elle-même, et tourne autour de cette forme étendue sur le sol. Elle rit, Myst, de se rire cristallin si innocent, si décalé. Au bout de sa main droite, des gouttes de sang encore chaud coulent lentement le long des doigts, se réunissent à la pointe des ongles, forment un petit rubis prêt à tomber sur le sol gelé, mais...

Non non, on ne perd pas ce semblant de chaleur! Voilà les doigts qui ramènent les rubis de sang contre les lèvres blanches, la jolie langue qui retire soigneusement les traces rouges qui teintait la main. Elle le sent encore, si faible, comme un doux souvenir, ce coeur palpitant d'effroi, luttant désespérément contre la pression de ses doigts. Mais il n'a pas survécu l'humain, n'est-ce pas? Il ne l'a même pas senti s'approcher de lui. Pourquoi? Un pas à gauche, demi-tour gracieux, voilà la danseuse qui s'approche sensiblement de la berge. Il ne l'a pas du tout sentie venir, ce pauvre humain, trop occupé à regarder quelque chose là-bas, très loin. Myst incline la tête, plisse un instant les paupières. Illusions... Une de ces illusions qui font croire aux humains qu'ils ont un espoir, un de ces illusions qui leur font oublier que la menace est toujours présente derrière eux. Il n'y a rien au loin, rien qui ne vaille la peine d'être réellement observer, rien qui ne vaille la peine d'oublier qu'une ombre peut vous bondir dessus dès que vous avez le dos tourné.

Elle hausse un instant les épaules, la jolie Myst, puis ses bras s'élèvent de la première à la cinquième position, en couronne par-dessus sa tête, piqué et pirouette, elle se rapproche de sa proie décédée. Quelques petits pas sur la pointe des pieds, et elle s'accroupi, silencieuse, écartant d'une main fragile une mèche de cheveux bruns du visage encore déformé par l'horreur, figé à jamais dans ce cauchemar qui l'a tué. Pauvre homme, non? Non non, il s'est rendu utile avant de mourir. Le petit rire est étouffé au bord des lèvres par ses doigts fins. Ce n'est pas beau de ce moquer d'un défunt! Mais le sourire persiste, perfide et malsain, même si le regard noire semble se voiler un peu plus.

"Chut, vilaine fille, pas de lamentations, non? Il était si bon, si bon... Tu l'as aimé aussi, alors ne regrette pas sa mort."

Le visage souriant se tourne un instant vers le ciel, se baisse pour ne plus affronter le mordant du froid. Les longs cheveux de neige balancent toujours, glissant sur le dos, les épaules, dansant en de belles mèches devant le visage de l'ombre. Le murmure du vent, puis le silence.

"Tu vois, quand tu veux!! Carmen, est une brave fille..."

Le murmure du vent, puis un craquement, le regard de ténèbres quitte le visage tordu d'horreur pour balayer l'espace autour d'elle...

[A qui veut!]

Mirahil et Soufre étaient presque arrivées au château des ombres, lorsque la plus vieille obliqua soudainement vers le lac de Gaia. Surprise, Soufre hésita entre conserver sa froideur en signe de protestation muette pour la douche froide qu'elle venait de prendre, et s'enthousiasmer pour cette petite ballade en un lieu qu'elle n'avait encore jamais vu à Hollow Dream. La curiosité fut la plus forte, mais c'est sur un ton un peu retenu qu'elle demanda :
- "Le lac de Gaia ? Qu'est-ce que c'est ? Et pourquoi s'appelle-t-il comme ça ?"

Le paysage était tout simplement magnifique. Après les décombres du village des hommes - mais comment pouvaient-ils supporter de vivre là-dedans, c'était inconcevable ! -, la pureté du ruisseau gelé était à la fois vivifiante et presque... hypnotisante. Mirahil avait considérablement accéléré l'allure, et était passée devant, progressant avec l'agilité d'un félin. Soufre avait un peu de mal à suivre le rythme, aussi s'essaya-t-elle à ses nouveaux pouvoirs. Elle tenta de se rendre intangible, donc moins lourde sur les galets, ce qui facilita immédiatement sa progression. Mais elle réalisa bien vite qu'elle s'épuisait à la tâche, et que ce n'était guère malin. Elle cessa aussitôt, rougissante, n'osant regader Mirahil, craignant un nouveau reproche.

C'est alors qu'elles débouchèrent dans un paysage dont la magie la laissa sans voix et pantelante. Que n'avait-elle un carnet de croquis sur elle pour immortaliser l'instant présent ?! Un lac se profilait devant elles, dont les rives étaient aussi gelées que celles de la rivière qu'elles venaient de longer. A quelque distance, tout se perdait dans une brume épaisse, mais sur la berge, une mince silhouette se découpait, donc les doigts rouges de sang tranchaient sur tout le blanc environnant. Mirahil s'était arrêtée elle aussi, à quelques pas devant elle, et Soufre la rejoignit le plus silencieusement possible. Elle ne voulait surtout pas troubler la quiété de la jeune femme qui semblait en transe au bord du lac.

- "Est-ce que tu la connais ?" demanda-t-elle à mi-voix en prenant le bras de sa compagne. "On dirait qu'elle s'est coupée..."
Soufre se rendit alors compte que la jeune femme parlait, elle se parlait à elle-même aurait-on dit. Comme magnétisée par sa beauté, elle approcha lentement, timidement, et la dévora des yeux. Quelle belle apparition ! La jeune femme aurait donné n'importe quoi pour dégager quelque chose de semblable, mais elle se croyait un physique ingrat, et n'aurait même oser formuler un tel espoir. Elle finit par se faire remarquer lorsque la neige craqua sous ses pas. Elle rougit avant de se présenter.

