Hollow Dream
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 Homesick rain drop

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Elhil
Ombre vacillante - fatal uke larmoyant
Elhil


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MessageSujet: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptySam 19 Jan - 22:27

Un froissement de plumes fronça la toile du silence.

Elhil ouvrit les yeux et les leva aussitôt vers le ciel. Il ne trouva le volatile fuyard ni dans la voûte sombre chargée de nuages gonflés d'eau, ni dans les frondaisons faméliques des arbres. Pas une seule branche tanguant pour trahir la cachette de l'oiseau, pas une plume échouée dans le ciel glacé, mais un seul murmure lointain. Tout était calme, silencieux et figé…comme si cet envol ponctué d'un croassement furieux n'avait été que le fruit de son imagination.

Le jeune Indien frémit de tout son corps, resserrant l'emprise de ses bras sur son propre torse. Il grelottait, et pour cause: il était trempé jusqu'aux os. C'était ainsi qu'il s'était réveillé, dans un coin reculé des Bois de l'Est. Il s'était relevé, hagard, et tentant désespérément de retrouver son chemin dans cette vallée qu'il ne connaissait que depuis une petite semaine. Il lui fallait retrouver le village…là-bas, il pourrait s'abriter de la pluie et de la brise froide. En tout cas, il saurait s'abstenir de toute autre sortie dorénavant; sa soudaine témérité l'avait égarée dans ces bois inconnus et humides, et il avait trouvé le moyen de perdre connaissance, sans raison, alors que les Créatures rôdaient inlassablement dans la Vallée!

Elhil fit encore quelques pas hésitants sur sa gauche. Puis il sembla se raviser, comme guidé par une intuition, et se faufila entre les troncs noirs et suintants, à sa droite, trébuchant parfois sur de minces racines affleurantes. Il ne savait pas que des fleurs noires poussaient à Hollow Dream. On lui avait surtout parlé d'un automne éternel…mais il ressemblait davantage à une sorte de printemps maussade, aujourd'hui. Comme pour souligner sa pensée, la pluie se mit soudainement à tomber; d'abord par gouttes légères et aiguës, puis en une averse régulière, glacée à souhait. Le jeune homme pressa le pas jusqu'à ce qu'il débouche, quelques instants plus tard, sur la lisière des bois. Il poussa un soupir de soulagement en apercevant au loin la silhouette austère des bâtisses du village, mais surtout celle proche du pont couvert, qui lui offrirait un refuge temporaire à l'averse. Il ne lui fallut que quelques foulées pour l'atteindre, ce qui ne l'empêcha pas pour autant de se retrouver dégoulinant d'eau froide une fois arrivé.
Tremblant de froid, il passa ses mains dans sa longue chevelure blonde, rendue ondoyante par l'humidité pour les sécher sommairement. Ses vêtements étaient blancs et effroyablement légers –mais quelle idée avait-il eu de prendre de tels vêtements?! D'ailleurs il ne se rappelait même pas les avoir enfilé ce matin là…sans doute n'y avait-il pas prêté attention. Elhil s'inspecta d'un air passablement perplexe, passant ses mains sur la texture fine, détrempée et souillée d'une pellicule de boue par endroits. Sa main droite trouva un renflement au niveau de sa poche, et il en extirpa un curieux petit objet doré, pendu au bout d'une longue chaîne de même couleur. Une montre à gousset.

Les yeux pers d'Elhil s'arrondirent, comme hypnotisés par le jeu de pendule du bijou. Sa face était couverte d'épais entrelacs dessinant la lettre E, et son tic-tac était aussi léger qu'un souffle d'être humain.

Un souffle, oui, un souffle humain. Chaud, rassurant, au creux de son cou…

L'Indien se sentit presque nauséeux. Son cœur battait la chamade, et cet élan émotif aurait pu être curieusement agréable si elle n'était pas accompagnée d'une… impression. Une marque sans nom, sans couleur, sans odeur dans son esprit, mais qui manifestait sa présence comme un morceau de charbon caché sous les cendres. En brûlant sournoisement ses doigts lorsqu'il cherchait à le trouver.
Elhil frissonna et rangea l'objet dans sa poche prestement, mais avec une douceur précautionneuse qui tenait quasiment du réflexe. C'était la première fois qu'il voyait cette montre, il en était persuadé; et pourtant…ah, il ne savait qu'en penser –et c'était d'autant plus rageant que ce n'était pas la seule étrangeté qu'il soulevait depuis son réveil.
Son regard parcouru brièvement les environs, avant de retrouver refuge sous ses paupières pesantes. Il était fatigué. Il n'aimait pas cette façon dont son cœur cognait férocement sa poitrine sans que la raison lui soit évidente. Il n'aimait pas non plus sentir sa gorge se nouer ainsi, et poisser ses lèvres d'une amertume sans source. Ce n'était qu'une montre, enfin! Une montre qu'il avait du trouver en s'aventurant dans les bois...et récupérer…
Elhil soupesa cette excuse, et la garda faute de mieux. Car il ne pouvait pas expliquer ce blanc dans sa mémoire. Il demanderait au chasseur russe ce qu'il en pensait –lui il devait savoir, depuis le temps qu'il était à Hollow Dream…il lui donnerait sûrement une explication.

La pluie tombait drue, mais le vent heureusement absent épargnait au jeune chanteur une nouvelle douche glacée. Il écoutait le grondement de l'averse sur le toit, immobile et frémissant. Etait-ce la peur qui coulait dans ses veines…? Oui, il avait peur. Ses entrailles se nouaient, et son regard pers scrutait anxieusement la pluie. Il avait peur, mais c'était idiot. Il devait plutôt craindre les créatures –on lui avait dit qu'elles n'hésitaient jamais à venir dans l'enceinte même du village.

Elhil sursauta soudainement, et tourna brusquement la tête de côté, des mèches blondes collées aux joues, son souffle soudainement haché par l'angoisse. Il avait entendu un croassement, et ce simple ricanement d'oiseau invisible l'avait terrifié. Elhil se força à rire de sa sottise, mais son rire sortit cassé et nerveux de sa bouche, agonisant bien vite entre deux expirations maladroites. Il porta une main à son visage, tout en s'adossant à l'un des piliers soutenant la voûte de bois.
Il devait retrouver son calme…après, dès que la pluie aurait diminué d'intensité…il rejoindrait le village, les chasseurs l'aideraient, oui…Ce n'était qu'une petite pluie inhabituelle. Inhabituelle et sans incidences.

