Hollow Dream
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 /!\ Dans le couloir...

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Elhil
Ombre vacillante - fatal uke larmoyant
Elhil


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MessageSujet: /! Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyLun 20 Mar - 9:25

Les cheveux coulaient entre ses doigts avec une fluidité inchangée, autant de fils qui semblaient avoir été tissés à partir de rayons de soleil. Le peigne glissait avec aisance, lissant inutilement cette longue chevelure blonde avec des gestes lents, doux, et comme empreints d'une muette lassitude.

Elhil fixait l'éternelle image que lui renvoyait le miroir ovale de sa chambre. Cela avait toujours été celle d'un jeune aryen, qui ne devait pas avoir plus d'une vingtaine d'années, excessivement efféminé, avec un air mélancolique voilant ses traits comme un masque transparent et intangible, avec une ombre de sourire, fugitive et trompeuse, planant sur ses délicates lèvres, simulant admirablement la sérénité.
Il détestait les miroirs.
L'ancien chanteur déposa avec douceur le peigne sur le guéridon, puis se leva lentement de son siège. Tout en lui, le moindre mouvement, le moindre petit geste paraissait empreint d'une lascive lenteur presque irréelle, qui ne faisait qu'accentuer le côté fantomatique de cette Ombre. Sa svelte silhouette, prisonnière de l'apparence d'un jeune homme à peine sorti de l'adolescence, n'était pas comme on pouvait s'y attendre de sa part revêtue de noir, couleur que semblaient chérir toutes les Ombres, mais de vêtements typiquement indiens, mais surtout, intégralement blanc. Contraste assez frappant avec toutes les habitudes qui imposaient leur désespérante routine sur Hollow Dream.
Mais après tout, le blanc était en orient la couleur du deuil…

Elhil se dirigea de son pas lent et feutré vers le centre de la pièce, puis jeta un vague regard circulaire à cette pièce qu'il n'avait jamais appris à connaître, même après sept années passées entre ses murs. L'ameublement était sobre, principalement en bois sombre et d'aspect vieillot, ce qui n'était pas vraiment pour lui déplaire, mais il la trouvait trop vaste, trop vide, trop froide, tout comme ce grand lit tendu de draps blancs dans lequel il lui était très désagréable de dormir depuis quelques temps. Depuis une semaine, en fait.
Un frémissement délicieux parcourut son échine à cette évocation, apportant en même temps dans son cœur serré un mélange confus de joie, de manque, de peine et d'exaltation.
Ce seul instant passé avec Vincent l'avait longuement hanté et occupait toujours son esprit avec une même intensité.
Mais voilà, depuis une semaine, une terrible semaine, il avait évité le beau Français du mieux qu'il pouvait, fuyant le Manoir pour d'interminables marches dans les bois qui se soldaient par des chasses à l'humain. Vincent avait été formel sur ce point: personne ne devait savoir pour eux, ni même s'en douter. Et Elhil avait peur de ne pouvoir juguler ses sentiments –malgré son indéniable talent d'acteur- s'il se trouvait en présence prolongée de son amant. Que pourrait-il dire? Faire? Il ne pourrait certainement pas le lâcher des yeux, résister à l'envie de l'approcher comme si de rien n'était, juste pour pouvoir le frôler…

L'Indien inclina légèrement la tête, un soupir peiné s'échappant de ses lèvres à peine entrouvertes. Combien de temps ce cruel jeu durerait-il? Jouer les fantômes dans le seul endroit qu'il pouvait considérer comme un "chez soi", n'y rester que pour se cloîtrer dans sa chambre, avant de fuir encore dans cette morne vallée de cauchemar…
A présent, il devait partir. Il irait certainement errer près du cimetière, se dénicher une proie humaine qui devrait subir la frustration de l'ancien chanteur.
Le blond jeta un dernier regard au miroir, qui lui rappelait toujours sournoisement quelle monstruosité il était devenu en se suicidant. Il adressa un sourire triste à son reflet, avant de considérer placidement ses vêtements. Il n'avait ni l'envie ni la conviction nécessaire pour se changer. Tant pis si cela ne lui permettrait certainement pas se fondre dans le paysage grisâtre de Hollow Dream.
Elhil se dirigea vers la porte d'un pas lent, plongé dans ses pensées. Il pouvait partir en se rendant intangible et en traversant les murs, mais…il voulait risquer de croiser Vincent. Juste l'apercevoir, même de loin, et peut-être croiser son regard…
Sa main se posa sur la poignée ouvragée de la porte, alors que son simulacre de sourire paisible frémissait comme s'il souffrait. Il marqua une pause.
Une si petite chance. Un si grand risque.
Il n'avait jamais brillé pour son intelligence ou son sens de la modération, parce qu'il avait gardé, même dans sa mort et sa non-vie d'Ombre, une infime part de naïve puérilité. Il était monstrueusement égoïste, aussi.
Les troubles qui agitaient la vallée ces derniers temps ne permettaient pas à Vincent des passe-temps frivoles. Le Français était leur leader, leur guide, et ce n'était certainement pas lui, la jeune Ombre en manque d'affection, qui pouvait se payer le luxe de le détourner de son devoir.
Son sourire revint, amer, triste, désabusé; en somme parfait.

Il ouvrit la porte de sa chambre lentement, le panneau pivotant de côté dans un sourd grincement, propre aux vieux manoirs occidentaux. Le sombre couloir se déroulait en ligne droite et austère jusqu'à l'escalier, encadré des façades parsemées de portes, toutes closes, d'où aucun bruit ne pouvait indiquer la présence ou l'absence des résidents. Il ne fallait pas en espérer, car après tout, ce n'était qu'un manoir hanté de fantômes…

[.... Evil smile pour chef mamouuuur!]
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyDim 26 Mar - 19:02

Depuis qu'il était arrivé à la tête des Ombres, Vincent avait tenu à établir quelques codes plus ou moins obscurs, en général plutôt bien suivis par les habitants du manoir. L'un d'entre eux établissait le fait qu'il était jugé comme grossier de marcher dans la vieille bâtisse en faisant usage de son pouvoir de lévitation, donc dans le silence le plus total. Le Français avait estimé que lorsqu'on ignorait si quelqu'un approchait ou pas, cela instaurait un climat de défiance du plus mauvais goût. C'était pourquoi il s'attachait à montrer l'exemple, et qu'en cet instant ses semelles frappaient sans douceur les lattes dépolies du vieux plancher. Leur rythme accéléré trahissait le pas vif de leur propriétaire, qu'on l'on devinait aisément d'humeur peu joyeuse.

Et de fait, Vincent traversait le vieux bâtiment d'un air préoccupé. Quelque chose clochait dans cette vallée maudite, quelque chose qui ne lui plaisait pas du tout. Le meneur des Ombres était d'autant plus excédé qu'il ne parvenait pas à cerner l'exacte nature de ce changement. Il revenait justement d'une petite assemblée avec ses deux lieutenants, qui ni l'un ni l'autre n'avaient su lui apporter les précisions qu'il réclamait. Sans compter que lui-même se trouvait d'un manque de perspicacité qui frisait l'abrutissement. Jamais de toute sa non-vie il n'avait été aussi lent à comprendre ceux qui lui adressaient la parole, jamais il n'avait éprouvé cette impression de ne rien saisir des évênements de la vallée. Mais que lui arrivait-il, bon sang?!

Les pas ralentirent, puis finirent par s'arrêter à l'angle d'un couloir, dans l'aile des appartements. Vincent sentit sa frustration se transformer en ironie, et un sourire au cynisme criant vint se graver sur son visage songeur. Rien ne lui servait de se voiler la face, il savait très bien ce qu'il lui arrivait. Ses iris couleur charbon parcoururent un instant le décors du regard. La chambre d'Elhil n'était pas très loin, ce n'était pas innocemment que le Français était passé par là. Qu'espérait-il donc, croiser "par accident" le jeune Indien? Vincent émit un doux rire légèrement désabusé, avant de s'appuyer contre le mur pour s'accorder quelques secondes de réflexion.

Il ne parvenait pas à oublier ces quelques heures passées à l'ombre du grand Arbre, et il n'y parviendrait jamais. D'accord, il avait essayé de se lancer à corps perdu dans ses problèmes de meneur, mais cela s'était carrément avéré contre productif. Le fait était qu'Elhil lui manquait, il lui manquait cruellement, et que rien dans cette fichue vallée ne pourrait changer cela. Vincent en était presque au point d'en vouloir à l'Indien de suivre ses directives pour ne pas éveiller les soupçons. Une semaine qu'ils avaient quitté la clairière des bois de l'Ouest chacun de leur côté, et une semaine que le Français n'avait même pas entrevu son jeune amant. Pour un peu, il serait retombé dans des considérations d'adolescent énamouré du style "finalement je l'ai déçu et il ne veut plus me voir".

Lentement, Vincent reprit son chemin. Il avait envie d'Elhil, de son regard rempli d'adoration, de ses lèvres à la nacre rosée, de sa peau délicatement ambrée, de sa chevelure d'or. Il en avait mal au ventre tellement il désirait ce corps aux lignes angéliques. Mais là où cette séparation devenait vraiment douloureuse, c'était dans la mesure où c'était devenu plus qu'une envie. Vincent avait besoin de son cadet, nuance obscure mais ô combien déterminante entre l'attirance purement charnelle et l'amour. Il voulait à nouveau ressentir cette étrange exaltation, cette grisante sensation d'être essentiel à quelqu'un. Que son désir fût assourdi par l'éloignement de l'Arbre des bois de l'Ouest n'y changeait rien.

Le Français s'engagea dans un autre couloir, qu'il reconnut pour être celui qui passait devant la porte de son amant. Que cherchait-il à se prouver en prenant cet itinéraire? En tout cas, il mit un point d'honneur à ne pas ralentir. Il devait rééquilibrer la balance, trouver le moyen de concilier efficacement ses sentiments pour Elhil et ses préoccupations de chef des Ombres.

Avait-il entendu une porte s'ouvrir pour se refermer presque aussitôt?

Il lui fallait donner rendez-vous au jeune Indien. A l'Arbre, évidemment. Mais pas tout de suite. D'abord il devait approfondir son enquête concernant ces rumeurs d'alliance contre les Ombres, peut-être aller rendre visite à Mary Malone. Ensuite, il...

Vincent ne put s'empêcher de ralentir. Il n'avait pas rêvé, le battant de l'une des chambres venait de s'entrouvrir juste devant lui. Agacé à l'idée que l'un de ses subordonnés pût le distraire alors qu'il était préoccupé par une question importante, il s'arrêta et saisit la porte coupable pour l'écarter vivement, en se tenant dans l'encadrement avec un regard apte à faire reculer le coupable. Animosité qui s'évapora aussi promptement qu'un écran de fumée: Vincent avait réalisé qu'il s'agissait de la chambre d'Elhil à peine une seconde avant de comprendre que le maître des lieux était chez lui...
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyDim 26 Mar - 20:07

Il était presque inutile de préciser que cette brusque entrée dans sa chambre surpris Elhil. Sa lenteur gestuelle était depuis de longues années ancrée dans ses habitudes, et pour lui il n'y avait aucune étrangeté dans le fait de prendre une minutes entière à faire quelque chose que ne nécessitait qu'une poignée de secondes.
Il ne comprit pas immédiatement ce qu'il se passait lorsque le battant de sa porte s'ouvrit vivement. Sa main lâcha par réflexe la poignée, et il recula de deux pas. Puis la toute petite question, "qui?", s'imposa dans son esprit, le forçant à lever les yeux vers l'importun qui s'était permis de pénétrer dans son antre aussi soudainement.
Si cela avait été une Ombre parmi tant d'autre, il aurait exactement su quoi faire: abaisser de nouveau son regard, esquisser un parfait sourire simulant la sérénité et lui demander calmement ce qu'elle désirait.
Ou alors, plus improbable mais pas irréalisable, un quelconque ennemi, Humain ou Chimère venu attaquer le Manoir. Là, il se serrait dissiper comme une brume légère sans plus de détails.
Mais lui
Tout ce qu'il trouva le moyen de faire pour imager sa réaction resta cantonné aux seuls traits de son visage. Ses yeux pers s'écarquillèrent de surprise, ses lèvres s'entrouvrirent pour ne moduler muettement un mot qu'on aurait difficilement put identifier.
Son beau masque si soigneusement ciselée s'était fendu aussi vite que l'expression irritée de son vis-à-vis s'était envolée.
Un silence s'abattit soudainement sur cette entrée de chambre béante. Pouvait-on se risquer à y percevoir un sentiment commun d'étonnement et d'embarras?
Au bout de la troisième tentative, on put enfin lire plus ou moins clairement sur les lèvres désespérément silencieuses du jeune Indien le prénom de son visiteur.

Vincent.