- "Bonjour ! Je... je suis Soufre, et voici Mirahil."
* Quelle andouille tu fais, ma pauvre fille ! Si ça se trouve, elles se connaissent bien ! *

[Bon, la prochaine fois je ne ferais pas le malin]

Vu de loin, la scène était pour le moins étrange : trois Ombres (dont une notoirement schizophrène) près d'un cadavre humain. Myst se pourléchait apparement les babines des dernières miettes de son festin, indifférente au rictus atroce de terreur pure plaquée sur le visage de sa défunte proie. Belle preuve que toute trace d'humanité avait depuis longtemps déserté ce coté-ci de la danseuse.
Mais ce qu'elle ignorait c'est qu'un prédateur d'une autre espèce rodait par ici. Un prédateur qui avait la ferme intention de ne pas passer inaperçu plus longtemps...

Il y eut un choc sourd et une grande gerbe de neige derrière Myst, comme si quelque chose de lourd venait de s'abattre dans la poudreuse. Ce qui était le cas. Un genou à terre, s'appuyant sur un bras, Saedroth toisait les trois Ombres d'un regard brillant d'une démence malsaine, avide et affamé. Dans sa main libre brillait une dague translucide, comme sculptée dans la glace. Sans les quitter des yeux, la Chimère se releva lentement, secoué par un rire silencieux qui découvrait ses crocs de carnassier. La main qui lui avait servi à amortir sa chute (il avait apparament sauté d'un arbre proche où il était embusqué) tenait maintenant une lourde faux, de la même matière que sa dague.

Un vent glacé faisait claquer son lourd manteau noir tandis qu'il les toisait, immobile. Son rire suintait une malveillance et une arrogance démeusurée, celui d'un être qui ne connaissait plus ni pitié ni peur, qui ne tuait non pas pour se nourrir, mais uniquement pour le plaisir de tuer.

Dans le flot de ceux qui mourraient chaque jour, victimes du froid, de la faim, des querelles internes ou des Bêtes, Saedroht était passé inaperçu. Mais apparement, le mort-vivant était toujours actif, et sa "disparition" lui avait donné faim.

Mirahil regardait Souffre hypnotiser par Myst, elle aurait voulu pour la jeune oombre un autre spectacle mais celle-ci cru qu'elle s'était coupé, elle cru que le sang n'était pas celui d'un meurtre. Mirahil eu un sourire amer, Souffre verait bien la vérité avant qu'elle le lui dise, elle resta donc silencieuse. Elle fit cependant un léger signe de tête en direction de Myst, entre espionnes elles se connaissaient bien que peu et de loin.

Non Mirahil préféra surveiller la chimère qui était proche, celle-ci serait-elle assez suicidaire pour s'attaquer a trois ombres dont deux assez vieille avec la qualtité d'espione ? Mais oui, de toute facon les chimères ne sont pas reconnu pour leur lucidité. Mirahil la vit don s'approcher de cette facon assez théâtrale, et elle sourit. Elle aimait le combat.

Les armes de la chimère était une faux et une dague, Mirahil se baissa et attrapa les deux lames qu'elle avait attachés a ses chevilles. Elle marcha doucement avec cependant l'attitude d'un prédateur et non d'une proie et se mit devant Saedroth. Elle se positiona entre lui et Souffre. Elle voulait ainsi éloigner la jeune ombre du combat et la laisser venir participer si elle le souhaitait.

"Alors petite chimère, que deviend le monde ?"

C'était une facon de dire comment sa va, et une facon d'entamer une légère conversation. Elle aimait se jouer manipulatrice et parler juste avant un combat. Ses lames étaient peut-être pas très grandes, elles étaient tranchantes. D'ailleurs Mirahil comptait plus sur son agileté et sa rapidité dans les combats. Elle se savait souple et en jouait. C'était comme un chat, elle aimait jouer et elle aimait tuer, c'était ainsi et pas autrement. Pour l'heure le temps était au jeu, car il n'y avait nul danger dans la chimère qu'elle avait devant elle, du moins, elle le pensait ....

Sa question était aussi ironique, mais elle n'était pas dit d'une facon blessante, non au contraire on aurait pu penser que Mirahil connaissait la chimère depuis très longtemps et qu'elle était de ses amis. Hors il est évident que nul amitié n'existe entre chimère et ombre dans Hollow Dream, la vallée ne l'accepterait pas.

Le rire est le propre de l'homme... Mais Saedroth n'en est plus un. Il rit assez souvent, pourtant, surtout face à des choses qu'un humain ne trouverait surement pas drole. Saedroth rit au nez de la mort comme s'il connaissait la chute d'une plaisanterie que lui seul connaitrait. Les proies redoutent le rire de Saedroth, car elles savent que c'est leur mort qui le fait rire. Un jour peut être lui aussi mourra, que ce soit les hommes, les Ombres, les Chimères ou les Bêtes qui en seront la cause. Rira-t-il alors? Oui, surement. Depuis qu'il est mort la mort le fait tellement rire...

Mais là son rire meurt lentement, même si son sourire reste. Il les regarde toujours toutes les trois, calme, immobile. Des Ombres. Une Chimère, à la solde des humains qui plus est. L'affrontement semble inévitable, et pourtant... Elles veulent discuter. Saedroth adore discuter, c'est son passe temps favori ici. De son vivant, il discutait peu, toujours dans son ordinateur ou ses bouquins. A vrai dire, il avait peur des gens. Mais ici il n'a pas particulièrement peur. Plus rien ne lui fait vraiment peur, en fait. Et discuter avec les Ombres est un jeu tellement amusant...