[Libre~ ^^]
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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyDim 16 Mar - 19:11

C'était trop en une fois, là… Confiance venait d'arriver dans ce lieu étrange. Il avait été "accueillis" par un mec bizarre, il avait découvert un village détruit… Et surtout on venait de lui expliquer pourquoi il était là. Coma stade 3. Il avait tellement de souvenirs liés à ces simples mots. Le corps sans vie apparente de son père, relié à des machines… Ca avait duré tellement longtemps. Maintenant c'était son tour. Il était dans une chambre d'hôpital accroché à une multitude d'appareils qui le maintenaient en vie. Et une chose était certaine : son argent le maintiendrait en vie aussi bien qu'il l'avait fait pour son père. Il s'en souvenait encore. Les infirmiers le disaient. C'était uniquement parce qu'il était riche qu'il n'avait pas encore été débranché. Et il savait qu'il en serait de même pour lui. Son avocat accepterait que l'hôpital pompe toutes sa fortune pour le garder en vie. Il ne serait débranché que quand son compte en banque serait vie… Et c'était pas près d'arriver.

Mais il y avait quelque chose qui le perturbait : il n'avait pas compris comment il était tombé dans le coma. Il se souvenait d'avoir fermé la librairie et d'avoir pris le chemin pour rentrer et après c'était le noir total. Quand il avait changé de chemise, il avait bien vu les trois cicatrices fines sur son ventre. Des marques qu'il ne se connaissaient pas. Elles devaient être liées à son coma, mais elles étaient déjà cicatrisées, fermées, comme des vieilles plaies. Il n'arrivait pas à trouver à quoi elles étaient dues. Pourtant son ventre lui faisait encore mal de temps en temps, mais ce n'était pas si insupportable que ça, et il se disait que ça allait passer. Il n'avait certainement pas tord, d'ailleurs.

On lui avait aussi parlé des créatures. Les ombres et les chimères dont il fallait se méfier. On lui avait expliquer que c'était des âmes coincées dont le corps était mort sur terre, des êtres sans espoir de revivre… L'espoir… C'était ce qui différenciait les humains des créatures dans la vallée. L'espoir de se réveiller… Confiance avait un autre espoir.

Il se souvenait encore de la mort de son père. Ses organes vitaux avaient été de moins en moins forts avec le temps puis d'un coup tout s'était affolé. Que s'était-il passé. Son père avait-il été à Hollow Dream ? Il était resté humain un long moment puis avait perdu espoir. Mais cette manière de se débattre… Etait-il devenu créature ou avait-il été tué par une créature ? Confiance se souvenait qu'il avait ordonné qu'on cesse de le maintenir en vie. Il avait ordonné qu'on le débranche. Son père était-il devenu créature à ce moment là ? Etait-il encore à Hollow Dream… Oui, Confiance avait cet espoir là : revoir son père. Bien sûr, il voulait croire à son réveil et se disait que la science ferait des progrès avant que son compte en banque soit à sec, il se réveillerait, c'était presque une certitude, mais il voulait revoir son père. C'était ce qui comptait le plus à ses yeux. Il fallait qu'il trouve quelqu'un qui était là depuis longtemps…

Quoi qu'il en soit, il avait trop de choses en tête, trop d'informations, trop de nouveautés, trop de peurs, trop de doutes… Il avait fuit en courrant ce nouvel asile, sa nouvelle maison. Il avait juste pris le temps de changer de chemise mais il avait remis son long manteau trempé et il était ressorti. La pluie s'était alors calmée. Elle était plus douce, moins agressive, mais voilà que quand il arriva en bordure du village elle redevint violente. Il se réfugia sous un auvent mais cela ne le protégeait que partiellement. Il regarda aux alentours, ce village détruit. Comme les flammes avaient elles pu prendre par ce temps ? Mais on lui avait raconté que l'incendie avait eu lieu en hiver. Il ne comprenait rien. Il y avait des saisons ici ? On aurait dit que le temps était figé, pourtant. Tout semblait tellement désolé.

Son regard se posa alors sur un petit pont qui avait l'air d'être un meilleur abris que son auvent bancal. Il pesa le pour et le contre. Ici il était à moitié protégé. Il pouvait aussi courir jusqu'à la bibliothèque, se réfugier au milieu des livres, mais c'était loin. La dernière solution était de se cacher sous le pont mais il prendrait la pluie… Et puis il ne savait pas trop combien de temps il devrait rester là dessous. Serait-il obligé, ensuite, de retourner dans cette bibliothèque ? Il n'avait pas vraiment envie de vivre au milieu de tous ses humains qui, s'il avait bien compris, se faisaient la guerre alors que des créatures dangereuses guettaient dehors… Peut-être était-ce vraiment trop dangereux de rester ainsi en vue, dehors…

Il se décida et fit un sprint jusqu'à l'abri du pont et il s'appuya contre un poteau en regardant la route, trempée, qu'il venait de parcourir. Il n'était pas vraiment en très bon état. D'un geste réflexe, il passa ses mains dans ses cheveux pour les réunir faisant une queue de cheval maintenue par ses doigts et il chercha un élastique dans sa poche… Un juron lui échappa. Il avait oublié que ses poches étaient vides. Il soupira en rejetant ses cheveux dans son dos. Mais en faisant ce mouvement il aperçu un reflet blond au coin de son regard. Il se tourna brusquement.

Un homme était là.

Il se figea et dévisagea l'inconnu. Il retint un mouvement de recul car un pas en arrière l'aurait fait se retrouver sous l'averse mais il envisageait sérieusement de se barrer en courrant. Ne sachant pas à quoi ressemblait les créatures, il ne savait pas trop à quoi il avait à faire. Il détailla l'homme sans un mot. La peur s'immisçait en lui lentement, sa respiration s'accélérait régulièrement alors qu'il guettait toujours le moindre mouvement chez l'inconnu. Confiance ne savait même pas qu'il existait deux types de créatures alors comment aurait-il pu reconnaître une ombre redevenue humaine alors qu'un habitant plus ancien de Hollow Dream en aurait été incapable ? Finalement, il jugea que cet être lui ressemblait un peu et qu'il était beaucoup moins agressif que l'humain qui l'avait "récupéré" donc qu'il n'était potentiellement pas dangereux. Néanmoins, il resta sur ses gardes quand il se décida enfin à prendre la parole :


"Je suis Cliff. Tu es là depuis longtemps ?"