Mais quel dieu avait bien pu répondre à ses prières velléitaires pour qu'il puisse enfin contempler le visage tant aimé du Français, sentir sa présence proche qui semblait l'attirer comme un aimant, peut-être même ouïr son souffle…
Ou alors, sa douleur était telle qu'il commençait à rêver éveiller, s'il pouvait se permettre une telle formule à Hollow Dream.
Pourquoi…? Pourquoi était-il présent…là, devant lui? Tout comme lui, n'avait-il pas su résister plus longtemps à l'envie de croiser l'être aimé? Que pouvaient lui apprendre ses si beaux yeux anthracites sur ses intentions, ses pensées actuelles?
Ses yeux demeuraient fixés sur lui, longuement, si bien qu'il aurait pu rester indéfiniment ainsi à le contempler et embrasser du regard ce visage bien-aimé. Il n'osait même pas battre des paupières, tant il craignait de le voir s'évaporer comme le ferait le mirage d'une source claire devant un assoiffé perdu dans le désert.
Son plaisir de le revoir étreignit sa poitrine d'une façon presque douloureuse. Et s'il s'en allait, dès à présent? Oh non, il ne le supporterait pas…au pire il en deviendrait fou, au mieux il se mettrait à pleurer comme une enfant.

"Vin…Vincent…"

Sa voix à peine plus élevée qu'un murmure d'agonie laissait transparaître tant d'émotions variées qu'on aurait pu douter qu'elle appartînt à une Ombre censément dénuée de sentiments pareils. Après s'être comme arrêté pendant une durée indéterminable, son cœur s'était mis à battre la chamade, si fort que son tempo infernal faisait vibrer tout son être.
L'Aryen fut parcourut d'un frémissement, et se souvenant si cruel ordre qu'il s'était imposé, il reprit un semblant de contenance –au prix d'innommables efforts- et afficha un trop frêle sourire paisible.
Il esquissa un pas de côté, et parvint à murmurer faiblement:

"Entre, si tu veux…"

Cela pouvait passer pour normal. Le Chef des Ombres qui vient parler à un subordonné quelconque pour X raison. C'était parfaitement normal. Du moins, il s'accrochait désespérément à cette vague certitude…
Il jeta un rapide coup d'œil circulaire à sa chambre. Il lui aurait été impossible, même avec toute la volonté du monde, d'y mettre du désordre. Pourtant il eut soudainement la stupide mais mordante conviction que cette pièce qui était la sienne depuis sept années n'était pas digne de la présence de son aîné. Faisait-il bien de l'inviter à entrer? Mais il avait envie plus que tout de se retrouver seul avec Vincent, même si ce n'était que pour le frôler, toucher ses mains…
Ce n'était pas une bonne idée, mais elle était cruellement tentante…
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyDim 26 Mar - 21:21

L'avantage pour Vincent d'être pratiquement muet, c'était qu'il était difficile de déterminer les instants où il restait silencieux à cause d'un malaise. Cependant, il aurait fallu être très remarquablement abruti pour ne pas voir à quel point l'indécision se lisait sur ses traits marmoréens. A la vue d'Elhil, son cerveau semblait s'être bloqué comme le plus banal des ordinateurs. Ses synapses refusaient de prendre autre chose en compte que cette divine silhouette drapée de blanc, auréolée de lumière grise par la fenêtre qui faisait face à la porte. Et ces yeux pers qui auraient pu conduire Vincent à se damner pour l'éternité si cela n'était pas déjà fait...

Ce fut son prénom qui réanima le Français, son prénom soufflé par la voix à la fois suave et indécise du jeune Indien. La manière qu'avait son cadet de prononcer ces deux syllabes évoquait à Vincent bien plus que le mot qui le désignait en temps normal. Ce n'était plus un simple nom, c'était... c'était une dénomination plus érogène pour l'ancien interne que tous les surnoms tendres qu'Elhil aurait pu lui trouver. Ce son provoqua une rupture dans l'esprit du Français, qui se retrouva soudain submergé par un flot d'émotions dangereusement enivrantes. Si une miraculeusement impulsion n'avait pas forcé ses doigts à rester contractés sur le bois de la porte...

Ne pas tout gâcher, pas aussi soudainement, pas aussi bêtement. Faute d'être capable de détacher son regard d'Elhil, il tendit l'oreille pour essayer de déterminer avec exactitude qui se trouvait à proximité. Des pleurs lui parvinrent alors d'une chambre à l'autre bout du couloir. Ils n'étaient pas seuls dans la vieille bâtisse, et le silence le plus complet s'imposait. Vincent hocha la tête d'un air mécanique, en entrant tant bien que mal dans le maladroit jeu d'Elhil: il était le chef des Ombres, et il venait simplement transmettre ses ordres à un subordonné un peu trop distrait ces derniers temps. Avec une lenteur qui le stupéfia lui-même, il entra dans la chambre sans laisser transparaître la moindre émotion sur son visage pâle. Seuls ses yeux brûlaient, véritables braises impossibles à domestiquer.

Encore une fois ce fut un son qui débloqua le Français. Celui de la porte qui se referme, du pêne qui se verrouille. Vincent avait tourné la clé dans la serrure sans même en avoir conscience. Un peu superficiel dans un manoir où tout un chacun pouvait passer à travers les portes, mais ce bruit n'en était pas moins hautement évocateur: à défaut d'être hors de portée de l'ouïe des autres Ombres, on ne pouvait plus les voir.

Alors, malgré le superbe exemple de résistance qu'Elhil lui opposait, toutes les belles résolutions de Vincent cédèrent comme un barrage mal construit. Le Français bougea à une telle vitesse que ses mouvements en furent indécelables à l'oeil humain. Ses bras se refermèrent autour du corps du jeune Indien, l'un autour de la taille, la main de l'autre soutenant la nuque, si vivement que pour un peu il aurait fait preuve de brutalité. Et de la violence, il y en avait dans l'avidité avec laquelle Vincent captura de sa bouche les lèvres pâles de son cadet. Il avait conscience qu'il risquait de faire mal à Elhil, mais il n'en pouvait tout simplement plus, et il comptait de toutes ses forces sur un désir réciproque qui permettrait à l'Indien de lui pardonner son impatience.

Comme par enchantement, son corps froid sembla se réveiller d'un seul coup, et la chaleur afflua vers ses mains, son ventre, sa langue qui retrouvait avec une indescriptible jouissance le goût de son jeune amant. Qu'il avait été stupide de se priver d'un tel délice durant une semaine... Non, décidément l'abstinence complète n'était pas la solution. Mais il réfléchirait à tout cela plus tard. Il avait plus important à faire dans l'instant.

Les bras du Français restèrent noués autour de l'Indien comme s'il redoutait plus que tout de le voir s'éloigner à nouveau. Vincent maintint leur baiser jusqu'à sentir Elhil à bout de souffle, et encore ce fut à regret qu'il relâcha son emprise sur les lèvres de la jeune Ombre. Ses paupières s'ouvrirent pour dévoiler ses yeux noirs, aussi étincelants d'amour que désolés pour cette faiblesse honteusement désirée. Finalement ce n'était pas le plus jeune des deux qui avait cédé le premier. Pour la première fois depuis une semaine, Vincent se laissa aller à sourire avec sincérité. Il avait noté la position du lit dans un coin de son esprit, mais il avait finalement repoussé cette idée avec le peu de maîtrise de soi qu'il lui restait: à lui de se maîtriser un peu et de ne pas aller vraiment trop loin. C'était la vie d'Elhil qui était en jeu, et c'était cette seule pensée qui empêchait le Français de sombrer dans ses envies les plus primaires - tâche d'autant plus ardue qu'il savait pertinemment qu'Elhil aurait été d'accord.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyLun 27 Mar - 18:59

Un soupir s'échappa d'entre les lèvres rosées. Oh oui, il était incroyablement soulagé que Vincent ait accepté son invitation. Il aurait pu refuser, s'en aller pour honorer ses devoirs de Chef des Ombres, qui nécessitaient davantage son attention depuis déjà quelques temps…Il aurait peut-être trouvé la force de comprendre son geste, de ravaler sa douloureuse envie de le sentir contre lui -ou plus encore-, pour le bien des Ombres…pour leur bien à eux deux…
Non.
Définitivement non. Il aurait été bien incapable de comprendre, de se maîtriser…et il ne bénirait jamais assez ce petit instant où Vincent avait amorcé un pas dans sa direction, et non pas vers la sortie…
Et il le voyait là, dans sa chambre, refermant la porte derrière lui en prenant soin de la verrouiller –détail qui le fit bizarrement bondir son cœur dans sa poitrine. Il était là…oh, il ne se lasserait sans doute jamais de contempler cet homme qu'il aimait tant. Surtout ces yeux pareils à deux soleils noirs, si lumineux, si doux…

En l'espace d'un battement d'un cil, Vincent avait disparu de son emplacement initial pour se retrouver tout contre lui. Le jeune Indien sentit ses bras l'enlacer vivement, presque rudement. Ses lèvres furent presque aussitôt happées par un baiser ardent en rien contenu de son amant. Le gémissement qui naquit dans sa gorge était bien loin d'exprimer l'infime douleur de cette étreinte soudaine, mais bien ce mélange étourdissant de soulagement, d'impatience comblée et de plaisir. Il avait espéré chaque seconde de cette pénible semaine un pareil présent de son bien-aimé; et il était si heureux de pouvoir goûter à nouveau à ses lèvres exquises qu'il sentait toute tension s'évanouir, au point de se laisser aller lascivement entre les bras fermes de son aîné.

Si cela avait été possible en ce monde étrange, il aurait arrêté le temps autour d'eux. Que rien ni personne ne l'empêche d'aimer, d'embrasser, d'étreinte Vincent quand bon lui semblait. Il se doutait bien que ce n'était qu'un adolescent énamouré qui pensait ainsi, et non pas l'Ombre si hypocritement douce et si défaitiste qu'il restait malgré tout. Une part de lui, adroitement étouffée sous ces vagues grisantes de plaisir qui le submergeaient depuis que son amant l'avait pris dans ses bras, devinait que cela ne pourrait que finir mal. Avait-on jamais entendu parler de la naissance d'un couple heureux dans cette vallée maudite…?

Elhil, le souffle tari, sentit les lèvres de l'ancien interne se desceller des siennes. Ses yeux pers rencontrèrent ceux paradoxalement si sombre et si brillants de Vincent. Et si la simple vision de son visage ne lui arrachait pas tout l'amour que pouvait fournir son cœur, celle de ce si merveilleux sourire eut l'effet d'une lame fendant les mailles d'un filet: des larmes jaillirent soudainement de ses yeux, mais ce n'étaient pas les douloureuses larmes d'une peine qui lui était si familières, mais celles chaudes d'un amour incommensurable qu'une éternité ne suffirait pas à exprimer pleinement. Elles se mirent à couler sans un bruit, ces jolies et furtives étoiles filantes, sous lesquelles son vœu serait toujours le même…"Ne plus jamais être séparé de lui, plus jamais."

Le jeune Indien plissa ses lèvres rosies par leur fervent baiser, puis noua ses bras autour du cou de Vincent pour enfouir soudainement son visage au creux de son cou, le tout dans un gémissement proche d'un sanglot à la fois triste et heureux.
Serrant autant que possible le chef des Ombres contre lui, il ferma les yeux, et frottant délicatement sa joue humide contre cette gorge blanche bien trop couverte à son goût, il murmura d'une voix profonde et frémissante, articulée avec son indéfectible accent hindi:

"Vincent…"

Que rajouter? Il avait envie de dire que cette semaine avait été insupportable, que c'était dur, bien trop dur de passer des journées et des nuits entières sans lui, qu'il ne pouvait plus, qu'il le voulait, le désirait à un point tel que la pudeur l'empêchait de le décrire précisément. Mais ne savait-il pas déjà tout cela…? N'éprouvait-il pas la même chose, pour être venu si brusquement lui arracher un baiser?
Un nouveau gémissement digne d'un petit chiot monta de sa gorge, alors qu'il glissait une main dans les cheveux fluides et si doux au toucher.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyMar 28 Mar - 14:00

Etonnant reflux de sensations. Le barrage avait cédé, et la gigantesque vague de désir qui avait fait tourner la tête du Français trouvait un débit plus ordinaire, celui d'une rivière inconstante se frayant un chemin dans les terres desséchées d'un esprit trop longtemps vide de toute émotion positive. Vincent se sentait bien ainsi, ni frustré, ni trop avide. Cette semaine désespérément longue avait rattrapé son retard en l'espace d'un unique baiser, et à présent le temps retrouvait un rythme plus acceptable, voire même un peu trop rapide.

Elhil pleurait, mais Vincent n'était pas assez idiot pour s'en alarmer. Il lui suffisait de sentir la ferveur avec laquelle le jeune Indien l'enlaçait ou enfouissait son visage dans le creux de son cou pour deviner que ces sanglots ne ressemblaient en rien aux habituelles lamentations des Ombres. Ces pleurs-là attiraient la tendresse et l'indulgence, non la pitié. Sans se départir de son sourire, l'Ombre laissa donc son cadet verser toutes les larmes qu'il lui fallait, en se contentant de caresser ses cheveux blonds et son dos avec des gestes qui lui étaient déjà familiers.