Il l'avait déjà pratiqué par le passé, une fois. Une Ombre qui s'appellait Rosace de Lancourt, même s'il ignorait son nom. Une ancienne, rusée et malveillante, qui dissimulait sous une apparence angélique une ame plus noire que les tréfonds de l'Enfer et plus froide que le coeur de Cold. Il avait joué, et sauvé la mise : sa vie. Aujourd'hui, il se disait qu'il était prêt pour une autre partie, à trois contre un. Contre Rosace, il avait fait des erreurs de jeunesse, mais l'Hiver l'avait vieilli, endurci. Son esprit, retors et subtil, avait perdu les maigres restes de candeur qu'il avait amené avec lui en Hollow Dream. Enfin, il se plaisait à le croire.

Elles étaient trois, il en connaissait une de réputation : Myst. La ténébreuse ballerine schizophrène trainait derrière elle une sulfureuse réputation de sang et de carnage. Les deux autres lui étaient inconnues, mais après tout, il n'avait eu que très peu de contacts avec les Ombres. Rosace, qu'il n'avait plus jamais revu, et une espèce de marginal nommé Soren, vivant en marge de sa faction comme lui de la sienne. Mais contrairement à lui, Soren semblait un exilé volontaire, une sorte d'ermite pacifiste, un doux dingue vivant dans ses livres, somme toute fort peu représentatif de sa faction. Ces trois là étaient d'une autre trempe. La fête commençait, et il sentait que tous ici allaient bien s'amuser...

Dans un moulinet souple, il fit tourner sa faux afin qu'elle se pose en douceur sur son épaule et lacha sa dague qui se planta à la verticale dans la neige. Son sourire sardonique ne l'avait pas quitté, même s'il ne riait plus. Son regard s'était fait plus calculateur, sans pour autant cesser de donner cette impression de malveillance avide et d'arrogance. Avec son long manteau noir que le vent faisait remuer et sa faux sur l'épaule, il rappellait vaguement quelqu'un...

- L'inconscience? Nous avons tous sombré dans l'inconscience il y a si longtemps... Mais quel jour faste! Croyant trouver ma pitance au pied de cet arbre, me voilà face à une nourriture ô combien plus délectable : les délices d'une bonne conversation en charmante compagnie...

La faux toujours maintenue sur l'épaule de la main gauche, le mort vivant executa une révérence aussi incongrue qu'impeccable.

- Veuillez je vous prie me pardonner de ne pas vous faire comme il se doit le baisemain, mais je n'ose vous imposer la proximité d'un être aussi rustre qu'une Chimère...

Obséquieux ou insolent? Les deux, sans doute. Il se tourna vers Mirahil

- Comment va le monde? Bonne question. Il continue à tourner, probablement, mais sans nous. Quand à Hollow Dream... Nous sommes tous bien placés pour savoir comment va la vallée...

L'arrivée de la chimère avait sorti Soufre de son étrange fascination pour Myst, et c'est alors qu'elle remarqua le cadavre dont un reste de sang rougissait la neige aux pieds de l'ombre. L'expression de pure terreur affichée sur le visage de l'humain semblait tout à fait décallée avec la beauté de la jeune femme qui l'avait tué. Soufre se sentit partir à nouveau dans des rêves étranges, dont elle sortit une fois de plus à cause de Saedroth. Un reflet sur sa faux de glace sans doute, un feu d'artifice éblouissant comme un soleil de printemps, printemps qui semblait ne plus jamais devoir renaître à Hollow Dream.

Elle sourit d'un air ravi à l'accueil de Myst, sentant d'instinct Mirahil se raidir derrière elle, et venir s'interposer entre la chimère et elle. Mais Soufre s'en désintéressait, elle n'avait d'yeux que pour Myst. Jusqu'à ce que cette dernière rompe le charme, et s'intéresse elle aussi à la créature étrange venue les déranger. La jeune ombre sentit la colère l'envahir toute entière. Les déranger, oui, c'était exactement ça ! Et interrompre le ballet et la grâce de celle que Soufre percevait déjà comme une danseuse, sans même la connaître. Elle se retourna d'un bloc vers la chimère pour l'observer, guère impressionnée par ses armes de glace.

Son apparence physique l'effraya en revanche, et elle eut un mouvement de recul mêlé d'un soulagement infini à l'idée de ne pas avoir choisi cette voie. Dieu qu'il était laid ! La transformation semblait être achevée, ou en tout cas, Soufre ne pouvait que l'espérer pour lui. Quoi qu'il en soit, la chimère compensait ce nouvel aspect de sa personnalité par un magnétisme un peu incongru. Mêlant la courtoisie et la moquerie, il entreprit de faire la causette aux deux ombres qui l'accompagnaient. Médusée, Soufre les dévisagea tous trois avec de grands yeux, ne sachant que dire ni que faire. Depuis son arrivée, elle n'avait vu que colère et rage entre ombres et chimères, et elle s'était figurée qu'il ne pouvait y avoir rien d'autre. Ou alors allait-ce venir ? N'était-ce que le calme avant la tempête ?