[HJ : en espérant que ça te convienne…]
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Elhil
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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyJeu 20 Mar - 18:07

Il n’y avait rien. Du moins, rien de vivant.

Elhil scrutait le ciel avec inquiétude, ses bras noués autour du pilier de bois comme un naufragé à un esquif salvateur, son visage à demi-caché. Entre les rets humides de sa chevelure, ses yeux bleu-vert demeuraient levés vers les nuages sombres tapissant la voûte, et la pluie qui tombait avec une fureur redoublée comme pour gommer la vallée de tous ses reliefs. Il n’y voyait aucun oiseau ; pourtant il était sûr d’avoir entendu ce croassement. Un rire animal, résonnant, qui avait déversé le lourd vernis de la peur le long de sa poitrine. Il ne comprenait pas ce que lui inspirait cet animal fantôme.
…De la terreur ?
L’Indien se mordit anxieusement la lèvre inférieure et rentra la tête dans ses épaules, tout en sentant le tremblement de son corps s’accentuer. Il craignait aussi cette pluie, aussi bête que cela puisse paraître. Son regard pers restait ancré sur la chute continuelle des eaux glacées, fascinés par ce déchaînement naturel, qui ne lui paraissait pas si « naturel » que cela. Une image se superposa l’espace d’une seconde à ce spectacle diluvien. Comme un froncement, une distorsion, et ce n’était plus de la pluie mais de la neige qui tombait. Dangereuse.

Dangereuse ?

Elhil cligna des yeux, perplexe. Ses pensées devenaient incohérentes. Il inclina la tête et colla son front contre le bois poli et humide, cherchant à imposer un peu de calme dans son esprit. D’accord, il s’était réveillé dans des conditions étranges, ses vêtements, et cet objet, et le paysage, certains éléments avaient changés. D’accord. Mais il était toujours humain, et c’était sans doute ce qui comptait le plus ; humain, donc avec la possibilité de rentrer chez lui, un jour.
L’air sembla s’extirper plus aisément de sa poitrine. Oui, rentrer chez lui. Cette perspective le rassurait, alors qu’au début de la semaine l’idée de se retrouver confronté à sa famille, à sa mère, à Jalal, et aux médias lui faisait aussitôt songer au goût étrange des médicaments et de l’alcool de riz. Il n’avait plus peur d’eux. Elhil plissa les lèvres, stupéfait et ému de cette prise de conscience. Plus peur…il pourrait peut-être revenir…et s’expliquer. Pardonner et se faire pardonner.
Tout, plutôt que de rester dans ces bois noirs et effrayants.

L’ancien chanteur respirait mieux, et son esprit lui semblait plus serein. Il sentait sous ses doigts la surface lisse et froide de la montre dorée, qu’il s’était mis à caresser sans s’en rendre compte. Il se savait pas pourquoi cet objet était en sa possession, mais il sentait confusément qu'il ne voulait pas s’en séparer. Absolument pas. Un sourire candide se fraya un chemin sur ses lèvres, mais s’évanouit presque aussitôt.
Il avait entendu un pas rapide.

Comme électrisé par un étonnement étroitement mêlée de peur, Elhil se tourna d’un bloc de côté, dans la posture tétanisé d’un petit animal face aux phares hurlants d’une voiture. C’était un homme, de haute taille et vêtu de couleurs sombres. Quelques secondes s’égrenèrent lentement –le temps pour Elhil de l’observer avec des yeux ronds-, au bout desquelles l’inconnu se retourna tout aussi brusquement que lui, et le dévisagea avec ce qui ressemblait fortement à de la crainte.
L’Indien battit des cils, stupéfait, et baissa sensiblement sa garde. Ce ne pouvait être qu’un humain, pour paraître si méfiant. Lui-même glissa de côté pour retrouver la protection toute symbolique de la colonne soutenant le toit du pont, passant un bras autour de lui. Il fixa attentivement le nouveau venu, qui aurait sans doute parut plus intimidant s’il n’était pas aussi trempé, en se demandant qui ferait le premier geste ou jetterait la première parole. Ce fut l’inconnu aux longs cheveux noirs qui parla le premier, en se présentant laconiquement. Les muscles d’Elhil se décontractèrent sensiblement, et il afficha une expression plus amène en répondant aussitôt, et avec tout l’aplomb qui lui restait:

« Je m’appelle Elhil. Je… suis là depuis une semaine... »

Il fut presque surpris d’entendre son accent, mais cette vague impression fut balayée par une surprise plus grande. Sa voix était extrêmement faible, comme effeuillée de toute son habituelle étendue de puissance. Il déglutit, et porta mécaniquement sa main à sa gorge. Etrange.
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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyMar 25 Mar - 21:58

En fait, le jeune homme coincé avec lui sous ce pont ne semblait pas plus rassuré que lui. Il avait l'air perdu et faible. Confiance se présenta comme il avait l'habitude de le faire en général, c'est à dire par son surnom, une réduction de son nom de famille. Il n'aimait pas trop qu'on lui fasse des réflexions sur son prénom. Mais l'inconnu ne semblait pas vraiment de ce genre. D'ailleurs Confiance ne put s'empêcher de sourire à sa réponse… La question avait été mal compris… Il ajouta alors avec calme :

"Je voulais dire… depuis combien de temps tu es sous ce pont…"

Il se rendit alors compte qu'il était en train de dévisager l'inconnu… Elhil… et que ce n'était pas très poli. Il détourna le regard et ses yeux gris se perdirent dans les méandres de la pluie. Il pleuvait aussi, tout à l'heure, quand il était arrivé. Aussi fort presque… L'accalmie avait été de courte durée. Il soupira. Et, se parlant plus à lui même qu'au jeune homme…

"Je suis arrivé il y a quelques heures. Il pleuvait comme ça… Aussi violemment… Un mec m'a 'accueilli'… si on peut dire… en me pointant avec une arme… Et il m'a emmené au village… Enfin, ce qu'il en reste… Ils m'ont raconté tout ça… Hollow Dream… Les creatures… Les guerres… L'hiver, l'incendie… la pluie…"