"Je sais mon ange, je sais..."

Les doigts d'Elhil parcouraient sa nuque et sa tignasse aile de corbeau avec une douceur plus éthérée que dans ses plus beaux fantasmes, et Vincent ne put s'empêcher de fermer les yeux pour savourer ce délice. Ses lèvres allèrent chercher la tempe de la jeune Ombre, puis sa bouche, d'une manière infiniemment plus tendre et douce que précédemment. Tandis que sa langue retrouvait son vis-à-vis, le Français relâcha sa prise sur le corps de la jeune Ombre pour en encadrer le visage de ses mains pâles et en sécher les larmes d'un geste du pouce. Le contact entre ses paumes et cette peau d'une douceur surréaliste lui tirait de petits frissons de plaisir, qui lui donnaient la troublante sensation d'être soudain très à l'étroit dans ses vêtements. Dieu que ce bel aryen était désirable...

Les peu recommandables considérations de Vincent se ressentirent dans son baiser, qui s'accentua de manière provocatrice tandis qu'il s'appliquait à confondre ses hanches et celles d'Elhil. L'idée qu'ils pouvaient coucher ensemble au manoir traversa l'esprit du Français, teintée d'une auréole de danger qui lui parut sur le coup diablement excitante. Et qui sait quelle tournure auraient pu prendre les retrouvailles des deux amants si des pleurs soudain plus intenses ne leur étaient pas parvenus à travers quelques maigres parois de bois...

A regret, Vincent s'éloigna légèrement d'Elhil, sans pour autant ôter ses mains de ses joues. Les yeux d'obélisque sourirent un instant aux iris bleu-verts, puis ils passèrent d'un air rêveur sur les volutes d'or de la longue chevelure de l'Indien, glissèrent sur ce corps finement drapé de blanc. Vêtu de la sorte, l'ancien chanteur était pratiquement le négatif de son aîné. Un petit angelot évanescent face à un sombre démon. Mais comme Vincent avait eu l'occasion de le noter dans la clairière, il était un peu hâtif de cataloguer Elhil dans la catégorie des doux innocents...

Un sourire espiègle éclaira rétrospectivement le visage du Français. Il aurait aimé dire quelque chose, l'une de ces banalités amoureuses qui n'ont de valeur que pour celui qui les dit et celui qui les reçoit. Il voulait dire au jeune Indien à quel point il lui avait manqué, combien il était beau habillé de la sorte. Beau et désirable. Vincent chassa d'un signe de tête ces douceureux compliments: quitte à parler, autant le faire pour quelque chose qui en valait la peine.


"Tu n'imagines pas à quel point je suis heureux de t'avoir trouvé, Elhil. Je m'excuse de t'avoir imposé cette conduite stupide depuis une semaine, je le savais pourtant que je ne pourrais pas me passer de toi. Je voulais juste éviter de te mettre en danger."

Il attira à nouveau le jeune Indien dans ses bras, incapable de se lasser de ce corps chaud lascivement lové contre le sien. Lorsqu'il reprit, sa voix contenait des accents taquins qui la rendait presque humaine.

"J'espère que tu as une meilleure idée... sinon il va falloir se contenter de la mienne..."
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyMar 28 Mar - 19:57

["il était un peu hâtif de cataloguer Elhil dans la catégorie des doux innocents" oh ça va v__v comme si ça lui avait pas fait plaisir, au tit Vincent!]

Elhil se laissait bercer par Vincent en calmant peu à peu ses pleurs, ses yeux languissant sous ses paupières comme s'il était sur le point de s'endormir entre les bras de son amant, comme n'importe quel enfant aurait retrouvé le sommeil dans le giron d'un parent. D'ailleurs il n'avait jamais pu profiter de ce genre de contact de son vivant. S'il sa mémoire ne lui faisait pas défaut, sa mère ne l'avait pris dans ses bras…
Mais qu'importait, il ne se sentait bien qu'auprès de Vincent à cet instant précis, et pour rien au monde il n'aurait cédé sa place ou remplacé son bien-aimé par un quelconque fantôme de son ancienne vie.

Le nouveau baiser que lui offrit le Français était infiniment plus doux que le premier, moins hâté mais porteur d'une affection inchangée. Elhil se laissa enivrer par les caresses des mains de l'anesthésiste sur son visage, savourant ces lèvres qui lui avaient tant manqué…
Il aimait tant ce petit mot par lequel Vincent le désignait. "Ange". Mieux, il était son ange. Et il avait parfaitement raison…Elhil appartenait à Vincent, il n'était rien qu'à lui…
Elhil gémit sourdement sous la nouvelle insistance du baiser. Le frôlement ostentatoire des hanches du chef des Ombres contre les siennes anima un titillant brasier dans son bas-ventre, dont les langues chaudes se propagèrent dans tout son corps, drainant une exaltation sensible dans ses veines comme une drogue qui ne pouvait conduire qu'à une totale dépendance…
Allait-il soutenir une telle excitation longtemps, canaliser encore longtemps son envie grimpante de défaire des haïssables vêtements qui eux avaient l'incommensurable chance d'être en contact quasi permanent avec la peau si douce, si blanche de son amant? Oh non. Après tout, le lit n'était pas aussi romantique d'un tapis d'herbe piqué de fleurs, mais il avait le mérite d'être plus confortable…

Ce désir culminant de rattraper le temps perdu fut aussitôt mis en sourdine par les nouvelles paroles de Vincent. "te mettre en danger"…le jeune Indien se permit une moue furtive en inclinant légèrement ses paupières. Quoiqu'en pense son aîné, il n'était pas totalement en sucre, et s'il n'avait pas encore été tué après sept années d'errance à Hollow Dream, ce n'était pas seulement en jouant de sa chance. Mais il était tout aussi conscient du fait qu'en se faisant aimer de Vincent, il devenait une de ses rares faiblesses, et particulièrement en ces temps troubles, le chef des Ombres devait faire la preuve de sa réputation d'intouchable. Oui, il devait un poids difficile à supporter, mais son impitoyable égoïsme d'amoureux balaya vite ces pensées de son esprit pour qu'il se concentre uniquement sur la présence de son amant près de lui, se gorgeant de son parfum indéfinissable qu'il souhaitait faire sien et écoutant d'une oreille à la fois attentive et rêveuse la dernière remarque de Vincent, dont les sonorités malicieuses sonnèrent comme un agréable tintement de grelots dans une brise printanière.

Malheureusement, aucune idée qui ne soit trop farfelue ou réalisable ne lui traversa l'esprit immédiatement. Etablir des rendez-vous ponctuels sous l'Arbre, là où personne n'aurait l'idée des déranger…? Tenter de s'isoler de temps à autres dans un recoin désert du Manoir…?
Elhil soupira doucement, et se lova un peu plus contre son amant, comme pour s'accaparer cette douce aura chaude qu'il dégageait et dans laquelle il se sentait si bien. Juste s'étendre sur le lit, et le savoir contre lui…cette simple idée de présence, d'attention parvenait à amadouer ses plus fervents désirs charnels, les réduisant à de candides envies de tendresse. Mais cela n'allait-il pas les conduire là où il ne devait pas aller en un tel lieu? C'était si tentant…et après une semaine entière sans même voir son amant, il lui serait difficile, voire impossible de se séparer de lui ne serait-ce que de quelques mètres.
Cependant, il savait bien qu'ils ne pourraient pas rester indéfiniment plantés au milieu de la chambre, étroitement enlacés…aussi se décala-t-il très légèrement, de façon à pouvoir une énième fois contempler le beau visage de Vincent qui lui apparaissait plus coloré, plus désirable encore lorsqu'il était illuminé de ce magnifique sourire si humain, et paré de l'éclat indéfinissable de ses yeux sombres.
Il lui adressa un sourire tendre et sincère, et après avoir encore caressé sa nuque du bout de ses ongles de nacre, il fit d'une voix suave et basse en désignant d'un vague geste de poignet la chaise sur la laquelle il était assis quelques minutes auparavant:

"Assied-toi, si tu veux…"

A part le lit, et cette fameuse chaise face au bureau (où ne gisaient que quelques objets sans importance, comme son peigne, un vieux livre subtilisé il y a bien longtemps à la bibliothèque et quelques feuilles de papier vierges) il n'y avait guère d'autre endroit pour s'asseoir, et d'ailleurs il n'était pas très courant pour une chambre d'Ombre de devoir accueillir un invité au séjour plus ou moins prolongé…
Elhil esquissa un léger sourire en pensant qu'en dernier recours, il pourrait toujours s'asseoir sur les genoux de Vincent. Ce n'était d'ailleurs pas une idée très déplaisante, loin de là…
L'Aryen se décala un peu plus de son aîné, et ressentit une étrange sensation de froid et de vide tout le long de son torse lorsqu'il ne fut plus en contact avec celui de son amant. Pour se consoler, il lui déroba à son tour un court baiser, prenant plaisir à laisser sa langue humecter les lèvres du Français avant de les happer des siennes avec une avidité tout juste jugulée.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyMer 29 Mar - 14:27

[Tu interprêtes mes écrits comme tu veux... Angel Et puis excuse-moi, mais par rapport à "il lui appartenait"... Rolling Eyes ]


L'invitation d'Elhil fit passer une indécelable étincelle dans le regard de Vincent, qui observa la chaise d'un air critique. Aurait-elle été en fer et hérissée de pics qu'elle ne lui aurait pas paru plus inconfortable et rébarbative... alors que le lit lui paraissait un véritable écrin de douceur qui n'attendait que de voir quelqu'un froisser ses draps blancs. Et les doigts fins que le Français sentait sur sa nuque n'étaient pas pour améliorer sa vision des choses; le jeune Indien n'avait pas mis longtemps à découvrir à quel point son aîné raffolait de ces caresses à la base des cheveux. Vincent s'apprêtait à lui en faire la remarque lorsque la jeune Ombre se décida à se soustraire au contact du torse enveloppé de tissu noir. Séparation toute relative, mais qui apposa une attendrissante moue dépitée sur le visage du bel aryen.

Fut-ce le sourire affectueux qui fleurit sur les lèvres de Vincent, ou une subite taquinerie supplémentaire? Toujours est-il qu'Elhil sembla se raviser en partie, et que ses lèvres retournèrent brièvement chercher celles de son aîné. Ce dernier lui répondit avec délice, non sans laisser échapper un infime gémissement quand son jeune amant vint taquiner sa bouche d'un furtif coup de langue avant de l'embrasser de manière plus conventionnelle. Ces petites taquineries chères à Elhil avaient un effet foudroyant sur le Français, qui s'était rapidement découvert totalement désarmé face à ces aguichantes suggestions. Jamais il n'avait ressenti pareil goût pour la frustration, et son bas-ventre incendié le lui confirmait. Non, décidément rester séparés trop longtemps l'un de l'autre ne leur profiterait en rien: s'ils continuaient de la sorte, ils ne parviendraient jamais à réguler leur attirance réciproque pendant leurs rencontres, et Vincent aurait bien aimé faire autre chose avec Elhil que passer son temps au lit. Quoique.

Ainsi, lorsque son cadet consentit enfin à détacher durablement sa bouche de la sienne, le Français se détourna des draps blancs et esquissa un geste vers la chaise... avant de s'interrompre à nouveau. Il ne voyait pas Elhil rester debout, et il l'inviterait forcément à venir s'asseoir sur ses genoux. Or Vincent sentait sa température corporelle monter à la simple idée de voir le jeune Indien assis à califourchon sur son bassin, de sentir ses longs bras ambrés noués autour de son cou, de subir la terrible proximité de sa gorge offerte... Le meneur des Ombres se ravisa et prit finalement la direction du lit, non sans asséner un autre sourire joueur à son jeune amant. Le Français ôta nonchalamment son manteau pour le jeter en travers de la table de nuit, avant de s'installer avec une élégance consommée, à moitié allongé contre la tête gauche du lit. Ses bras drapés de blanc passèrent derrière sa tête tandis que d'un signe de tête il invitait Elhil à le rejoindre.


"Allez, viens mon ange, je ne te mangerai que si tu me le demandes."

Ses iris noirs prirent une lueur plus tendre tandis qu'il ajoutait:

"Je veux juste passer un peu de temps avec toi... dans la limite du raisonnable. Si tu y mets un peu du tien, ça se passera très bien."