La jeune ombre n'en fit pourtant pas moins un pas sur le coté, sortant ainsi du couvert de Mirahil. Il ne serait pas dit qu'elle serait lâche ! Elle pencha la tête de coté, et sourit à la chimère. Le ballet se poursuivait, d'une toute autre manière sans doute, mais toujours aussi beau dans la déchéance, l'horreur et l'absurdité d'Hollow Dream.
- "Pourquoi, monsieur, venir interrompre ce charmant ballet, et si lourdement armé qui plus est, si vous n'étiez poussé par quelque noire intention ? A moins qu'il ne s'agisse d'une pulsion suicidaire dont la beauté m'échappe encore, mais que je ne demande qu'à percevoir ?"
Soufre était repartie... plongée dans un nouveau trip qu'elle croyait partager seule avec la chimère. Etait-ce la brume qui flottait au-dessus du lac gelé ?

Souffre était hypnotisé par l'ombre Myst, Mirahil n'avait jamais eu autant d'admiration pour quelqu'un et elle en était soulagé. Car elle ne voulait ne s'attacher a personne ou plutôt a tout le monde. Mirahil regardait la chimère, celle-ci semblait avoir envie de parler, tant mieu. Aussi rapidement qu'elle les avait pris, Mirahil remit ses lames mais au lieu des chevilles prefera les mettre a la ceinture ... sait-on jamias. Il était clair que cela ne pouvait pas se finir par une simple discution. Mirahil voulait avoir ses armes proches d'elle.

Mirahil choisit elle aussi la révérence, bien que peu apuyé vers le bas, et très rapide. Cependant sa révérence était belle et rafinée, elle était recherchée. Mirahil sourit contente d'elle, hors d'Hollow Dream on lui avait apris la vie dans les cours royales et cette enseignement lui avait aussi apris a faire une révérence belle et ... provocante.

Après sa révérence, elle regarda droit dans les yeux de la chimère, et eut la surprise de trouver saedroth plutôt beau malgré sa déformation, c'était peut-être son magnétisme ou quelque chose qui le rendit différent. Mirahil decida alors de jouer un peu.

"Rustre ... Je ne crois pas. Ou tout du moins vous le cachez bien. Mais peut-être n'en avez tout simplement pas l'envie ? Peut-être les baise-mains ne sont pas de votre goût ?"

Elle avait eu l'audace de dire ces mots, cherchant jusqu'où pouvait aller la chimère. Elle avait peut-être été un peu suicidaire, mais elle savait que si la chimère s'approcherait assez d'elle pour enfin l'attaquer, elle avait matière a se sauver, et si besoin à le tuer.

"La beauté de la mort, Souffre, ou peut-être celle de la folie. Mais n'est ce pas le pourquoi de la vallée ? La mort et la folie qu'elle a engendré, ou peut-être cette nuit, cette hiver qui rend les chimères suicidaires."

Elle avait comme repondu à Souffre mais avec plus de nuance. Mirahil avait choisi la provocation ......

- Saedroth. Ce n'est bien sur pas mon nom d'origine, mais somme toute, j'ai tellement changé depuis mon trépas...

Un petit rire. Myst ou Soufre ne figuraient probablement sur aucun registre d'état civil sous ces noms là... Et même si elles ressemblaient probablement plus à ce qu'elles avaient été, elles avaient elles aussi changé. Même les humains changeaient, sinon dans leur corps, du moins dans leur esprits, confrontés aux atrocités dont ils étaient chaque jour témoins.

- Mais je connaissais déjà le tien avant de te connaitre Myst. Tes sublimes danses hantent les cauchemars de bien des damnés de la vallée. Une goutte de démence dans un océan de beauté? Ou serait-ce le contraire? Tu n'entres pas non plus dans les clichés que l'on se fait des Ombres, mais après tout, qui peut prétendre y rentrer? Nous sommes tous ici des spécimens atypiques, notre seule présence ici en témoigne... Qui imaginerait trois Ombres et une Chimère en train de deviser sous la neige?

Son sourire narquois ne le quittais toujours pas. N'était-ce pas merveilleux? Des intrigues de cour et des discussion au troisième degré jusqu'au milieu de nulle part, au sens littéral du terme vu qu'Hollow Dream ne figurait sur aucune carte. Il bénit une fois de plus sa métamorphose. Avant sa greffe de visage, la putréfaction lui interdisait toute expression faciale, hormis le sinistre rictus de ceux dont la décomposition est suffisament avancée pour avoir emporté la chair autour de la bouche. Mais grace à ce miracle de la vallée qui lui avait rendu apparence (presque) humaine, il pouvait arborer toute la gamme d'expression à laquelle avait droit un humain. Ce qui était d'une utilité sans bornes. Il se tourna vers Mirahil. Sa petite tentative de provocation l'amusait et l'étonnait tout à la fois. Mis à part quelques cas comme le célèbrissime Méraziel, les Ombres étaient réputées plus subtiles que ça...

- Pas à mon gout? Oh que si. Je me croierais le plus heureux des défunts si d'aventure j'avais la chance d'effleurer de mes lèvres votre peau si douce... Mais hélas je n'ai guère été éduqué pour assurer sans commettre d'erreurs un respet absolu de l'étiquette, et je redoute de commettre quelque faute qui me ferait passer pour un goujat.

C'était un jeu. Un jeu dangereux. Un jeu passionant. Un seul faux pas et le sang coulerait. C'était plus grisant dans son genre que tout ce qu'il avait pu essayer de son vivant. Sous le verni de plus en plus policé des quatres créatures rugissaient des fauves enchainés, prêts à se jeter à la gorge les uns des autres pour peu qu'on leur en laisse l'occasion. C'en était enivrant, plus que toutes les liqueurs (et il en avait pourtant essayé un certain nombre) ou que toutes les drogues. Il était à la fois grisé et parfaitement lucide, tendu et calme. Toute la dualité fondamentale inhérente à sa nature semblait se découper nettement en lui, l'étudiant juriste devenu renegat, et le mort vivant tueur.