Confiance ne savait pas qu'il évoquait des choses qui ne faisaient plus parti de la mémoire de son compagnon. Il ne s'imaginait même pas qu'il était en danger… Et pourtant, nul part dans Hollow Dream il ne serait en sécurité… Il regardait toujours la pluie. Se souvenant de ces gens lui parlant. Le village avait été attaqué. Les humains s'étaient retrouvés bloqués dans la bibliothèque alors qu'ils s'étaient scindés entre eux. Confiance ne comprenaient pas ça. Pourquoi, au lieu de faire front commun, les humains se faisaient-ils la guerre ? N'était-ce pas s'affaiblir ? De plus, ne l'ayant pas vécu, il ne pouvait pas comprendre ce que les séparatistes reprochaient à la chef…

"La nature humaine est vraiment étrange… Alors qu'ils sont attaqués de toutes part et en manque de forces, ils trouvent le moyen de se battre entre eux…"

Il se tourna vers le jeune homme et le regarda un moment mais il n'osa pas lui demander de quel camp il était… Lui n'avait pas fait de choix… Et il craignait qu'on le lui reproche… Mais comment choisir ?

Il se détourna d'Elhil…

On voyait l'orée du bois d'ici. Confiance avait toujours cette impression étrange en regardant la pluie tomber sur les feuilles. Il n'arrivait pas à savoir quoi. Comme s'ils étaient observés… Il revoyait l'expression des hommes qui lui avaient parlé du schisme au sein du groupe humain… Ils avaient parlé de l'hiver, de la neige puis de la pluie… Il se souvenait de leurs regards inquiets sur l'extérieur… Il y avait autre chose. Autre chose qu'on ne lui avait pas dit. On lui avait vaguement parlé d'un ennemis, les créatures, mais il y avait autre chose…

Quand il avait pris la fuite… Il avait cessé de les écouter et s'était levé. Il avait réclamé un peu de temps, un peu de calme et il s'était dirigé pour sortir… Quelqu'un l'avait retenu. Il s'en souvenait encore… Une jeune femme lui avait mis un poignard dans la main. Il le sorti de sa poche et le regarda… Quelqu'un avait dit que c'était une arme inutile, mais elle avait répondu que ça dépendrait sur quoi il tombait… Pas sur qui… sur quoi… Il se perdit dans la contemplation de la lame en métal.

Puis il leva de nouveau le regard sur le jeune homme :


"Y a-t-il un danger en plus des créatures, ici ?"

Instinctivement, il savait que la réponse était positive… Ses doigts se refermèrent un peu plus assurément sur le manche de l'arme. Il regardait au loin, derrière Elhil… De nouveau, la peur s'immisçait en lui…
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Anthemis
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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyMar 8 Avr - 9:15

[Aller, on va tenter de redynamiser tout cela (c’est un peu court, mais c’est le pied à l’étrier comme on dit ^^)] Razz Razz Razz

Après avoir suivit le cour de la rivière pendant presque une heure, Anthemis arriva finalement à la première trace de civilisation digne de ce nom. Vu de loin, il s'agissait visiblement d'une petit village, mais au moins pourrait-elle y trouver de quoi retourner chez elle... Car bien entendu, la jeune femme ne croyait pas un seul mot de ce que lui avait dit cet étrange jeune homme. Elle ne se souvenait pas d'avoir eu le moindre accident, et on ne s'endormait pas dans son lit, pour se retrouver au milieu de nulle part sans aucune explication. d'ailleurs, dormait-elle..? Dépité de n’avoir aucun souvenir de ce qui lui était arrivé, elle réalisa alors soudain qu’elle ignorait même qui elle était, ce qu’elle était… Ce qu’était sa vie… Tout ce dont elle se souvenait, c’était qu’elle se prénommait Anthemis… Mais la jeune femme avait confiance, les forces de l’ordre sauraient sûrement l’aider à se retrouver… Effaçant pour le moment ces quelques considérations personnelles, Anthemis se rapprocha peu à peu du village. La pluie continuait à tomber , mais ce n’était pas tellement désagréable. Elle se souvenait avoir toujours aimer les averses, et celle-ci, loin d’être froide, procurait plutôt une douce chaleur qui se diffusait lentement mais sûrement à travers son corps que ses vêtements fins et trempées épousaient, offrant ainsi ses formes les plus féminines à la vue de tous…

Elle arriva finalement à ce qui était visiblement l’entrée du village… Un pont couvert faisait office de ‘’porte d’entrée’’. Anthemis aimait beaucoup ce genre d’ouvrage. A ses yeux, les ponts couverts représentait une sorte de halte, de transition, ou l’on pouvait en quelque sorte se reposer avant de pénétrer dans ‘’un autre univers…’’ Car en fin de compte, chaque ville et village n’étaient-ils pas des petits microcosmes aussi différent les uns des autres, que les planètes.. ? Alors qu’elle s’en approchait, Anthemis constata que des gens s’y trouvait… Deux hommes visiblement… Ou bien deux jeunes garçons.. ? Qu’importe, c’était au moins la civilisation. Elle s’en rapprocha doucement, ses talons aiguilles faisant des clapotis quelque peu bruyant qui ne manquerait sans doute pas d’attirer très rapidement l’attention sur sa personne. Elle s’avança encore, et une fois sous la protection du toit en bois vermoulu, elle fit un sourire agréable aux deux gens gens en train de discuter tranquillement visiblement…

‘’Bonjour…’’ leur dit-elle d’une voix douce ‘’Je m’appelle Anthemis, et je suis un peu perdue, pourriez-vous me dire ou nous sommes exactement.. ? Et quel est le nom de ce village.. ?’’

Anthemis aurait voulu rajouter le mot charmant à celui de village, mais quelque chose l’en empêcha. Un drôle de sentiment confus dont elle n’avait pas vraiment conscience, mais qui pourtant lui intimait de ne pas trouver ce village à l’aspect quelque peu sinistre, charmant…
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~Nebel~
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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyMar 29 Avr - 12:07

Pluie...


Quelle douce pluie. Quel doux chant que celui de l'eau s'écoulant sur les reliefs de la vallée, sur le sol et les plantes, sur les constructions et les êtres vivants. Quelle délicieuse sensation de se sentir parfois enlacé par dame nature à travers cette merveilleuse humidité.

Quel sinistre frisson...