L'éclat de ses prunelles explicitait les sous-entendus de sa phrase. Il ne remettait nullement en question l'envie qu'il avait du jeune Indien - il le désirait follement et celui-ci le savait très bien. Il cherchait simplement à se prouver qu'il pouvait rester "raisonnable" et se satisfaire des caresses protectrices qu'il adorait tellement dispenser. Mais si Elhil faisait mine de l'entraîner sur une pente plus dangereuse, il craignait très fortement que sa résistance ne dure guère plus qu'une demi-seconde.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyMer 29 Mar - 17:21

Le jeune Indien battit des cils plusieurs fois, surpris de constater le soudain volte-face de Vincent qui se dirigeait maintenant d'une démarche tranquille vers le lit, non sans lui adresser en même temps un sourire déconcertant.
Elhil regarda sans un mot son amant ôter sa veste et s'installer sur le lit. Son lit. Et ce petit détail s'enrichissait soudainement de nombreuses autres connotations que celles qu'il lui attribuait d'ordinaire. Namandabu…

Le blond sentit ses joues rosir sensiblement en voyant quelques petites images peu recommandables se balader dans son esprit aussi innocemment qu'une meute de loups près d'une bergerie. Pourquoi Vincent avait-il préféré le lit? Oh ce n'était certainement pas lui qui allait lui reprocher ce choix, mais tout de même…ils seraient peut-être tentés. Non, ils seraient tentés, forcément.
Rien que de voir Vincent dans cette élégante chemise d'un blanc lilial, et à moitié étendu sur les draps tout aussi blanc d'un lit qui lui était familier, donnait naissance à de délicieux frissons au creux de ses reins qui se propageait sournoisement dans la ligne de son dos.

Il fut tiré de ses pensées pour le moins salaces par la voix caressante de Vincent. Ses yeux pers, jusqu'alors perdus dans le vague, cillèrent légèrement pour s'ancrer sur le visage du Français, dont les yeux noirs brillaient d'une lueur d'infinie tendresse qui enveloppa son cœur d'un doux manteau de coton.
S'extirpant de son immobilité statuaire, la jeune Ombre s'approcha d'un pas particulièrement lent du lit, en profitant pour soupeser les paroles de son aîné. "Limite du raisonnable"…"ça se passera très bien", soit, que cela se passe bien, mais pour qui? Et dans quel sens?
Et pourtant il avait l'impression de déjà savoir les réponses à ses questions qui s'enchaînaient dans son esprit de plus en plus lentement. Après tout, rester auprès de Vincent était déjà la plus belle des récompenses après une semaine si pénible passée à fuir la seule personne qu'il souhaitait voir par-dessus tout…

Un léger grincement. Elhil posa un genou sur le matelas, avant de se placer momentanément au-dessus de Vincent, ses mains appuyée de part et d'autre du torse de son amant. Il déposa un baiser presque éthéré sur son front, avant de le coller contre le sien pour plonger son regard dans celui du Français.

"Que voudrais-tu faire, alors?"

La question était innocente, bien sûr. Passer le temps…ils pouvaient tout à fait rester l'un contre l'autre pendant un temps indéterminé –l'éternité?- mais aussi parler…dans la mesure du possible si on considérait que Vincent n'était pas particulièrement bavard et qu'il ne savait pas de quoi ils pourraient bien discuter.
Elhil poussa un léger soupir, sourit doucement avant de se couler contre le flanc gauche du Français. Il cala sa joue au creux de l'épaule de Vincent, laissant sa main se promener sur son torse sur un périmètre plutôt limité. Son cœur flottait paisiblement sur un petit nuage cotonneux loin, très loin au-dessus d'Hollow Dream.
Après tout, rester ainsi dans le silence était aussi une idée plaisante…être avec lui était la seul chose qui comptait vraiment.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyVen 31 Mar - 23:12

Vincent ne put retenir un léger rire à l'innocente question d'Elhil. Ce qu'il voulait faire? Oh, le Français savait très très bien ce qu'il voulait, et il avait toute la difficulté du monde à repousser cette envie derrière ce qu'il devait faire. Ou plutôt ce qu'il ne devait pas faire. L'Ombre se contenta donc de hausser les épaules, et l'une de ses mains quitta l'arrière de sa tête pour passer sur ce visage nacré si proche qu'il en sentait le souffle sur ses lèvres. Vincent resta imperturbable lorsque son jeune amant se glissa contre son flanc, exactement comme il l'avait fait dans la clairière une fois leurs ébats terminés. La seule différence étant que cette fois-ci leurs peaux étaient séparées par une fort agaçante double barrière de tissu.

Las de se battre contre ces pensées doucereuses, Vincent se laissa aller à rêvasser, perdu dans la contemplation des poutres grisâtres du plafond. Il se félicita d'avoir finalement opté pour le lit: il était bien mieux ainsi, allongé sur un confortable matelas, Elhil étroitement lové contre lui, une main derrière la nuque, l'autre perdue comme d'habitude dans la tignasse dorée de son jeune amant. Et puis, il ne pouvait nier le pouvoir terriblement apaisant de la main que ce dernier promenait sur son torse, même si c'était par-dessus son gilet et sa chemise. Pour un peu il en aurait dormi, et d'un sommeil sans doute très paisible - un comble pour une Ombre. Mais non, il aurait trop eu la sensation de perdre son temps.

Incroyable relativité de l'esprit. L'instant d'avant, Vincent était si préoccupé, tant de choses se liguaient contre son assurance naturelle et son autorité... et voilà que soudainement, tous ces problèmes lui semblaient dérisoires en comparaison de ce corps chaud allongé contre le sien. Le Français inclina la tête pour observer son cadet, avant de ramener sa main libre à lui pour caresser avec dévotion le visage efféminé du jeune Indien. Après tout, pourquoi se privaient-ils de ce qu'ils désiraient tant tous les deux? Ce ne serait qu'une exception, une unique petite prise de risque qui comblerait ce stupide manque qu'ils avait eux-mêmes créé. S'ils se voyaient régulièrement par la suite, il était évident qu'il leur serait plus aisé de dominer leurs désirs, non? Et puis ils seraient tellement mieux disposés pour discuter après l'avoir fait...

Vincent changea légèrement de position, et sa main droite se coula le long du flanc exposé d'Elhil, en froissant la chemise blanche comme pour se retenir et ne pas se glisser en-dessous, à la recherche de la peau ambrée tant convoitée. Plus le Français s'efforçait de nier son raisonnement, et plus sa nature impulsive prenait le dessus et lui opposait d'arguments. Une fois, rien qu'une fois au manoir. Sans bruit, sans cris. Rien que lui et son ange. Si un indélicat commettait l'erreur de ne pas tenir compte de la porte fermée et de passer à travers le battant, Vincent le tuerait sans sourciller. Il en était tout à fait capable, d'autant plus si c'était pour protéger Elhil. Oh oui, finalement c'était une solution plus que tentante.

Le Français sourit pour lui-même: il se reconnaissait enfin. Il était Vincent, chef des Ombres, seul habitant "volontaire" de Hollow Dream. Il ne s'était jamais rien refusé, pourquoi commencer par ce qu'il désirait justment plus ardemment que toute autre chose? Sans oublier que c'était une action positive, puisque le jeune Indien était plus que d'accord... L'idée de combler son jeune amant raviva la chaleur qui commençait à s'estomper dans son bas-ventre, et Vincent sentit un délicieux frisson d'excitation remonter le long de sa colonne vertébrale. S'il n'avait pas déjà changé d'avis, il était en train d'y songer très sérieusement. Pauvre Elhil, il allait croire que son aîné se moquait de lui... Le Français déposa un léger baiser sur la chevelure blonde, avant de murmurer:


"Tu es encore moins bavard que moi. C'est dommage, tu as une très jolie voix - et je suis certain que tu le sais. Allez, ôte-moi ce sourire condescendant de ton visage: j'ai quelque chose pour toi."

Ce qui était tout aussi opportuniste que véridique: Vincent avait l'intention depuis quelques jours de faire ce cadeau à Elhil, il n'avait simplement pas trouvé la bonne occasion pour le faire. Il bougea juste assez pour atteindre sa veste et tâtonner à l'intérieur des poches. Un infime trouble passa sur ses traits fins lorsque ses doigts rencontrèrent le pendentif cassé qu'il gardait toujours sur lui. Le pendentif d'Emilie. Puis le malaise passa, aussi vite qu'il était apparu. Oui, il avait sans doute aimé la jeune femme. Mais elle était morte, et le Vincent qui en était tombé amoureux avait lui aussi disparu. Simple souvenir, affaire classée. Maintenant seul Elhil comptait.

Le sourire du Français refit son apparition, et il finit enfin par trouver ce qu'il cherchait: une petite montre à gousset, visiblement en or. Le dos du cadran comportait une lettre si magnifiquement ouvragée qu'elle en était pratiquement illisible, et ce n'était qu'avec effort qu'on n'identifiait un E. A l'époque où Vincent l'avait ramassée sur le cadavre d'un riche bourgeois franchement arrivé (et fraîchement vidé de sa substance), la montre portait à ses yeux l'initiale d'Emilie. A présent, il n'y voyait plus que le E d'Elhil. Il se rallongea dans sa position initiale, en approchant le bel objet du visage de son amant. Le cadran pivotait de droite à gauche au bout de la chaînette entremêlée dans les doigts du Français, et son dos lustré renvoyait tour à tour l'image de Vincent et celle de la jeune Ombre qu'il serrait contre lui.


"Je dois l'avoir depuis une bonne quinzaine d'années à présent, et je n'ai jamais eu à la remonter. Si elle te plaît, elle est pour toi."
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyMer 5 Avr - 15:56

Elhil n'obtint pas immédiatement de réponse de la part de Vincent, si ce n'était un léger rire qu'il ne parvint pas à s'expliquer clairement. Demeurant ainsi contre lui et soumis à ses caresses tendres, il n'était pressé de rien en particulier; aussi se contenta-t-il de fermer à demi ses yeux pers et de se laisser paisiblement bercer par cette atmosphère soudainement tiède et duvetée qui paraissait souffler au creux de son oreille une berceuse silencieuse mais pourtant bien intelligible.
Il était évident qu'il aurait souhaité aller plus loin dans leurs échanges, pouvoir se donner encore une fois à son bel amant et goûter encore à cet enivrant nectar de plaisir…
Mais comparé à l'amère solitude qu'il s'était infligée durant cette semaine, le simple fait de le voir et d'être près de lui lui apportait assez de bien-être et de satisfaction pour qu'il ne se sente pas frustré de ne pouvoir 'approfondir' leurs retrouvailles.

Le jeune Indien ferma ses yeux, comme pour mieux sentir les caresses de Vincent à travers le nansouk de son vêtement.
Allait-il pouvait résister longtemps à l'appel doucereux de ce corps chaud contre lequel il s'était lové? Si les mêmes tentations auxquelles était soumis le Français le harcelaient également, Elhil parvint avec d'immenses efforts à les juguler, en songeant que peut-être ils pourraient bientôt se retrouver au pied de l'Arbre. Cette seule idée le faisait frémir d'un plaisir sans borne dans lequel il se noyait par anticipation…

Lorsque le Français déposa un baiser sur son front, Elhil rouvrit ses yeux pers pour les lever vers lui, en affichant un sourire léger, presque rêveur. Il contempla un bref instant son amant, appréciant la vision qu'il avait de son torse drapé de blanc, son si désirable visage marmoréen éclairé d'un sourire aussi rare et beau qu'une perle au fond de l'océan, et ses yeux anthracite pareils à un ciel nocturne poudré d'étoiles.
Les paroles que lui avait adressées l'ancien interne lui firent afficher graduellement une expression de tendresse, puis d'un sourire vaguement amer à l'évocation de sa voix, avant que son visage presque juvénile ne se fixe dans une perplexité mêlée de curiosité. Quelque chose pour lui…?
Demeurant silencieux –car ne sachant que dire en présence de son amant qui lui se montrait d'ailleurs bien plus causant que d'ordinaire-, Elhil observa le Français se tourner vers la table de chevet où gisait sa veste, semblant chercher dans ses replis cette fameuse "chose" qu'il lui destinait. Les fugaces changements dans les traits du visage de Vincent n'échappèrent pas à l'Indien, qui sentit sa perplexité se creuser un peu plus. Mais il n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps sur les causes probables de cette expression passagère, car son bien-aimé se tournait de nouveau vers lui.
Ses yeux pers quittèrent le visage de son aîné pour couler lentement vers l'objet qu'il tenait dans sa main. Ses sourcils se haussèrent, et ses lèvres pâles s'entrouvrirent délicatement pour exprimer sa surprise.
Presque avec hésitation, il étendit une main blanche et fine vers la montre à gousset qui tanguait tranquillement au bout de sa chaînette, recueillant l'anémique lumière des lieux pour imiter présomptueusement le soleil, brillant de reflets métalliques et dorés. Il effleura du bout de ses ongles nacrés la surface parcourue de fines saillies qui s'entrecroisaient inlassablement pour former une lettre d'un style baroque, qu'il identifia comme était un 'E' magnifiquement ouvragé.
En admiration muette devant ce présent, Elhil sentit presque ses joues se colorer d'un rose tendre, et ses yeux ternes regagner l'espace d'un instant une douce étincelle de vie. Il était sincèrement et complètement touché par ce cadeau, et d'ailleurs il avait déjà oublié le plaisir doucement acidulé qu'amenait ce genre d'échanges entre personnes, cette reconnaissance qu'on éprouvait sans le moindre faux-semblant. L'idée que c'était la première fois de son "existence" qu'il recevait un cadeau d'un être aimé le fit sourire presque naïvement.