- La mort et la folie sont les deux muses de ce monde, mademoiselle... Et ceux qui les administrent sont des artistes. Quel poème peut prétendre à plus de beauté ici que celui écrit le sang dans la neige? La folie est poétesse, et la mort danse pour ceux qui la servent... Mais je m'égare, et je ne connais même pas votre nom... Car si j'en connaissais un et viens d'apprendre l'autre, vous ne m'avez pas laissé l'occasion de connaitre le troisième. N'y a-t-il pas de nom pour désigner une si charmante apparition?

Il porta enfin son attention ves Soufre. Manifestement, celle-ci semblait vouer une véritable vénération pour Myst. Jusqu'à quel point? Bonne question, mais peu utile pour l'instant.

- Pardonnez, belle enfant, à un être solitaire d'avoir été attiré par tant de beauté après avoir subi de longues heures de solitude. Quand aux armes... Ici celui qui veut vivre va armé, que ce soit ostensiblement ou de façon plus discrète. De tout ceux que j'ai vu ici, un seul semblait dépourvu d'armes, peut être plus atypique que nous tous ici. Un de vos frères, bien qu'il semble préférer la solitude à la compagnie de ses semblables. Il se nomme il me semble Soren.

Il balaya du regard les trois superbes apparitions, d'un air toujours aussi sarcastique et néanmoins révérencieux.

- Peut être le connaissez-vous?

Charmée par le manège de Myst, Soufre souriait sans vraiment s'occuper de ce qu'elle racontait, ni même des paroles de Mirahil ou Saedroth. Sans quoi ces conversations de salon l'eussent sans doute singulièrement ennuyée. Envahie d'une sensation étrange, c'était comme si elle flottait dans du coton. Elle tourna soudain la tête en direction de la brume qui flottait au-dessus du lac gelé, et fronca les sourcils. A travers les volutes paresseuses, elle crut distinguer plusieurs silhouettes.

La jeune ombre cligna des yeux, comme pour affuter sa vue, ou au contraire quitter ce rêve étrange, mais la vision était toujours là. Un trottoir dans une rue déserte, la façade d'un immeuble en feu, et plusieurs personnes regardant les flammes lécher le mur de pierre, le visage mangé par des reflets rouges et jaunes. Seules couleurs visibles dans la blancheur devenue quasi éternelle d'Hollow Dream. Médusée, elle leva un index tremblant vers tous ces peuvres gens.

- "Désolée de vous couper dans vos discours courtois, mais... est-ce que vous voyez ce que je vois ?"

C'était un peu comme si Soufre avait laissé la place à Pandora, son moi d'avant, pour un laps de temps indéterminé. La mince paroi, habituellement opaque, qui séparait Hollow Dream de la réalité s'était comme disloquée sous ses yeux. Vision ou réalité ? Le spectacle auquel elle assistait avait-il réellement lieu en ce moment ? Ou bien n'était-ce qu'une vision sortie d'un délire paranoïaque quelconque ? Présent ? Passé ? Futur ? Soufre avait le sentiment de toucher du doigt le monde qu'elle avait quitté au moment de l'accident, lorsqu'elle était tombée dans le coma.

Comme personne ne lui répondait tout d'abord, elle fit quelques pas en direction du lac, stoppant sur sa berge gelée et glaciale. Dans la brume, au bord de la route, une femme hurlait à son mari :
La Femme : - "Où étais-tu ? Je t'attends depuis des heures ! Tu viens de l'immeuble ! Chez quelle pét... étais-tu ?"
En larmes, Soufre la vit s'effondrer sur le trottoir, et elle sourit machinalement, toute prête à s'abreuver à cette source de vie qu'était sa douleur et sa peur. Mais la barrière qui la séparait de ce monde n'était pas encore assez mince pour qu'elle en ressente réellement les effets. Ni fumée ni odeur... Elle se tourna vers ses trois compagnons, attendant une explication qui ne vint pas. La porte était-elle là ?

Sous ses yeux, l'immeuble se fit dévorer par un brasier digne de l'enfer, mais bizarrement, elle ne ressentait que le froid de Hollow Dream et du lac de Gaia. Des cris stridents lui parvinrent tandis que des corps tombaient du 6ème étage, hurlant en s'écrasant sur le sol. Et Soufre se mit à hurler à l'unisson...

Mirahil était habitué aux complexes pitreries de la cour. Et les rejouer ici dans un endroit loin de tout était plutôt amusant, surtout si elle prenait en compte la mort qui rodait silencieuse au-dessus du groupe étrange que formait 3 ombres et une chimères bien audacieuse. Saedroth n'avait pas eu la folie de venir jusqu'à elle lui faire le baise-main. comment lui en vouloir, elle ne l'aurait peut-être pas fait. Enfin peut-être finalement, rien que pour sentir le danger et l'ombre de la faucheuse.

La mort l'avait toujours inspiré, elle aimait le sang et le regard des victimes à leur dernier souffle. Elle aimait sentir son instinc de prédateur. Hollow Dream l'avait peut-être appelé pour ca, pour cette neige qu'il fallait rougir, pour ces coeurs qu'elles devaient éteindre. Ombre pourtant elle était, non une chimère comme elle avait cru qu'elle deviendrais. Peut-être parce qu'elle aimat les morts .. propres et non pas déformé à l'extrème.