Les petites bêtes discutent sous la pluie, certaines ont peur, l'eau le lui dit.
Les petites bêtes peuvent avoir peur, ou être incertaines, mais il faudrait leur donner une bonne raison, non?


Manger...


Faim? Non, pas tant que ça de fait. Mais le principe veux que quand de si jolis petits animaux se regroupent, la chose aurait plutôt envie de se joindre à eux, de voir si la belle unité était encore présente avec la terreur.

... Manger...


Allons... Un monstre de sa trempe a-t-il se genre de pensée? Non. Un instinct, un seul le pousse à avancer, invisible dans l'eau, invisible sous la pluie. Il devient la pluie. Et ses pas silencieux ne sont perceptibles nulle part, sauf peut-être par cette légère, très très légère ondulation de l'eau sur le sol. A moins qu'il ne s'agisse simplement de ces gouttes qui tombent sans cesse du ciel.

... Manger...


Il s'immobilise. C'est dur, tellement dur d'attendre le moment propice, tellement dur de se retenir, tellement dur de ne pas bondir immédiatement. Mais la faim n'est pas l'instinct dominant.

... Jouer...


Oui, jouer. Faire courir les petits animaux et en choisir un à attraper, à déchirer, à dévorer après avoir avec soin répandu quelques entrailles dans l'eau douce de cette pluie de printemps.

...Jouer!


Tient, l'eau semble dévier sa chute, comme coulant sur quelque chose, quelque chose d'énorme, d'imposant au centre de laquelle on voit à présent deux orbes d'un bleu pâle presque transparent, deux orbes monstrueuse qui regardent tandis qu'une langue apparaît à son tour, glissant sur des crocs maintenant visibles, des crocs brillants de bave et de sang, des crocs prêts à détruire la chair humaine. Un grondement profond, s'élève, faisant trembler l'eau sur le sol, glaçant de terreur les personnes présentes, s'insinuant vicieusement aux tréfonds des âmes des jolis petits animaux.
La bête est là, juste là, derrière la jeune femme. L'aurait-elle suivit? Qui aurait encore assez de bon sens pour se poser cette question futile?

Voici venu le grand méchant loup!




BOUH!!


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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyMer 30 Avr - 17:13

A l’abri du pont couvert vermoulu mais visiblement toujours d’attaque en dépit de son âge certain, Anthemis sentit peu à peu la douce tiédeur de la pluie qui était venu s’écraser contre ses vêtements fins, devenir frissons. Dans un paradoxe des plus étrange, la protection contre la pluie filiforme que représentait la construction de bois, arrêtait aussi la chaleur humide qui accompagnait cette pluie finalement pas si désagréable que cela. Mais qu’importe, la jeune femme avait enfin trouvé des habitations, et elle entendait bien en profiter pour trouver un moyen de retourner au plus vite chez elle. Tandis qu’elle attentai en silence que les deux hommes qui discutaient entre eux répondent enfin à son salut et son interrogation, Anthemis demeurait immobile, croisant doucement ses mains contre son ventre afin de se réchauffer quelque peu.

C’est alors que quelque chose vint lui chatouiller le cou… Quelque chose de chaud… A la fois bref, mais mas désagréable à la vue de la situation météorologique qui s’était installée sur cet endroit inconnu.. Un souffle, c’était un souffle… Tout d’abord intrigué, la jeune femme hésita à se retourner. En effet, qui pouvait bien lui souffler ainsi dans le cou… Si elle se trouvait dans une rame de métro, assurément elle verrait la l’œuvre d’un pervers ou autre détraqué sexuel. Mais ici, dans cet endroit isolé… Puis, elle sentit dans ce souffle chaud et peu à peu désobligeant, quelque chose de bestial sans vraiment pouvoir en définir exactement la nature. Cela ne pouvait pas être un animal, elle le savait… Aucun d’entres eux ne pouvait être aussi grand et silencieux… Pas même un ours… Oubliant presque les deux inconnus qui ne lui avait toujours pas répondu, Anthemis se décida finalement à se retourner, mais avec de manière totalement instinctive, evrs ce qui lui causait ce souffle chaud dans le cou. C’est là, qu’elle le vit…

Ou plutôt, qu’elle la vit… Cette chose immense, effrayante, qui la dépassait de plus d’une tête, et dont le semblant de sourire carnassier laissait apparaître une impressionnante rangée de dents trop blanche pour être honnête, parmi lesquelles deux énormes canines exagérément pointues luisaient sous la faible lumière du jour. Un sentiment de peur enfla rapidement dans le cœur de Anthemis, qui ne pouvait pourtant détacher son regard de cette étrange créature qui ne ressemblait à rien de ce qu’elle pouvait connaître. La jeune femme resta interdite encore quelques seconde, et puis enfin sa peur, ou appelons cela son instinct de survie, prit le dessus et elle commença à reculer tout en gardant son regard dardé sur cette créature à fourrure… Une chose dont elle était tout de même certaine, c’était qu’il s’agissait sans nul doute d’un canidé… Une sorte de loup, mais tellement… Différent…

De façon totalement inconsciente, Anthemis agrippa le bras d’un des deux inconnus et le fit se placer entre la bête et elle en un semblant de protection, dans les fait totalement illusoire. Alors, les yeux toujours pointé sur cette colossale apparition cauchemardesque, Anthemis trouva enfin la force de demander aux deux inconnus…

‘’Qu’est-ce que c’est ça.. ?’’

Tout en n’ayant qu’une seule et unique envie, celle de courir se réfugier dans l’une des maison présente dans le village…
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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyMer 30 Avr - 18:21

La main d'Elhil s'était refermée progressivement. Lorsque Confiance avait repris la parole, cela n'avait été qu'une vague crispation de ses doigts sur le bois noirci d'humidité du garde-fou. Il était resté immobile, attentif, ses yeux trop grands et trop clairs fixés sur cet homme qui parlait, et prononçait ces mots qui semblaient sonner pour la toute première fois aux oreilles de l'Indien. Incendie. Hiver. Pluie...Sa main s'était avait resserré son étau; comme si le fait de s'accrocher au pont couvert empêcherait cette déferlante de l'emporter trop loin de lui-même.
Cet homme avait été mal informé, songea-t-il avec la précipitation d'un plongeur crevant la surface de l'eau pour respirer à nouveau. Mal informé, c'était clair. Il n'y avait jamais eu d'Hiver à Hollow Dream : on ne lui avait bien dit, là-bas, qu'il n'y avait jamais eu qu'un éternel automne dans la Vallée. Quant à cette pluie...ce n'était peut-être pas grand chose.
Pas grand chose.