Ses doigts arachnéens se nouèrent presque avec cérémonie autour de la montre dorée, la chaînette libérée par Vincent coulant sur ses phalanges pour suivre la ligne de son poignet. Il observa avec une attention presque enfantine la montre, caressant ses exquises gravures et contemplant le mouvement cyclique et imperturbable des aiguilles finement ciselées sous le cadran.

"Elle est magnifique…"

La voix de l'Aryen était toujours murmurée, toujours douce et suave comme un parfum de son pays. Ses grands yeux vert d'eau se détachèrent de la montre pour remonter vers le visage tant aimé de Vincent, et un sourire tendre vint étirer ses lèvres. Il l'aimait tant…comment avait-il put se passer de lui, de sa présence, de son regard et de ses caresses aussi longtemps?
Dans un mouvement à la fois souple et lent, le blond se redressa pour surplomber une nouvelle fois son aîné, laissant de longues mèches couler de ses épaules pour s'échouer avec légèreté sur la clavicule du Français. Il resta un bref instant immobile, à le contempler silencieusement bien que son sourire et l'ensemble de ses traits adoucis laissent transparaître tout l'amour qu'il lui portait.
La main qui tenait à la montre à gousset était pressée contre le cœur, et s'il avait prêté plus attention, il aurait sans doute pu sentir le tic-tac régulier de l'objet contre sa peau. La jeune ombre afficha un sourire tendre, sans se lasser de la vision qu'offrait ce visage si bien dessiné, encadré d'une ondoyante chevelure noire de jais, et ces deux morceaux de ciel nocturne qui semblaient avoir été capturés pour orner dignement cette œuvre marmoréenne.

"Merci, infiniment…"

Un sourire franc illumina le visage de l'Aryen après cette déclaration à mi-voix. Il se demandait si cela suffisait. Il aurait voulut lui dire explicitement à quel point de cadeau lui avait fait plaisir, mais surtout, surtout, le remercier pour sa seule présence auprès de lui. Qu'il avait été fou et présomptueux en se targuant d'être capable de résister à cette enivrante tentation!
Il se pencha, grignotant avec une lenteur lascive les centimètres qui le séparaient encore de la bouche de Vincent. Puis cédant enfin à sa propre impatience, il scella leurs lèvres d'un baiser doux, qui devint légèrement plus salace lorsqu'il promena sa langue pour demander implicitement une entrée.
Gardant un appui sur ses genoux de part et d'autre du torse de Vincent, Elhil libéra son autre main pour qu'elle vienne se poser avec la douceur d'une plume contre la joue de son aîné, le bout de ses doigts flirtant avec les boucles noires et soyeuses de ses cheveux.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyMer 12 Avr - 20:45

Le sourire d'abord surpris puis débordant de reconnaissance qui avait illuminé le visage du jeune Indien était la plus belle récompense que Vincent pouvait attendre en échange de son cadeau, et l'éclat émerveillé des yeux de son amant lui fut encore plus doux que la plus lascive des caresses. Offrir pour le plaisir d'offrir... voilà un comportement dont l'ancien interne ne connaissait même plus l'existence. C'était si humain, si fondamentalement optimiste... Que lui avait fait l'Arbre pour que l'acide fantôme se transformât en tendre amant à la simple vue de cette Ombre répondant à l'exotique nom d'Elhil?

Non, là n'était pas la question. Quoi qu'il lui fût arrivé au contact de cet antique chêne, Vincent aurait été fou de le regretter. Certes la semaine passée s'était avérée destabilisante, mais ce n'était qu'une transition. En cet instant, alors qu'il contemplait avec dévotion le jeune Indien qui examinait la montre, le chef des Ombres sentait qu'il pouvait tirer partie de cette passion qui brûlait à nouveau dans ses entrailles. Toute cette force positive, cette énergie... Dépensée autrement que dans la frustration et l'envie, elle pouvait propulser l'ancien anesthésiste à un niveau où il n'aurait plus rien à craindre de Cold et de ses Chimères, encore moins des humains: quelle pouvait être la force d'une Ombre débarassée de son désespoir et de sa jalousie?... Oui, l'amour qu'il éprouvait pour Elhil était une faiblesse, mais Vincent était mort par faiblesse. Et dans sa mort il était devenu plus puissant qu'il aurait jamais osé espérer.

Impulsif et arrogant Vincent, qui balayait toutes ses décisions les plus sages sous le coup d'un simple accès de confiance en soi. Non, décidément il ne se priverait pas du jeune Indien pour un prétexte aussi futile que celui de se faire surprendre. De toute façon, allongés comme ils l'étaient, il aurait déjà été difficile de se méprendre sur la nature de leur relation. Elhil était tout ce dont il avait besoin, Elhil appréciait son cadeau, Elhil l'aimait. Et ce simple fait suffisait largement à faire taire l'insidieuse voix qui murmurait à l'instinct de Vincent que leur histoire ne pouvait que mal se finir, que pour un couple d'Ombres il n'y avait d'autre issue que le sang et la souffrance...

C'est pourquoi le Français n'esquissa pas le moindre geste de refus lorsque son jeune amant reprit sa position dominante, bien au contraire. A présent que Vincent avait décidé qu'il se fichait éperduement des conséquences s'il s'appropriait le suave aryen qui était tout prêt à s'offrir à lui, il ne prenait plus la peine de juguler les pensées salaces qu'Elhil lui inspirait en tenant au-dessus de lui de la sorte. Le fin visage qui descendit avec une lenteur exaspérante caresser le sien ne fit rien pour le ramener à une attitude plus raisonnable, et lorsque que son cadet lui quémanda un baiser du bout de la langue, Vincent le laissa faire avec un abandon qui ne lui ressemblait guère en temps normal.

Echauffé par cette bouche qui se confondait avec la sienne, le Français cambra instinctivement les reins tandis qu'il enlaçait la taille d'Elhil et le contraignait doucement à s'allonger sur son torse. Le soudain contact entre leurs ventres et leurs hanches arracha un long et langoureux frisson à l'ancien interne, qui alla à son tour chercher le goût de la bouche de son bel amant. Il était si simple d'aller plus loin, de glisser ses mains sous le tissu immaculé de la chemise, de franchir la fragile barrière de la ceinture pour s'infiltrer dans le pantalon... Mais Vincent se sentait d'humeur joueuse, trop pour céder si rapidement. Et puis il redoutait confusément que le jeune Indien fût encore pourvu d'assez de volonté pour refuser l'enivrant danger que lui proposait son aîné. Alors ses caresses restèrent sages. Seul son baiser trahissait l'intensité de son désir, et Vincent espérait bien que ce contact intime au possible vienne à bout des scrupules du bel aryen...

Lentement les bouches se défirent l'une de l'autre, et le Français sépara ses lèvres de celles d'Elhil en laissant retomber sa tête sur l'oreiller. Il contempla un bref instant ces traits fins, auréolés de fibres d'or blanc qui ondulaient de manière presque liquide sur sa propre poitrine, puis il souffla d'une voix délibérément chaude et basse:


"Jamais je n'ai autant parlé à quelqu'un, mon ange, peut-être même pas de mon vivant. J'aimerais tant que tu me parles toi aussi, que tu me dises qui tu es, pourquoi tu es ici..."

Sa main gauche remonta le long du corps d'Elhil pour lui caresser la tête, tandis que l'autre effectuait le mouvement inverse et allait se poser sur la hanche de l'aryen avec une innocence toute relative. Comme si Vincent n'avait pas remarqué que son pouce et son index touchaient directement la peau du ventre du jeune Indien.

"Tu n'es pas obligé de me confier cela, pas du tout. Je veux juste que tu saches que si tu veux le faire, je suis là."

Le Français ne dit pas tout, comme à son habitude. En vérité, il se remémorait cette étrange impression qu'il avait eu dans la clairière d'être le premier amant d'Elhil, et il ne comprenait toujours pas pourquoi un si bel être n'avait pas connu le bonheur de son vivant, ni pourquoi il avait tenté de mettre fin à ses jours. A croire que la douleur et le malheur sont les seuls domaines dans lesquels tous les humains sont systématiquement égaux.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyDim 23 Avr - 10:01

Qu'est-ce que ça lui avait manqué…ce contact, la douceur quasi irréelle de sa peau, le parfum chaud et suave qu'il pouvait recueillir au creux de son cou, cette attention et ces caresses mutuellement offertes.
Les yeux clos, le visage détendu et comme rehaussé par cette expression de tendre volupté qui venait s'étendre sur ses traits comme un voile de lumière douce, Elhil laissant toute son affection s'exprimer par le biais de ce baiser pour le moins ardent qui confondait ses lèvres à celles de Vincent.
Les gestes caressants du Français l'avaient amené à s'allonger sur lui, et ils laissaient impunément leurs bassins se confondre, leurs jambes s'entremêler tandis que plus haut, leurs langues entraient dans un ballet suave qui trahissait leur commun sentiment de manque.
Il devinait la retenue de l'ancien interne, et en souriait intérieurement. C'était un geste prévenant et parfaitement honorable…Le danger d'être découvert persistait, surtout ici, au Manoir…le moindre soupir échappé par inadvertance pouvait attiser la curiosité des autres résidents habitués au silence de leur demeure. Ils devaient rester prudents, contenir leurs envies, etc…

"Je veux juste passer un peu de temps avec toi... dans la limite du raisonnable. Si tu y mets un peu du tien, ça se passera très bien."

Elles étaient si lointaines, les sages paroles de Vincent...Et d'ailleurs il les saluait du mouchoir en leur souhaitant bon voyage.
A goûter inlassablement à la saveur exquise de son amant, il en perdait tout semblant de raison, son égoïsme d'amoureux prenant une ampleur monstrueuse…pourtant une infime, une noire part de lui persiflait encore et toujours. 'Tout ira mal, tu ne lui apporteras que des soucis, tu es sa faiblesse, cette qui causera sa perte à long ou court terme'…Voilà ce que ce corbeau défaitiste croassait inlassablement dans sa tête. A vouloir approcher le Soleil, Icare s'était brûlé les ailes et n'avait connu que la noirceur des abysses…allait-il connaître le même destin? Peut-être oui, il n'y avait presque aucune chance que son amour pour Vincent perdure indéfiniment sans qu'il ne rencontre aucun obstacle…
Soit.
Mais ce soleil qu'il approchait était si beau, si doux et chaleureux…


Perdu dans les vagues voluptueuses du plaisir, Elhil sentit regret Vincent interrompre leur baiser durablement, ce qui fut suffisant pour le faire temporairement redescendre sur la terre ferme, de façon à prêter un peu plus d'attention aux paroles de son bien-aimé.
Il contempla le visage sculpté dans le plus pur des marbres, et se noya pour l'énième fois dans ses yeux dont la beauté demeurait au-dessus de tout ce qu'Elhil pouvait admirer. Les premiers mots prononcés par Vincent lui soutirèrent un doux sourire aimant, voire même flatté; quant à la fin de cette déclaration, elle parut faire glisser un voile intangible d'une certaine mélancolie sur ses traits, mais il le chassa bien vite. Il comprenait parfaitement que Vincent puisse s'interroger sur lui, qui depuis qu'il était arrivé à Hollow Dream, n'avait jamais parlé de son passé, et tout juste évoqué le "comment" de sa mort, en occultant le "pourquoi".

Le jeune Aryen décala la montre à gousset de son cœur, et l'observa pensivement. Vincent devait à présent être la seule personne à qui il pourrait se confier librement, comme ce dernier venait de le souligner oralement en quelques mots doux et rassurants. Un vague sourire flotta sur ses lèvres rosées, avant qu'il n'étende son bras pour déposer avec une lenteur quasi cérémonieuse son précieux présent sur la table de chevet, la laissant bien en vue par un simple et futile caprice.
Ses prunelles se remirent à scruter le visage tant chéri du Français. Il restait encore silencieux, hésitant au fond de lui…par où commencer?…que voulait-il savoir précisément sur lui? Avait-il le courage de tout lui dire…?

"Je…"

Un blanc. Elhil poussa un léger soupir, et sa main remonta vers celle que Vincent avait égarée près de son visage, pour l'enlacer de ses doigts avec une infinie tendresse. Il l'amena à ses lèvres, en lui baisant la paume comme si ce petit contact lui donnerait suffisamment de courage pour se lancer…

"Elhilarasan Nilâdhêvan Senkadhir…c'est mon nom complet."

Cela lui faisait presque bizarre d'entendre à nouveau ce long défilement de syllabes chantantes. Depuis son arrivée, il y a sept ans de cela, il n'avait pas jugé nécessaire que les autres se fasse un nœud avec la langue juste pour l'interpeller. Elhil, son surnom, son nom de scène aussi, avait été amplement suffisant pour beaucoup de personnes...
L'Indien sourit doucement, en laissant sa main glisser distraitement le long de la joue de Vincent, tout en poursuivant d'une voix basse et hésitante, voire même troublée:

"Je suis né à Delhi…j'étais juste chanteur et comédien, et cette vie me plaisait, je pense…Non, je n'ai jamais connu de malheurs. Aucun…c'est peut-être pour ça que j'étais faible."