"- Le moindre des faux pas serait, il est vrai, quelque peu dangereux pour vous. Et je vous pardonne donc cette impolitesse. Les poèmes de certains comme Baudelaire sont l'égale de cette magnifique image qu'est le sang sur la neige. ne sont-ils pas le reflet d'une âme torturée, brulante de feux incompris par le monde ? N'ont-ils pas la magie des mots avec eux, et les images tordantes de spleen et d'idéal ? "

La chimère n'était pas avare en compliment et elle savait parler avec agilité pour éviter les embuches. Mirahil sourit, serait-il aussi manipulateur qu'elle ? Sa condittion d'ombre l'avait rendu moins forte en ce domaine qu'elle l'avait pu être.

"L'on me nomme Mirahil, mais ce n'est pas non plus le nom sous lequel je suis née. Mais ce prénom d'origine est mort à l'instant même de ma naissance. Il faut croire que j'étais destinée à être une ombre."

Mirahil sourit, toujours un peu sarcastique mais cependant de moins en moins. Elle s'amusait de cette chimère audacieuse et de leur conversation mondaine. Soudain elle entendit la question de Souffre. Mais elle ne voyait rien, juste le brouillard qui gagnait sur le lac. Juste une ombre perdu dans ses souvenirs, juste une chimère et une ombre danseuse. Pourtant elle semblait comprendre Souffre, il n'était pas si simple d'oublier sa vie dans le monde. Mirahil avait aussi souffert de ses souvenirs qui devenaient hallucinations dans le reflet d'Hollow Dream. Elle comprenait la jeune ombre qui y était confrontée pour la première fois. Elle resta silencieuse, les yeux avaient perdus l'éclat qu'avait su lui donner leur courtoisies enjoués.

Souffre hurla, terrible cri qui brisa le silence de ces ténèbres glacées. Mirahil s'approcha et posa sa main sur son épaule. Un geste simple, consolateur...

"Hollow Dream est une étrange prison où les souvenirs refluent parfois en des hallucinations étranges. Personne n'est retourné sur Terre, nous sommes mortes Souffre, morte et à jamais. Nous ne portons le nom d'ombre ou de chimère que parce que rien ne nous qualifie aussi bien que ces mots. L'ombre d'une vie, ou sa chimère, tous n'est que rêve ou plutôt cauchemards dans cette étendue de blanc et de noir."

Murmures glissées à l'oreille d'un être blessée par son passé brûlant ...
Murmures qu'hollow Dream fait vibrer dans le froid de son étau glacé....
Murmures qui resonnent comme s'ils étaient dans une cage en verre ...
Murmures sui se veulent consolateurs mais qui se savent éphémères ...

Réponse ambigue, incompréhensible. Ainsi Soren avait possédé un poignard? Rien de très étonnant là dedans. Il fallait être stupide au dernier degré pour ne pas posséder du tout d'armes quand on se baladait à Hollow Dream. Depuis qu'il vivait retranché dans ses archives, il ne devait plus en avoir des masses besoin, ceci dit. Mais qu'est-ce que Myst voulait dire en parlant de force qui n'était pas la sienne? Comment était elle entrée en possession de la dague de Soren? Et surtout, pourquoi voulait elle revoir celui-ci? Juste pour l'aider? Et de quelle façon? Quel était ce meilleur moyen?

- Ce n'est pas un secret : le bibliothécaire habite dans les archives sous la bibliothèque. Il...

Un hurlement l'interrompit. Manifestement une des Ombres semblait en proie à une crise d'hallucinations. Craignant une Bête ou quoi que ce soit qu'ait pu leur envoyer la Vallée, Saedroth scruta les brumes tourbillonantes, sans rien y voir de particulier. Myst s'était écartée de lui afin de parer à toute éventualité. Parfait. Si elle ne l'avait pas fait, c'est lui qui se serait écarté. Les discours avaient beau être policés, ça ne voulait pas dire pour autant que la confiance règnait. La partie continuait...

L'Ombre qui avait hurlé l'intrigait. Depuis quand une Ombre hurlait-elle de peur? Les Ombres étaient la peur. C'était aussi anormal que de voir une Chimère devenir végétarienne, ça n'avait pas de sens. A moins que l'Ombre ne se soit mal adaptée à sa nouvelle nature.

- Hallucinations?

Les hurlements des gens qui sautaient du dernier étage de l'immeuble se confondaient à présent avec celui des sirènes des camions de pompiers. La voix de Mirahil lui semblait venir de très loin, comme si Soufre avait basculé vers une réalité qui n'était plus celle d'Hollow Dream. Elle sentait sa main sur son épaule, mais entendait à peine ses paroles. Elle ferma les yeux, le bruit semblant encore prendre de l'ampleur. Elle ne savait plus s'il venait de l'intérieur ou de l'extérieur de son crâne. Elle finit par perdre connaissance.

Lorsqu'elle revint à elle, elle était toujours debout au bord du lac, les pieds baignant dans la brume sinistre de Gaïa. Mirahil évoquait souvenirs, rêves et cauchemars, mais Soufre secoua la tête vivement, faisant voleter ses longs cheveux raides comme des baguettes autour de sa tête.
- "Je n'ai jamais vécu quoi que ce soit de tel, Mirahil, ce n'était pas un souvenir", lui dit-elle.
Certes, elle avait mal vécu son arrivée à Hollow Dream, le fait d'être dans le coma sans aucun espoir de retour... Mais qui le vivait bien ? Ca ne faisait que trois jours qu'elle était ici ! Mais enfin ce qui venait de se passer avait l'air si réel... Elle se tourna vers Myst, et Saedroth qui parlait d'hallucination. Elle préférait de loin le terme de vision, et l'approche de Myst la rasséréna quelque peu. Tout cela avait peut-être un sens, finalement ?