Elhil glissa un regard penaud vers sa propre main. Main insolemment fine, blanche comme s'il avait enfilé un gant de satin. Tremblante, et crispée au point que l'extrémité de ses doigts perdaient leur peu de couleurs. "Pas grand chose", il n'en était pas tellement sûr. Mais en cet instant, quelques minutes seulement après ce douloureux réveil dans les bois, il ne savait plus que penser. Son cerveau tournait à vide, s'attardait sur des détails insignifiants et s'offrait des mirages des plus inquiétants. Il avait besoin de repos. D’un long, profond sommeil réparateur –à l’abri de cette pluie.
Son regard demeura de longues secondes rivées avec inquiétude sur le couteau que Confiance venait de sortir de sa poche ; la lame nue luisait faiblement sous il ne savait quelle lumière fade et glacée. L’homme parla d’autre danger ; et Elhil leva les yeux pour fixer son visage blême encadré de mèches noires et humides. D’autre danger ? Non. Oui. Pour lui chaque arbre, chaque petit animal, chaque souffle d’air, et même chacune de ces gouttes de pluie dégageait un parfum de danger sinistre. Absent, là, ailleurs. Et concrètement il n’y avait que les créatures qui étaient dangereuses. Les Chimères, les Ombres, ces créatures qu’il n’avait encore jamais croisées et dont il avait pourtant des représentations étonnamment claires. Son imagination, encore…

Le jeune chanteur relâcha un peu la pression qu’il exerçait impitoyablement sur la rambarde. Pour un peu, il en aurait eu le vertige. C’est à cet instant précis d’égarement –non, de nausée même-, qu’un son régulier parvint à ses oreilles, précédant de peu une voix féminine.
Elhil se retourna, dévisageant avec son indéfectible anxiété mêlée d’épuisement la nouvelle venue. Une femme, elle aussi victime de la pluie et dont les cheveux assombris par l’eau dont ils étaient gorgés ondulaient tristement autour de son visage. Elle leur avait parlé avec douceur, et ses propos la désignaient sans équivoque comme une nouvelle prisonnière de la vallée.

« Hollow Dream…C’est…Hollow Dream… »

Elhil était resté concis, trop effrayé par l’incongrue médiocrité de sa voix pour se permettre plus de paroles, donc plus d’interrogations intérieures et d’inquiétude. Il ne se sentait pas le courage, ni la patience d’expliquer à la jeune femme pourquoi elle se trouvait ici –d’autres au village sauraient sans doute mieux que lui l’instruire sur la « vie » d’ici-bas. Son regard passa de Confiance à Anthemis. Il se cala contre le garde-fou du pont, laissant son dos exposé à la pluie froide. Des gouttes d’eau aventureuses piquèrent de leur froideur sa peau à travers son vêtement, entretenant son sentiment d’inquiétude. Hollow Dream. Il avait l’impression d’avoir prononcé mille fois ce nom ; il était synonyme de tant de choses –mais des choses sans noms, sans formes : juste de choses, qui le terrorisaient et l’attristaient sans qu’il comprenne réellement pourquoi.

« Il…Il faudrait… »

Rentrer au village. Ces mots restèrent coincés dans sa gorge, et furent même totalement effacés de sa mémoire, balayés par une bourrasque glaçante.
Ça.
Son regard s’était figé sur un point un peu en retrait d’Athemis. Ce grondement…
Ça !
Ses yeux s’agrandirent, et son souffle se tarit. Un mâchoire, des dents effilées et blanches comme autant d’éclats de lune. Des yeux bleus.
Ça. Bête, fauve, monstre. Non, non, c’est bien ce mot-là : Bête.

Des yeux, encore eux –peut-être différents. La neige. Le rouge et le cri de souffrance dans sa tête, et ce bras et cet autre regard et la peur…Là, quelque part, partout : ça !

Un cri resta bloqué dans sa gorge. Se superposaient comme en filigrane brouillée à la vision du monstre aux yeux bleus des foules d’images qu’ils ne comprenaient pas, délavées par la peur, distordues par la nausée.
Il voulait…
Il voulait…

...Disparaître.

Se fondre dans l'air comme s'il n'avait jamais existé, comme s'il n'avait jamais été qu'un mirage à présent dissipé par le vent. Un fantôme.

Mais c'était impossible, n'est-ce pas?

Il entendit indistinctement Anthemis parler –mais comment, comment pouvait-elle parvenir à articuler quoique ce soit devant ça ? N’était-elle donc pas aussi terrifiée que lui l’était ?!
Son regard ne parvenait pas à se décrocher de la Bête. Il avait reculé de plusieurs pas, se retrouvant presque sous la pluie, de l’autre côté du pont. Derrière lui, c’était le village et la promesse d’une protection. Il devrait fuir, aller se réfugier là-bas –appelez à l’aide le chasseur russe, peut-être. Ou n’importe qui d’autre.

Oui, c’était ce qu’il devait faire…Se cacher, et pleurer, et supplier pour que ce manège arrête de tourner. Se cacher au fond, dans l’ombre, à l’abri. Loin, loin…
Et les autres ?
Elhil recula, encore, et se retrouva sous la pluie. Il avait peur, pas plus à cause de cette apparition cauchemardesque que par tout ce qu’elle remuait d’inconnu en lui. Un croassement, ou quelque chose d’autre, vrilla ses tympans – et la réponse incohérente lui apparut sur la seconde comme une évidence : « Différents ».

Une part de lui s’insurgea alors : quelle différence ? Ils devaient fuir, tous ensemble, vers le village ! Pourquoi ne criait-il pas ? Pourquoi ne disait-il rien pour les aider, les tirer et se tirer lui-même de sa paralysie ?
Ce ne fut qu’une seconde d’incompréhension, et le vertige nauséeux revint à la charge : la vue incongrue du village s’imposa à son regard. Il avait tourné le dos ? Il courait ? Il fuyait ?!