Elhil abaissa ses paupières ourlées de longs cils blonds, comme plongé dans des souvenirs qui estompaient graduellement son sourire. Comment pouvait-il formuler la suite? Comment expliquer qu'avec juste quelques contrariétés, il avait tout laissé tomber en faisant une overdose de médicaments? Il craignait la réaction de Vincent, surtout s'il évoquait Jalal…mais il était trop tard pour garder le silence, et ce serait irrespectueux envers son bien-aimé.

"En…En l'espace d'une journée…j'ai…"

'J'ai été trahi'…Oui, il brûlait de prononcer ces mots, rejeter tous ses maux sur Jalal et sa mère, leur faire porter la responsabilité de sa mort…il avait longtemps pensé ainsi, dès son arrivée à Hollow Dream, dès que par une décision de l'"extérieur", il avait été débranché et contraint de rejoindre le clan des Ombres…
Mais il n'arrivait plus à éprouver une telle rancœur. Sa mort perdait tout sens, et la seule responsable restait sa faiblesse…oui, il avait été trop faible. Ce n'était que ça…
Une inspiration, un nouveau baiser dans la paume. Ses doigts s'entremêlèrent à ceux de Vincent avec douceur.

"J'ai perdu confiance envers un ami cher…Ca aurait pu peut-être s'arranger, avec le temps, mais…on m'a également appris que je n'étais que…"

Nouveau blanc. Elhil se mordit les lèvres, sentant comme des centaines de petites bêtes planter leurs dents dans sa poitrine. Ce n'était pas quelque chose qui pouvait se dire futilement, et il cherchait désespérément les bons mots pour s'exprimer. Que quoi…?
Il inclina légèrement la tête en détachant son regard du Français. De longues mèches glissèrent de ses épaules comme si elles avaient clairement l'intention de dissimuler le visage de l'Indien de leur voile blond et éthéré.

"Je…Je ne savais pas que ma mère…avait été violentée…Et qu'on l'avait obligée à me garder. J'ai été trop faible pour supporter ça…je me sentais bêtement trahi de tous côtés."

Le blond sentit une boule se former dans sa gorge, mais la ravala sèchement. Ca faisait mal, mais il ne pouvait plus pleurer que sur cette faiblesse. Son suicide avait été un geste inutile, mais s'il était resté en vie, il n'aurait jamais pu connaître Vincent et l'aimer comme il pouvait le faire aujourd'hui…
Prenant une longue inspiration, Elhil releva délicatement la tête en laissant un fantomatique sourire flotter sur ses lèvres, puis reprit d'une voix basse:

"J'avais presque dix-huit ans. J'ai voulu me tuer en absorbant des médicaments en surdose… j'ai certainement du entrer dans le coma en arrivant à l'hôpital…et une semaine après, on m'a débranché."

Un soupir. Voilà, c'était dit…
Il avait volontairement occulté les circonstances exactes de sa mort…Il s'était montré si cruel envers Jalal, pour le punir d'avoir franchit trop de limites, il avait souhaité le hanter pour toujours. C'était cruel, et Elhil ne l'avait comprit que bien trop tard…
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyDim 7 Mai - 18:30

En tendant cette main secourable à son amant, Vincent ne s'attendait pas à ce qu'il la saisisse de manière si immédiate et spontanée. Il pensait qu'il faudrait encore un peu de temps au jeune Indien pour qu'il ose se confier, trouver les mots qui exprimeraient convenablement sa souffrance passée et présente. L'ancien médecin lui avait adressé ces paroles dans l'intention de les laisser parcourir leur chemin dans l'inconscient du bel aryen, pour émerger le jour où ce dernier en aurait besoin. La mélancolie qui vint draper le visage délicat d'Elhil refroidit un peu l'enthousiasme de Vincent, qui le dévisagea sans comprendre. Avait-il donc à ce point besoin de se confier, pour ne même pas attendre à présent qu'on lui en donnait l'occasion?

La divine mélodie qu'était la voix d'Elhil s'éleva dans la chambre en une suite de sons harmonieux que le jeune Indien présenta comme son véritable nom. Vincent ne put retenir un léger sourire, tandis que la main que son compagnon avait laissée libre revenait se perdre dans l'ondoyante chevelure blonde. Elhilarasan Nilâ... et puis quoi? La langue occidentale du Français avait les plus grandes difficultés à enregistrer convenablement ce nom pourtant encore plus merveilleux que son diminutif. Le chef des Ombres en restait rêveur. Oui, ce patronyme allait à merveille à son ange. Il était beau, doux, chantant, complexe. Suave et exotique. Aussi difficie à saisir qu'agréable à entendre. Vincent entrouvrait les lèvres pour demander à l'aryen de bien vouloir le lui répéter, mais il s'interrompit en voyant l'expression d'Elhil. Ce n'était pas le moment d'interrompre l'Indien sur sa lancée. Alors l'ancien anesthésiste resta sagement allongé, en laissant les doigts délicats de la jeune Ombre caresser pensivement sa joue glabre.

Dès les premiers mots qu'Elhil lâcha, Vincent comprit qu'il avait à nouveau affaire à l'une de ces manifestations de confiance aveugle qui le stupéfiaient tellement. Le jeune Indien se confiait en toute sincérité, sans les artifices auxquels il tenait tant, et cela lui était aussi nécessaire que douloureux. Son aîné l'écouta sans mot dire, ses envies charnelles s'estompant à chaque syllabe qui franchissait les lèvres fines de son amant. Il en oubliait même les lentes caresses de la jeune Ombre sur sa main et son visage. Seuls comptaient ce visage attristé qui le surplombait et ces yeux pers qui avaient tant de mal à se fixer dans les siens. Vincent mit du temps à assimiler ce que lui disait Elhil: le viol de sa mère, la perte d'un ami cher, son suicide... Combien de temps resta-t-il muet et immobile, à contempler le bel aryen sans que la moindre émotion ne transparesse sur ses traits marmoréens? Même ses yeux n'apportaient aucune information sur le tumulte intérieur qui l'agitait.

Puis, faute de savoir comment s'exprimer, il attira à nouveau Elhil contre lui. Ses bras l'enlacèrent avec une infinie tendresse tandis qu'il fixait le vieux plafond sans le voir, toujours dans le plus grand silence. Que pouvait-il répondre à une telle confession? Quel lien pouvait-il établir avec sa propre vie, de quel moyen disposait-il pour vaguement comprendre ce qu'avait ressenti l'être adoré qu'il serrait contre lui? Avoir grandi sans son père n'était pas assimilable au fait d'être issu d'un viol. Périr à vingt-sept ans dans une expérience scientifique passionnelle n'avait rien à voir avec le suicide d'un adolescent désespéré. En un sens, Vincent n'en prenait que plus conscience de l'immense importance qu'il avait pris dans la "non-mort" du jeune Indien. Non seulement il était le seul être auquel Elhil s'était accroché à Hollow Dream, mais en plus il était peut-être l'un des seuls dans toute l'existence de l'aryen. Une telle constatation donnait le vertige au chef des Ombres: jamais, ô grand jamais on avait compté sur lui à ce point-là. C'était à la fois merveilleusement flatteur et tout à fait terrifiant.

"Oh mon ange, dans quel enfer as-tu brûlé tes ailes..."

Ses blanches mains de pianiste allèrent récupérer le visage d'Elhil et le poussèrent à se redresser légèrement, pour que son aîné puisse le regarder dans les yeux. Les lèvres de Vincent restèrent immobiles, mais ses iris anthracites sourirent pour elles. Peut-être n'avait-il rien à dire, après tout. Peut-être le bel Indien ne demandait-il pas de réponse articulée. Lentement, la bouche du Français alla caresser celle de son cadet. Lèvres pâles sur lèvres rosées. Un baiser d'une surprenante sagesse pour un message tendre qui n'avait pas besoin de s'encombrer de séduction. Et pour une fois, Vincent ne put s'empêcher de faire usage de sa voix pour le transmettre plus fidèlement:

"Je t'aime Elhilaran. Quoi qu'il puisse arriver, n'en doute jamais. Je t'aime."

Ses mains se coulèrent le long de la gorge nacrée et franchirent la fine barrière des cheveux blonds pour aller se rejoindre dans le dos. L'une d'entre resta à la hauteur de la nuque tandis que l'autre glissait le long de la colonne vertébrale avec une lenteur exaspérante. Qui donc avait pu avoir le coeur de maltraiter un être aussi parfait? Quel monstre avait pu pousser dans les bras de la Mort ce mélancolique petit angelot? Un sourire aguicheur vint se peindre sur les traits de Vincent alors que sa main droite ralentissait sur les reins d'Elhil. Les bras de la Mort, c'étaient peut-être les siens.

"Autre chose dont je ne veux pas te voir douter: tu es magnifique, et j'ai envie de toi à un point que tu ne peux même pas imaginer..."

Attaque frontale. Sa bouche retourna sceller son alter ego d'une manière autrement plus ardente et provocatrice que précédemment, tandis que sa main se faufilait adroitement sous la ceinture d'Elhil pour prolonger sa caresse le long de son dos, bas, très bas sur les hanches. Vincent n'avait pas de souvenirs ou de révélations d'aussi grande valeur que ceux que lui avait accordés son jeune amant, mais il avait d'autres moyens de lui témoigner de sa compréhension...
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyJeu 11 Mai - 22:26

Trop parler, trop en dire…avait-il vraiment bien fait de parler autant, qui plus est de sa si peu glorieuse mort?
L'espace d'un instant, Elhil douta de son choix. Déjà un corbeau bien trop familier venait encore et toujours croasser à son oreille... Le regard que son bel amour lui portait allait-il changer? Est-ce que comme les autres, il se détournerait progressivement de lui à cause de son écœurante origine? …Comment devait-il interpréter son silence?
La jeune Ombre inclina légèrement la tête, comme ployant sous le poids de ces noires pensées qui cherchaient à parasiter son précieux moment d'intimité avec Vincent. Toute la chambre était redevenue aussi silencieuse que d'ordinaire, comme si toute chose présente en ce lieu retenait son souffle en même temps qu'Elhil, guettant craintivement une hypothétique sentence de l'Ombre aux yeux noirs. Seul un faible tic-tac s'élevait encore.
La montre…
Les paupières de l'Aryen s'abaissèrent lentement, tandis que les pernicieux et pessimistes croassements s'estompaient sensiblement dans sa tête, remplacés par ce tic-tac régulier de ce cœur aux engrenages parfaitement régulés.
Son doute ne pouvait être qu'éphémère, puisque son amour inconditionnel pour Vincent continuait inlassablement et malgré tout de s'épanouir en lui, à la façon des délicats lotus émergeant de la vase pour tendre leurs pétales aux couleurs pastels vers le ciel, voulant s'élever plus loin, plus haut encore...

Egaré dans ses pensées oscillantes, Elhil ne remarqua pas immédiatement le geste qu'amorçait Vincent vers lui. Lorsque les bras voilés de blanc le frôlèrent, il émergea brusquement de cet état songeur et parvint à réprimer de justesse de sursaut de surprise. Ses muscles se détendirent presque aussitôt et il se laissa aller contre le torse de son bien-aimé en fermant avec force ses yeux. Sa tension chuta si rapidement que ses mains crispées sur la chemise de l'ancien interne se mirent à trembler et raffermirent encore leur emprise sur le tissu immaculé.
Comment définir exactement le geste de Vincent? Salvateur? Oui, sans doute…il était en tout cas plus réconfortant encore que tous ce qu'il aurait pu espérer de quelques mots.
Il avait eut si peur de voir le Français se détourner de lui…et comment ne pas craindre qu'un poing ne s'abattre sur son précieux château de verre, que le bonheur ne soit pas qu'une illusion, lorsqu'on avait passé tant de temps à Hollow Dream? Mais ce geste, si simple en apparence, semblait avoir en même temps balayé largement toutes les pensées d'Elhil, ne laissant place qu'à un soulagement profond et presque douloureusement pur.