- "Il y avait le feu dans un grand immeuble, et les gens au desespoir sautaient du dernier étage pour ne pas mourir brulés. Il y avait un couple qui se disputait..."
Soufre cherchait vainement le rapport avec Hollow Dream. Le feu, la neige. Les discours courtois entre la chimère et les ombres, et la dispute entre le mari et sa femme. Tout s'opposait, mais justement, la clef était peut-être là... Le feu, la neige... les Bêtes... Les disputes, la coopération... Tout se mélangeait dans sa tête, elle y porta des doigts tremblant avant de lever les yeux vers Saedroth qui semblait intrigué.

- "Qu'y a-t-il de l'autre coté du lac ? Est-ce que quelqu'un le sait, ombre ou chimère ? Est-ce que les Bêtes viennent de là ?"
Elle reporta les yeux sur la brûme dansante au dessus de l'eau gelée. Les nappes jouaient à cache-cache les unes avec les autres, mais elles ne dissimulaient plus rien en leur sein. Pour le moment du moins... A force de les fixer, elle finit néanmoins par y distinguer des formes, comme le font les enfants plein d'imagination dans les nuages. Elle eut un mouvement de recul en reconnaissant une Bête. Mais ce n'était qu'illusion, bien sûr... A moins que... Des crocs luisant de bave apparurent, et la Bête cligna de l'oeil dans la brume...

"On ne sait rien des bêtes, ni qui elles sont, ni d'où elles viennent. Chacun à des idées mais personne ne les exprime vraiment. Pour les ombres du moins, je ne sais pas si les chimères en savent plus mais pour ce que je sais ils sont aussi perdu que nous. Je me trompe ?"

Dit-elle en dévisageant Saedroth, mais cette fois-ci ce n'était pas avec ironie. Non c'était assez sérieux. Malgré cette question qui parraissait anodine, Mirahil voulait vraiment savoir si les chimères en savaient plus que les ombres. Elle n'était pas espionne pour rien et c'était de son devoir de tout savoir. Cependant son ton malgré que non denué d'une tonalité grave, était assez banale pour pas que Saedroth ne se doute de quelque chose.

Mirahil regarda la bête droit dans les yeux quelques secondes, elle avait eu sa dose de course, elle avait envie de sang. La neige était bien trop blanche pour elle, ils étaient 4 même si Souffre n'était pas vraiment des plus vieille. Ils alaient deoir combattre tous ensemble après leurs conversations, non dénué de sarcasme et de risques. Cela rendait la scène assez excitante après les visions ou hallucinationsde Souffre.

*Tout de même, la bête en a après nous, on la croise deux fois en peu de temps. On a du la faire rager devant la grille d'acier.*

"Messieurs, dames, la course ou la confrontation ? J'ai une légère préférence pour le sang mais c'est a vous de voir."

Mirahil detourna les yeux mu par son seul instinc. Il y avait quelque chose. elle sentait une présence dans le brouillard du lac, elle sentait quelque chose qui aurait pu être une bête si elle n'avait pas été sur le lac. Pour mieu entendre elle ferma les yeux, le chose arrivait. Elle était proche maintenant, trop proche. Alors l'ombre tout doucement ouvra les yeux, puis les posa au creu des yeux du dragonesque animal. Non pour chercher protection dans un nid douillet mais pour essayer de lire ses pensées, pour essayer de savoir qu'est-ce qu'était cette animal.

*Une bête, une bête version marine, version abymes. Encore un mystère, Hollow Dream veut notre fin, Hollow Dream veut notre mort. Qu'elle oublie cet épilogue jamais nous ne nous laisserons faire.*

Et la femme au cheveux gris changea doucement de position, regardant la bête droit dans les yeux avec provocation. Elle la regardait comme regarde l'homme devant l'animal, d'un prédateur à un autre. Ses mains saisirent deux dagues venu dont ne sait où, inspiration du matin qu'elle avait caché sous ses maigres habits.

Mirahil sans lacher le cauchemardesque animal, tellement beau, tellement fabuleux qui degageait tant de puissance murmura à Souffre.

"Souffre cours, cours loin et vite, et si Myst et Moi restons ici va parler à Vincent et raconte lui ce que tu as vu."

Puis elle reprit à voix haute :

"Moi je parierai pour un sang d'une bleuté originelle et pure. Qui coulera doucement et ne s'arreterais pas. A qui aura raison."

Il était clair qu'elle ne partirai pas, il était clair qu'elle était stupéfié par l'animal, il était clair qu'elle voulait voir la teneur de son sang et qu'elle ferais tout pour savoir. Elle entendit la jeune ombre s'en aller, et se murmura a elle-même "elle ne reviendra pas". Alors elle soupira, le vent se pris dans ses cheveux et degagea son visage. L'écalt de la lune s'y refleta un moment, rendant ses cheveux argenté et brillants. Sa cape était tombé a terre, laissant voir ses formes. Les deux ombres étaient cote à cote et l'on aurait dit une peinture, immobiles sereines sentant dejà le sang sur leurs lames. Elles étaient immortelles ...