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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyMer 30 Avr - 21:00

[Monstres, abandonner cette pauvre jeune femme... ]

Délicieux petits animaux. Le grondement s'intensifia, une patte apparu plus nettement, se posa sur le sol avec un bruit sinistre malgré le chant de la pluie. Non, c'était comme si la pluie s'était tue, tombant sans bruit, comme si plus rien dans la vallée n'osait se manifester face à l'immonde apparition de la bête.

Délicieux petits animaux. L'un reculait, l'autre partait en courant et la dernière... Femelle, si tendre, si... La pluie se mêlait à une bave encore vaguement teintée de sang qui s'écoulait en longs filets écoeurants le long de la mâchoire inférieure de la bête, dessinant avec plus de netteté l'imposante fourrure noyée d'eau, devenue eau d'ailleurs.

Délicieux petits animaux... Pas d'intérêt pour les mâles trop effrayés, trop de peur. Oh, il adorait la peur, mais se délectait tout autant de l'incompréhension. N'avait-elle donc pas peur, la petite femelle? N'avait-elle donc aucune idée de ce que le grand méchant loup fait subir au petit Chaperon Rouge? Mais là, pas de chasseur pour sauver la proie. Et elle? Elle allait enfin savoir. Le regard métallique sur lequel rebondissait les gouttes quittait était fixe, immobile, patient face à la jeune femme. Chaque seconde paraît bien longues, pourtant le quart d'une minute ne s'est même pas écoulé. La peur... Tant mais pas assez, ou trop pour fuir? Tout se mêlait, désagréables sensations pour la bête. Trop d'émotions, l'une devrait disparaitre, mais pas avant qu'il ne s'en soit délecté, cruel paradoxe.

Qu'est-ce que c'est ça?

La réponse vient d'elle-même, s'insinuant, vicieuse, au plus profond des sensations tant physique que psychique.

Qu'est-ce que c'est ça?

La peur, la terreur à l'état brute, la notion de brutalité épurée, de sauvagerie au sens le plus évident, le plus naturel, le plus... Quelle évidence! Il est l'Horreur, le Cauchemar, la Fin de toutes proies. Et tous deviennent proies. Le grondement s'élève d'autant plus, comme un roulement de tonerre au loin, comme le rugissement des éléments, comme...

Pas même vingt secondes.

Les crocs s'abattent sur la femelle. Si douce, si tendre, trop effrayée pour fuir, ou pas assez peut-être? La patte imposante s'abat sur le corps frêle, écrase la poitrine sur le sol, les dents traversent le visage, se plantent dans la gorge. Les mâchoires sont suffisemment grandes pour engloutir le buste d'une homme adulte, alors la tête d'une femme...

Le grand méchant loup adore le rouge.
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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyJeu 1 Mai - 13:58

La créature était là… Aussi imposante que effrayante… Image même de la terreur, qui, peu à peu, s’insinuait au plus profond de Anthemis, tout en donnant à celle-ci un sentiment de curiosité malsaine envers cette chose sans nom. Elle pensa de manière furtive, que cet animal ressemblait à une peluche. Une peluche d’un genre un peu spécial, pour enfants tout aussi monstrueux que l’objet de son réconfort… Mais malheureusement, il n’y avait nullement de caressant ami tendre et attentionné ici… Seule, était présente cette créature de cauchemar qui ne pouvait décemment pas exister en ce monde… Mais… Cette pensée hors de sens rappela brièvement à la jeune femme la conversation décousu qu’elle avait eu dans les bois, quelques heures plus tôt. N’était-ce pas ce que ses gens étrange lui avait eux-mêmes dit.. ? Un monde qui n’était plus le leur… Un monde hors du monde… Une monde dans le monde… Un monde… physiquement inconcevable…

… Et puis subitement, l’arrêt du temps qui s’était déposer sur cet instant à la fois court et pourtant tellement interminable, se dissipa. Un des deux inconnu se détourna alors de la vision d’horreur qui leur faisait face dans un sourire carnassier à la teinte carmine, tandis qu’un filet de bave des plus écœurantes se laissa doucement glisser jusqu’au sol ou il atterrit dans un bruit sourd mais pourtant affreusement évocateur. Il courut comme si le diable lui-même était à ses trousses.. Ce qui n’était finalement peut-être pas si loin de la vérité… Si Anthemis avait eu une pensée cohérente, sans doute l’aurait-elle trouvé lâche de fuir ainsi sans penser aux autres. Mais cela faisait maintenant plusieurs minutes que les pensées de la jeune amnésique avaient fui l’esprit de cette dernière. Il n’y avait plus que la peur… La peur et l’incompréhension, qui se mêlaient en une ronde incessante avec, au cœur même de celle-ci, la seule véritable interrogation sans doute… ’’Pourquoi.. ?’’

Son attention n’avait été détourné qu’une seconde, une seule et unique seconde, le temps pour ses paupières de se clorent et de se rouvrir, dans l’espoir inconscient de, peut-être, se réveiller de ce qui était visiblement un cauchemar. Mais une seconde n’était-elle pas, bien souvent, jumelle de l’éternité.. ? A nouveau, son regard sombre se déposa sur la créature aux allures de grand méchant loup. Mais cette fois-ci, le second inconnu qu’elle brandissait devant elle en un bouclier humain avait lui aussi disparu, reculant à son tour en laissant Anthemis face à la bête…La bête si proche, que son souffle chaud envahit entièrement le visage de la jeune femme qui ne pensait même plus à fermer les yeux tant un sentiment flagrant d’impuissance la paralysait. Elle le savait… Elle le voyait dans ce regard aux accents d’argent et de métal… L’ombre de la mort s’abattit alors avec une fureur et une sauvagerie que la jeune femme n’aurait jamais cru imaginable. Un éclair sombre avec quelques touches luisantes d’un carmin vif vint épouser sa personne, et une douleur intense l’envahit tandis que ses peurs et ses interrogations s’évanouirent dans un néant des plus apaisant, comme si tout cela n’avait finalement plus aucune importance… Un brusque moment de surprise suivi cette douleur venant de nulle part, et puis soudain une fatigue intense s’empara de la jeune femme. Elle se sentit alors chavirer, et déjà la caresse du sol recouvert de bois vint se déposer contre son corps humide et désormais inerte. Une fulgurante mais brève douleur lui traversa ensuite la poitrine, tendis que son regard mâtiné d’un curieux sentiment de bien-être fixait avec une attention toute particulière le toit du pont couvert… Sans trop savoir pourquoi, elle le trouva d’une époustouflante beauté… D’ailleurs, tout lui paraissait étrangement beau… Que ce soit cette fine pluie dont le clapotis sur le sol de terre lui parvenait aux oreilles, ou bien encore ce ciel grisâtre mais qui avait soudain des nuances et une luminosité qui lui étaient jusqu’ici inconnues.