La phrase soufflée par Vincent tira délicatement l'ancien chanteur de sa rêverie en dessinant un sourire amoureux quoique légèrement amer sur ses lèvres. Un Ange…
Puis ce furent les si belles mains blanches du Français qui vinrent cueillir son visage, l'incitant à se redresser légèrement. Leurs regards se croisèrent, et Elhil fut presque étourdi par tout ce qu'il pouvait lire dans les yeux de l'ancien interne. La douceur de mille draps de velours, la tendresse de milliers de pétales de fleur, la lueur de milliers d'étoiles…et plus grand encore, cet amour, qu'il pouvait s'enorgueillir d'être l'unique destinataire…
A peine eut-il le temps de s'abreuver de son regard et de la beauté marmoréenne de son visage que des lèvres satinées ne viennent se poser comme un léger papillon blanc sur les siennes. Elhil, les yeux clos, savoura ce contact éthéré en sentant un feu pétillant se réveiller peu à peu dans ses entrailles.
Oh non, ce feu ne serait pas prêt de s'éteindre…il faisait bouillir son sang, redonnant une improbable vigueur à son corps mort et froid, faisait battre son cœur lourd comme s'il était à présent pourvu d'ailes.
Alors que les mains de Vincent partaient à la reconquête de son dos drapé de blanc, l'Indien éleva les siennes jusqu'au visage du Français. Ses doigts fins glissèrent sur la peau pâle, s'attardant parfois dans les fluides ondulations de sa chevelure d'ébène avant de revenir tracer amoureusement les contours de ses tempes, ses joues et de sa mâchoire, jusqu'aux lèvres tant désirées, qui venaient de s'orner d'un sourire charmeur.
Les nouvelles paroles du chef des Ombres firent naître des tâches rosées sur les joues de l'Aryen, qui gagnèrent du terrain sur sa peau lorsqu'une certaine main s'aventura au-delà de la barrière de son pantalon. Un frisson agréable parcourut son échine juste avant que ses lèvres entrouvertes ne se fasse happer par un baiser bien plus ardent que le précédent.
Un gémissement naquit dans sa gorge tandis qu'il répondait à cet assaut bienvenu avec autant de ferveur que lui permettait son obligation à la discrétion.
Réussiraient-ils vraiment à contenir leurs désirs, ainsi allongés dans un lit atrocement confortable, en proie à un manque insoutenable…?
Plus les caresses de Vincent allaient et venaient sur sa peau agitée de frissons, plus il doutait de leur capacité de modération…ce serait si simple de se laisser aller, libérer ce fauve d'envie trop longtemps enchaîné et se laisser encore une fois prendre par les bras du Français…si facile, oui…si plaisant.

"Vincent…"

Un mot, un nom, une intonation qui en disait assez long sur les pensées, les désirs et cette maigre part d'hésitation de l'Indien.
Les yeux clos, déjà saoulé par le plaisir grimpant qui étreignait douloureusement ses reins, le blond inclina légèrement la tête de côté, laissant ses longs cheveux blonds suivre le mouvement et dégringoler sur son épaule gauche dans un sourd bruissement de soie. Dieu savait qu'il ne souhaitait que continuer, aller bien plus loin juste pour prouver par des gestes, une offrande, son amour infini pour Vincent. Un amour qui, à ses yeux, ne subirait pas l'érosion du temps mais ses bienfaits, se consolidant un peu plus à chaque baiser, chaque parole échangée…
Ses yeux pers se rouvrirent avec lenteur, avant de se poser tendrement sur le visage de son amant. Il lui adressa un sourire tendre, avant de murmurer d'une voix langoureuse à l'indéfectible accent étranger, si lente qu'on l'aurait dite engourdie, anesthésiée par cette drogue appelée amour:

"Je voudrais aussi…connaître ton histoire, mon amour…"

Tout ce qu'il savait du passé de Vincent, c'était ce que tout Hollow Dream avait appris tôt ou tard. Il était celui qui avait apporté une grande réponse aux innombrables questions des piégés de cette vallée. Celui qui était venu ici de son plein gré, en tant qu'explorateur de cette maudite terra icognita…Mais il savait que cela ne pouvait être que les grandes lignes laconiques de sa "vie".
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyJeu 22 Juin - 20:18

"Dans les limites du raisonnable"... Amusante formule. L'abrutit qui l'avait prononcée y avait-il vraiment cru ne serait-ce qu'une seconde? Mais bien sûr, c'est évident: pourquoi donc se laisser enflammer par un être aussi quelconque que ce merveilleux Indien aussi étourdi d'amour que son conjoint? Il était bien entendu simplissime de résister à l'attrait de ces tendres lèvres rosées, de ces yeux pers délicieusement voilés par le désir, de cette voix suave à l'accent teinté de soleil... Sans oublier qu'il fallait renoncer à cet inestimable trésor pour une raison incroyablement sérieuse et complexe: il était absolument interdit de prononcer le moindre son...

Si la bouche de Vincent n'avait pas été si occupée à parcourir la gorge de son jeune amant, sans doute aurait-il lâché un petit rire sardonique. Oh oui, l'espace de quelques secondes, il avait été un véritable abrutit. Son corps avait su mieux que lui qu'il ne quitterait pas la chambre d'Elhil sans profiter du cadeau que ce dernier lui faisait en l'aimant. Dire qu'ils ne s'étaient unis qu'une fois, qu'une seule et maladroite fois... Et maintenant qu'il savait par quels immondes épreuves le bel aryen était passé, Vincent n'en avait que plus envie de réitérer son incartade de la clairière. Il lui était insupportable de penser que son tendre Elhil pouvait se considérer comme une monstruosité, absolument insupportable.

Les mains de l'anesthésiste prenaient leurs aises sous le tissu des fins vêtements de l'Indien, parcourant avec une certaine euphorie cette peau satinée et prompte au frisson. Tressaillements qui trouvaient un écho non négligeable dans les sursauts qui parcouraient le corps du Français lorsque les doigts diaphanes de son amant passaient sur sa nuque. Comment Elhil trouva le moyen d'articuler des mots, voilà qui laissa Vincent sceptique. Mais l'ancien chanteur réussit néanmoins à murmurer qu'il aurait lui aussi aimé connaître l'histoire de son conjoint... Pourquoi une telle question? Pour arrêter leur enivrant échange de caresses? Parce que le jeune Indien s'efforçait encore de se convaincre qu'ils devaient se montrer prudents et ne pas le faire au manoir? Pourtant la pression que le chef des Ombres sentait contre son propre bassin n'était pas spécialement ce qu'on peut appeler un refus - faiblesse physiologique typiquement masculine...


"Plus tard..."

Un chuchotement étouffé dans le cou de son partenaire. Voilà, c'était dit, ouvertement proclamé. Vincent avait soigneusement enterré les restes de raison qui pourraient encore entacher sa passion amoureuse. Il voulait Elhil, il le désirait de toute son âme maintes fois damnée. Il avait envie de s'unir à lui, et ensuite seulement de prendre tout son temps pour expliquer au bel aryen ce qu'il voulait savoir. L'ancien médecin en avait définitivement assez de cette retenue qu'il se devait d'afficher depuis le début de leur conversation. Un sourire goguenard vint étirer les lèvres rosies de l'Ombre, qui murmura tout contre l'oreille de son cadet:

"Je crois qu'il n'est plus temps d'être raisonnable..."

La prise de ses bras se raffermit autour du corps de son amant et il l'obligea à pivoter afin d'échanger leurs positions. Vincent resta en appui sur ses genoux, posés de part et d'autre des hanches du jeune aryen, tandis que ses mains d'ivoire se refermaient sur le visage tant désiré. A nouveau sa bouche alla chercher son vis-à-vis, tendrement, avec une passion adoucie pour l'occasion. Les doigts de l'ancien anesthésiste glissèrent le long du cou d'Elhil, avant de se faufiler jusqu'à sa taille pour passer sous sa chemise et remonter celle-ci jusque sous ses bras, dévoilant le torse mince et finement ciselé que le Français n'avait eu le loisir de caresser qu'une unique fois, ce qui lui semblait des siècles auparavant...

Son visage se détacha de celui de son amant et il prit un instant une expression plus sérieuse, comme perdu dans la contemplation des yeux clairs du jeune Indien. L'éthéré chanteur avait-il encore des doutes? Avait-il peur des conséquences s'il accordait à son aîné ce que celui-ci quémandait avec tant d'ardeur? Vincent espérait que non. Il pouvait tout prendre par la force, des émotions jusqu'à la vie elle-même, il s'y était habitué et en avait fait sa routine. Mais pas avec Elhil. Jamais avec Elhil. Pas tant qu'il sentirait dans sa poitrine ce doux brasier tellement humain que l'Indien y avait allumé.


"Dis-moi que tu en as envie... s'il te plaît..."
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyDim 25 Juin - 13:53

[J'ai le droit de répondre à sa place? *bave, bave, bave* ]

Plus tard…

Elhil ferma ses yeux pour mieux profiter de cette vague de frissons qui l'envahissait à chaque fois que le souffle chaud de Vincent s'échouait sur sa gorge offerte, zone qui se révélait être particulièrement sensible au moindre frôlement.
Pourquoi ne voulait-il pas parler?…Peut-être qu'il n'avait pas le droit de lui retourner ses interrogations, après tout. Vincent était Vincent, celui dont la seule voix restait un trésor aussi rare et précieux qu'une fleur au milieu du désert. Et il lui en avait déjà tant demandé…
Ce serait donc plus tard…Après. Après quoi…?
Des frissons qui reprirent de plus belle lorsqu'une autre phrase murmurée par le Français chatouilla son oreille. Il avait la réponse à sa question à présent, mais d'autres interrogations suivaient la première, sourdes mais belles et bien présentes…
Voulait-il vraiment…? Içi…? Et que ferait-il si on les découvrait ensemble…?

Tu as déjà ta petite idée là-dessus, non?

Assez…
Combien de pierres devrait-il lancer à ce maudit corbeau pour qu'il quitte définitivement l'arbre mort de son esprit?
Il en avait assez de l'entendre…

Bravo, Elhilarasan…Avec ton joli déguisement, tu as même réussi à berner le Chef des Ombres! Il ne voit toujours pas quel monstre tu es, ce pauvre aveugle…

Qu'il se taise…!

Il était à présent couché sur le dos et Vincent le surplombait, comme à la clairière…Il sentait ces mains de pianiste, incroyablement douces, tenir en coupe son visage. Ses paupières frémirent, mais demeurèrent résolument closes lorsque des lèvres familières vinrent se joindre aux siennes avec une tendresse infinie.

Une pierre sur le corbeau. Maudit soit-il de gâcher un tel instant d'intimité avec son amant!
Ce noir reflet le lui-même, ou plutôt l'ombre immense de son lambeau d'âme humaine…un sinistre oiseau, le parfait opposé du cardinal, vassal de l'Arbre-Roi…

Egoïste. Il t'apporte un semblant de vie, tu ne le récompenseras que par la mort. Tu sais que tout ça n'aboutira qu'à ta perte…ou pire encore, sa perte.

Assez!!

Le tissu fin de son vêtement glissait sur sa peau, dévoilant peu à peu son torse. Le baiser offert par l'ancien interne s'interrompit délicatement. Elhil inspira longuement avant d'ouvrir avec une lascive lenteur ses yeux. Ses prunelles d'un doux vert d'eau se perdirent un bref instant dans la contemplation d'un point invisible au plafond de sa chambre avant de couler d'un ou deux centimètres pour s'ancrer aux iris d'encre de Vincent.
Un chaud fourmillement naquit dans son ventre. Dans son regard, il lisait tant…tant de choses. C'était presque déroutant de voir tourbillonner autant de vie au fond de ces orbes sombres.
Rien ne semblait parfaitement absolu, à Hollow Dream…Les Chimères n'étaient pas toutes des fauves sans humanité, les Ombres n'étaient pas non plus des spectres uniquement livrés à la Vengeance Eternelle…Tout comme la mort et l'immobilité n'étaient pas strictement omniprésentes sur ces terres…

La voix du Français s'éleva à nouveau, ayant pour effet immédiat de changer les braises ardentes siégeant au creux de ses reins par un feu chaud et ronflant. Juste ciel…
Bien sûr qu'il en avait envie, la question ne se posait pas. Il en avait eut envie –une envie monstrueuse, implacable- dès la première heure qu'il avait du passer sans l'étreinte chaleureuse de son bien-aimé…

Elhil éleva avec lenteur sa main, qui alla chercher avec une avidité contenue la tiède douceur de la joue de Vincent. Ses doigts empruntèrent le sentier de sa mâchoire de la tempe jusqu'au menton, avant de se poser presque distraitement sur ses lèvres.
Que pouvait lire le Français dans ses yeux à lui? Son désir, sûrement. Mais il ne voulait pas qu'il aperçoive au fond de ces yeux, semblables à la surface fade et triste d'un lac inhabité, la silhouette de ce corbeau qui le hantait depuis sa rencontre au pied de l'Arbre. Il ne voulait pas décevoir Vincent.
Les yeux de l'Indien se refermèrent, et une ombre de sourire glissa sur ses lèvres avant qu'il ne murmure:

"J'en ai envie…"

Elhil glissa sa main derrière la nuque de son aîné, l'incitant doucement à se pencher tandis qu'il se relevait sur son coude. Ses lèvres capturèrent délicatement les siennes, avant de se montrer graduellement plus inquisitrices.
C'était de la folie de céder à la tentation. Ici et maintenant.

Oui, ils avaient perdu la tête. Mais qu'est-ce qu'une tête lorsqu'on a la chance d'avoir retrouvé un cœur…?
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyLun 26 Juin - 21:16

Quel était ce trouble qui osait venir entacher les iris pers de son bien-aimé, qui avait l'audace de troubler le sourire lascif qui venait orner ses lèvres rosées? Vincent aurait-il été humain, il ne l'aurait pas décelé, et la bête aurait continué son oeuvre de manière sournoise, implacable. Mais le Français était une Ombre, une âme désespérée enchassée dans un corps aussi éternel que la sinistre vallée qui s'étendait au-delà des vitres dépolies de la chambre d'Elhil. Une âme désespérée qui se nourrissait justement de ce genre de petite bestiole qui indisposait son amant. Que n'osait-il demander à l'Indien ce qui le troublait... La bête dévoilée aurait été plus facile à exorciser.