Toujours garder une arme lourde sur soi. A Hollow Dream, c'est aussi utile qu'un parapluie à Londres en novembre. Moulinet souple. La faux est de nouveau prête à frapper. Une belle arme, sculptée avec art. Il a du passer quelque temps dessus. Bien sur, il peut en quelque seconde créer une arme. Mais là, tout seul dans son arbre, en proie à l'ennui, il s'était appliqué. Un manche de bois, noir comme le coeur de la vallée, couvert d'une fine couche de givre que le contact de ses mains ne fait pas fondre. La glace dessine de fines arabesques blanches sur le bois. A une extrémité, une pointe de glace d'un blanc translucide, bleuté. En se concentrant longtemps, il peut augmenter la solidité de la glace qu'il manipule. A l'autre bout, la lame. Une oeuvre d'art en elle même. Partant à la perpendiculaire du manche, un crane de dragon de glace serre entre ses machoires hérissées de crocs une lame plus longue et large que celle d'une simple faux agricole. Une lame si parfaite qu'elle en semble irréelle...

Il regarde la Bête, serrant fermement son arme, légèrement de profil, les genoux fléchis. Pourquoi celle-ci est elle visible? Est-ce parce qu'elle est dans l'eau? Est-ce celle qui l'a percuté? Qui va-t-elle attaquer en premier?

- Viens...

A peine plus qu'un simple murmure. Caressant. Une invite. Il veut en découdre. Elle aussi. Les hurlements sont superflus. A travers la perfection de ce corps de prédateur, il reconnait un peu de la grace de certaines chimères. La Bête n'est pas un tueur. Elle est la mort. L'évolution ultime d'un formidable carnassier amphibie.

- Viens, la Bête, viens...

Il veut la combattre, l'affronter, mesurer sa force et sa rapidité à la sienne. Il veut voir qui de lui ou d'elle est le plus évolué. Il veut boire son sang et se repaitre de sa chair. Au fond de lui, l'instinct qui a fait de lui une chimère gronde et rugit. Un défi de plus. Cette Bête est un défi de plus pour lui.

Il relève le défi. Il est prêt. Il l'attend.

La bête allait apprendre quelque chose, la bête allait la hair, la bête allait se souvenir de son nom. Le dragon s'était terré et l'ombre avait courue, comment aurait-elle pu la ratrapper ? Pourtant elle essaya de toute ses forces, mais le dragon arriva plus tôt. Mirahil laissa échapper un cri, un seul, pire encore qu'un hurlement plus puissant que n'importe qu'elle puissance. le cri d'une louve enragée, le cri d'une mère perdant son enfant. Elle avait promis a Souffre sa protection, elle l'avait trahi. Parce qu'elle lui avait demander de fuir, elle se trouvait la immobile, sanglante dans la bouche de la créature du lac. Un loup ne pardonne jamais, un loup garde sa rancune et brule de vengeance. Vengeance un mot si beau, un cri dans l'ame d'une ombre. Et la haine, la rage et le desespoir qui prend Mirahil, qui la change et la manipule. Ses yeux, deux terribles couteau ... des larmes silencieuses. de dépit ou de douleur. Elle aimait Souffre, la bête allait payer, elle lui apprendrait la teneur du sang, la brulure d'une blessure, le chaos d'un instant. mais avant .. Souffre.

Parce que le vent ne l'entend plus a moins que cela ne soit l'ombre qui y soit insensible, parce que la folie est plus forte que tout, parce que la haine et la rage ne sont pas les attributs d'une ombre. Parce qu'elle ne voudrait que cet instant ne soit pas arriver, être à la place de l'ombre jeune qui lui avait offert sa confiance. L'ombre n'était devenu qu'une créature sans nom, une réincarnation du diable, de satan et de l'enfer. Sur son visage la mort dessinait une terrible image, ce visage si beau embellit encore par des traits figés. Ses yuex étaient deux braises, un incendie de sentiments contradictoires. Un appel, Mirahil reclamait le sang, le sang de la bête. Mirahil reclamait la mort, sa terrible sentence, ce qu'elle s'était promis de ne plus faire. L'appel du sang terrible et immuable, son corps tout entier allait l'aider. L'ombre allait mourir, l'ombre choisissait la mort. car pour elle se n'était plus un choix mais une fatalité.

L'ombre s'envole, un saut puissant, desespéré. Elle se pose sur la geule de la bête et y pose sa marque entre ses naseaux, où la peau est douce. Du sang coule, elle n'a que quelques instants, la bête va rugir et son hurlement brulera l'espoir des hommes. Une marque de sang, une lame d'argent... profonde. L'ombre sent sa douleur mais sans aucune pitié elle tourne son couteau et s'envole .... Non sans avoir auparavant regarder droit dans les yeux le magnifique dragon. Non sans avoir poser son murmure dans le froid de l'atmosphère.

"N'oublie pas mon nom, dragon, il est porté par celle qui te tuera. Mirahil. Ombre qui brulera ton ame."

Quelques micro secondes, la bête doit sentir son sang maintenant qu'elle perd doucement. Elle ne mourera pas. L'ombre ne veut qu'un corps, sur la neige, elle attend que le dragon hurle et qu'il perde son fardeau. Sur la neige, l'ombre defi le dragon, un défi bien plus profond qu'une simple bataille. Une lutte à mort, une lutte fascinée. Car l'ombre est fasciné par la créature, elle l'aime autant qu'elle la haie. Animal, élégante puissante bête offrant sa beauté au lac. Leur lutte les brisera toute les deux, car Mirahil ne pourra vivre sans tuer, car l'ombre empoisonera le coeur de la bête. Le dragon, elle avait voulu jouer avec lui, danser aussi. Elle avait voulu en faire un ami, ou plutôt signer une trêve entre eux. Elle était folle, folle de rage et de haine, folle de desespoir. La bête allait payer de son sang le lourd poid de ces sentiments, elle allait payer une ombre ....