La douleur à la poitrine disparut enfin… Anthemis en fut soulagé, même si, elle ne savait trop comment se l’expliquer, cela n’avait plus aucune importance à ses yeux. Elle se sentait légère… Apaisée… Libre comme jamais encore elle ne l’avait été. L’ombre de la mort était toujours penché sur elle, déposant encore et encore ses mortels baisers au creux de ce cou qui lui paraissait maintenant bien chaud. Etait-ce bien un sourire qui se dessinait sur ses lèvres entrouvertes.. ? Se sentant glisser dans une indescriptible paix,, Anthemis était finalement heureuse… Plus de peurs, plus de doutes, plus d’interrogation… Tandis que la luminosité ambiante se faisait de plus en plus intense, une image lui apparut. Floue et indistincte, la jeune femme put toutefois reconnaître une enfant tenant une femme adulte par la main… Elles paraissaient heureuse elles aussi, autant que Anthemis pouvait l’être à ce moment présent. La jeune femme ne sut dire si c’était là un souvenir, ou bien… Peut-être, était-ce elle et sa fille… La lumière devint alors éblouissante… Tout cela n’avait plus aucune importance… Anthémis était bien… sereine… La lumière cessa alors de croître, et peu à peu elle recula pour laisser place à la délicieuse caresse de l’obscurité qui venait l’envelopper de sa présence rassurante… Elle le savait, elle ne pourrait jamais se sentir plus en paix qu’elle ne l’était actuellement. Un soupir fugace s’échappa de ses lèvres immobiles, et ses yeux se clorent enfin…

Voilà, tout était fini… Elle allait enfin rentrer chez elle… Définitivement… Plus de sentiments conflictuels, plus de doutes ou bien encore de remords inutiles… Plus d’interrogations aussi vain que les peurs qui avaient pu être les sienne… Plus rien que…

Demeurant seule sur le pont couvert, la créature se détourna brièvement de sa fragile proie.. Une effroyable mare de sang maculait les planches de bois, glissant lentement mais sûrement à travers ses différents interstices afin de rejoindre un sol qui se voudrait peut-être nourricier envers les pauvres âmes qui peuplaient la vallée que Anthemis n’avait pas eu l’occasion de découvrir et de connaître. La créature demeurait seule… avec comme unique compagne l’absence du corps de sa victime qui s’était, semblait-il, dissipé dans le néant en laissant comme unique preuve de sa présence, les traces du carnage dont était coutumière la créature…
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MessageSujet: Re: Homesick rain drop   Homesick rain drop EmptyJeu 1 Mai - 19:57

C'était si bon...
Encore, juste quelques petites bouchées, encore tant de sang et de chair tendre. Pas de fuite, le petit animal se laisse aller à la mort, au bien-être du monstre.
C'est si bon...
Il mord, ravage sans la moindre finesse, son poids pesant sur la cage thoracique, défonçant dans un craquement répugnant le buste et enfin retire la patte, emportant avec ses griffe peau sang et chair, peut-être os aussi? Des éclats de côtes ont très certainement suivit. Il plante encore les crocs, rendant inhumain le corps entre la tête et les jambe, détruisant l'enveloppe charnelle jusqu'à la diviser, passant une langue gluante maculée de restes humains sur sa patte, léchant avec avidité ce qui entâche ses griffes puissantes.
C'est... Parfait.
Encore, encore quelques morceaux, une jambe qui se détache pleinement, qui retombe ensuite sur le sol dans un bruit humide, digne de ces films d'horreur sans scénario autre que le mauvais goût. Juste encore, achever le corps, ne laisser qu'une trace de sang qui s'effacera ensuite emportée par la pluie. Ou peut-être ne rien laisser du tout et aller jusqu'à se délecter de ces vestiges de vie salissant le sol. Tellement bon...

Râté!

Quelque chose commence à le gêner. Quelque chose qui n'est pas lui ni l'autre, quelque chose qui n'est pas la vallée. La bête se redresse, son imposante patte toujours en suspension au-dessus du cadavre ravagée de sa proie. Quelque chose plane dans l'air, une impression détestable et inconnue. Les narines refoulent un air chaud, chassant l'eau qui dégoulinait sur le museau, puis aspirent à nouveau tout, air, pluie, sans la moindre gêne.
Quelque chose ne va vraiment pas.
Il repose lentement sa patte à côté du cadavre. Son museau dressé vers le ciel, ses yeux de métal disparaissent une fraction de seconde dans la fourrure d'eau. Il ne craint pas ce qui l'entoure, il ne craint rien dans son inattention. Il est attentif, à cette chose qui semble s'octroyer un pouvoir inadmissible.
Et cette chose alors?
L'esprit n'est qu'instinct, bestial et sauvage, la raison est faible dans cet amas de violence baigné par la vallée. La chose semble s'éloigner, disparaitre. la chose...
Et la proie?
Le regard métallique se baisse, inquisiteur, sur son jouer, son menu, sa propriété...
... Qui a disparu.
Un grognement plus puissant que les autres fait vibrer la pluie et chaque parcelle de bois du pont, se fait entendre jusqu'au village, jusqu'à n'importe quelle habitation. Puis à nouveau le fasciès monstrueux se dresse vers le ciel, mêlant au grognement un hurlement qui va se perdre loin, très très loin sous la pluie.
Un hurlement à glacer le sang, si profond que ce ne sont pas les oreilles mais les corps entiers qui le ressentent.
Son jouet a disparu, la chose l'a emporté loin, très très loin et sans que lui ni sa mère ne lui en ait donné la permission.
La chose...
Elle le lui paiera, de sa vie et de son âme, dès qu'il l'aura retrouvée, dès que son instinct lui aura offert une image plus nette que cette maudite sensation. La bête est blessée, profondément, son égo souffre et le déchire. Il est frustré, horriblement frustré.

Il lui faut quelque chose, en attendant. Une autre proie sur laquelle se faire les dents.
Et la chose...
Il la détruira.


°°The End°°
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