Mais Vincent ne voulait pas asséner un nouveau coup de massue à ce jeune aryen si frileux à l'idée de se confier. Et puis, le Français pensait avoir une idée assez précise de ce qui dérangeait Elhil: la peur de se faire surprendre, la peur de la terrible avalanche qui découlerait d'une telle catastrophe. L'ancien interne n'était pas aussi farouche. Si quelqu'un laissait traîner ses yeux ou ses oreilles trop près d'eux, Vincent s'arrangerait pour qu'il ne puisse rien raconter à qui que ce fût. Il était le chef des Ombres, que diable! Qu'y avait-il d'impossible pour lui? A part le fait d'imposer quelque chose à son jeune amant...

Jeune amant qui heureusement lâcha les quelques mots attendus avec avidité par son aîné. Le Français sourit et reçut patiemment le baiser d'Elhil, en laissant avec docilité le bel Indien explorer l'intimité de sa bouche. Il ne dit rien, ni avant ni après. Mais la délicate caresse de sa main droite le long du torse de son cadet était délicieusement explicite. N'aie pas peur. Tout se passera bien, tu n'as pas à avoir peur.

Lentement, il recommença à peser sur le buste de la jeune Ombre afin de l'obliger à se rallonger. Puis il s'allonga contre le flanc d'Elhil, avec une lenteur trompeuse: Vincent bouillait littéralement de l'intérieur, et son corps lui hurlait sur tous les tons qu'il ne tiendrait pas une minute de plus. Mais le Français était du genre à aimer les défis, et celui-ci lui plaisait tout particulièrement. Il s'était trouvé trop rapide dans la clairière, trop hâtif. Rien n'était trop beau pour mériter son ange, et il comptait bien s'en montrer parfaitement digne. Et si ses caresses pouvaient également chasser l'affreuse bête qui pensait s'établir dans l'esprit de l'Indien, pourquoi se priver?

Vincent repoussa doucement la prise qu'Elhil avait sur ses lèvres, et sa bouche libérée descendit sur la mâchoire du bel aryen avant de glisser sur sa gorge à la chair si tendre. Sans ignorer que cette partie du corps était particulièrement sensible chez l'Indien, l'ancien interne prit tout son temps pour caresser du bout des lèvres la peau satinée, pour goûter jusqu'à plus soif la saveur à peine salée de la sueur de son jeune amant. Dans le même temps, sa main droite commença à appuyer légèrement des caresses qui se faisaient moins innocentes. Elle descendit sur la poitrine pour décrire un cercle joueur autour du nombril, avant de se faufiler sur la taille, la hanche.

En réponse aux frissons de plus en plus accentués qu'il tirait à l'aryen, Vincent se redressa légèrement et son baiser si fit plus intense sur la gorge d'Elhil, tandis que ses doigts délicats écartaient sans hésiter la fine barrière de la ceinture de l'Indien et se glissait dans le pantalon. Les lèvres de Vincent dessinèrent un sourire taquin dans le creux de l'épaule de son amant, tandis que sa main décidément bien aventureuse se coulait le long de l'aîne, pour aller caresser cette intimité masculine à laquelle l'ancien médecin n'était encore que peu habitué. Heureusement, il avait toujours été très doué pour apprendre.

Alors mon ange, la bête t'embête encore?
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyMer 28 Juin - 15:05

Un rire. Sonore, résonnant dans un écho infini et presque dément. Un rire amer, d'une joie factice, mauvais, cruel. Dément, oui, c'était bien le mot.

Le Corbeau riait aux éclats, en empruntant sa voix. Il pouvait presque le voir, cet Elhil juché sur une branche d'arbre, ce déchet monstrueux qui était solidement ancré en lui…la sublime création d'Hollow Dream, celle qui avait savamment disloqué son âme humaine au fil des années.
Il riait, inlassablement. Pourquoi…Pourquoi…?

Tu devrais rire aussi, car bientôt tu ne pourras que verser des larmes, Elhilarasan.

Un gémissement étouffé s'échappa d'entre les lèvres à peine entrouverte de l'Indien. On aurait difficilement pu dire ce qu'il exprimait clairement…du plaisir, ou le contraire? Il ne supportait plus d'entendre cette voix –sa voix- marteler avec pugnacité que son amour pour Vincent était interdit, dangereux.

"Tout ira pour le mieux", c'est ça que tu crois…n'est-ce pas?

La bouche du Français se promenait ostensiblement le long de sa gorge blanche, lui arrachant frissons sur frissons à un rythme presque intolérable. Son ventre bouillait d'un plaisir électrique, si se répandait en ondes chaudes et vives dans tout son corps. Et il rejetait la tête contre l'oreiller moelleux mais glacé où ruisselaient ses longs cheveux d'or fin, son souffle déjà haché par les battements décousus de son cœur.
Il lui était désormais impossible de résister, quand bien même son maigre fil de raison l'y aurait poussé. Il ne voulait plus. Ses nerfs étaient sciés par toutes ces sensations difficilement réprimées…saurait-il se contenir, et imposer silence et discrétion à son corps en effervescence? Il commençait à en douter sérieusement. Mais il devait essayer…juste essayer.

La main de Vincent était chaude, sa peau d'une inqualifiable douceur. Etait-elle réellement capable d'ôter la vie? On avait peine à y croire sans les avoir vues à l'œuvre. Et pourtant…
Elle se promenait le long de son torse, descendant avec une lenteur mêlée d'une abominable taquinerie. Elhil pinça les lèvres pour taire les gémissements naissant au fond de sa gorge, et ses propres mains s'élevèrent pour se poser avec douceur sur le torse de Vincent. Ses doigts, irrités par l'indésirable présence de la chemise, se lancèrent aussitôt à l'assaut de la lignée de boutons qui la fermait. Mais cette opération restait malhabile et lente, car le blond était pour le moins déconcentré par les caresses prodiguées par son amant…

Lorsque la main de ce dernier atteignit son objectif, un vif frémissement parcourut le corps de la jeune Ombre, ses muscles se crispant instinctivement sous la décharge qu'engendrait ce contact. Ses doigts fins s'agrippèrent fiévreusement au vêtement immaculé du médecin, faisant sauter les derniers boutons et dévoilant enfin le torse du Français. Ses lèvres entrouvertes dans un hoquet silencieux finirent par avaler une large goulée d'air, avant qu'il ne cherche à rétablir un ordre décent dans sa respiration saccadée.

Tu sais que tu ne pourras jamais être heureux. Jamais. C'est ton prix à payer pour avoir osé voir le jour…

Le corbeau, toujours du haut de son arbre…il souriait d'une manière suave et trompeuse. Mais son image s'estompait, recouverte par des vagues innombrables de ce plaisir brûlant qui submergeait aussi bien son esprit que sa chair. Il continuerait certainement à ricaner, depuis des sombres bas-fonds de son cœur. Mais Elhil ne l'écoutait plus. Il n'y avait que le souffle de Vincent dans son cou, le froissement du tissu, le tempo assourdissant de son cœur, le glissement entre leurs peaux…Oui, juste ça. Il ne voulait que ça…
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptySam 1 Juil - 23:03

Un gémissement, sourd, contenu à grand peine par des lèvres blanchies à force d'être serrées. Un infime son en provenance de la gorge que Vincent ne se lassait pas d'embrasser, une onde sonore de plaisir qui était remontée tout le long du corps cambré de l'Indien pour se transmettre à son amant en longues vagues de désir. Peut-être était-ce ce genre de sensations qui avait poussé l'Eglise chrétienne à définir le plaisir charnel comme un péché. Lorsqu'on avait goûté au nectar qu'est la jouissance de l'être aimé, comment pouvait-on encore dédier son amour à un Dieu muet, qui si souvent restait sourd aux appels suppliants lancés vers lui depuis le triste royaume des mortels? Vincent n'avait jamais été croyant, même avant de passer du statut d'humain à celui de damné. Ses recherches passionnées sur le coma n'avaient jamais été le fruit de pulsions mystiques. Tout juste un vague doute philosophique de temps à autre, un doute qui aurait été gentiment massacré si le Français avait connu l'étreinte d'Elhil de son vivant.

Les doigts de l'ancien médecin se faufilaient doucement entre les cuisses de son jeune amant, avec une lenteur teintée de précaution: il aurait été si bête de trop bousculer Elhil, et d'abréger trop tôt cet instant qui seul avait le pouvoir de clarifier le sordide esprit du chef des Ombres... Vincent sentait avec une inconcevable félicité son âme s'alléger, tourner le dos à toutes ces stupides considérations sur la montée en puissance des Chimères, ignorer avec superbe la visite salée que le Français devait accorder à Mary... Le jeune Indien dont il sentait les doigts fébriles sur les boutonnières de sa chemise était un soleil, lumière divine prompte à chasser l'obscurité de sa conscience. Elhil. Son ange.

Vincent ne se lassait pas de la peau aussi douce que brûlante qu'il effleurait de la main droite, chaque légère arabesque de l'un de ses doigts se traduisant immédiatement par un merveilleux frisson de plaisir qu'il sentait remonter le long du corps de son cadet. De cette même main, le Français avait réglé des perfusions dosées au millilitre près, il avait caressé les cheveux d'enfants sous anesthésie locale pour les rassurer, il avait maintenu les électrodes destinées à ramener à la vie quelqu'un qui la quittait prématurément. Cette main avait étranglé des êtres humains, elle en avait frappé et meurtri d'autres, elle avait balayé le souffle de vie maudite qui parcourait les veines des Chimères. Mais surtout, surtout, cette main avait touché, réconforté, caressé Elhil. Cette main avait reçu ses baisers et provoqué ses gémissements. A cet instant, Vincent sentait à travers la paume de cette main l'immense pouvoir que son amour exerçait sur le jeune Indien, une puissance aussi grisante et flatteuse qu'absolument terrifiante.

Comme pour confirmer les sentiments qui traversaient l'esprit drogué de plaisir de l'ancien médecin, les doigts diaphanes d'Elhil se lassèrent du combat avec les boutonnières de son aîné et les arrachèrent d'un unique et ferme geste. Une partie de Vincent s'amusa du fait que cela faisait à peine deux fois qu'ils partageaient une couche, et que chacune de ces incartades avait envoyé des boutons de chemise au tombeau. Le Français ne perçut cependant pas grand chose de cette remarque, noyé qu'il était dans le plaisir de sentir les délicates mains de son cadet caresser sa taille pour aller s'accrocher à ses omoplates, avec un tel désir que les ongles soignés d'Elhil ne se déplaçaient pas sans laisser quelques marques sur la peau marmoréenne de Vincent. A son tour le chef des Ombres dut retenir dans sa gorge le plaisir intense qu'un contact si sincère déclenchait en lui, et le gémissement qui lui venait aux lèvres fut noyé dans l'onctueuse chevelure de l'Indien.

Quel apaisement que cette paradoxale tornade de sensations. Plus de Chimères, plus d'humains, même plus d'Ombres. Plus de chef des fantômes. Juste Vincent, le chanceux Vincent à qui l'anthique chêne des bois de l'Ouest avait fait le plus enivrant des cadeaux. Par tous les dieux de l'Enfer, comment avait-il pu tenir une semaine sans Elhil?! Les lèvres du médecin retournèrent fièvreusement emprisonner celles du jeune Indien, en un baiser consumé de désir qui explorait presque avec violence la bouche juvénile. Vincent laissa sa main droite glisser une dernière fois le long de l'entrejambe d'Elhil, avant de faire machine arrière et de s'extraire du pantalon avec une vivacité douloureuse, en une sorte de promesse suave: le meilleur restait à venir.

Laissant le soin à son baiser de mobiliser l'attention du jeune homme, le Français utilisa ses deux mains pour se saisir du drap soigneusement bordé et le tirer à lui, en le faisant passer sous les reins cambrés de son amant. Une fois le lit convenablement ouvert, Vincent en profita pour ôter sa chemise en quelques gestes, tout en résistant à la diabolique envie de faire de même pour son pantalon définitivement trop étroit. Oppressé par cette gangue de tissu qui pourtant était son dernier garde-fou, il ôta vivement ses bottes et envoya valser les fines chausses de l'ancien chanteur, comme s'il avait peur de ne plus trouver la force de s'interrompre par la suite pour effectuer ces quelques gestes: jamais il ne trouverait le temps pour s'occuper de tout ce tissu et ce cuir, alors que la peau de son amant demandait toute son attention. Il enjamba les reins d'Elhil pour se placer à califourchon au-dessus de lui, ses doigts toujours merveilleusement précis s'activant sur la ceinture de tissu pour en défaire le noeud au plus vite. Toujours en silence.

Ils étaient fous, oui, complètement fous. Mais qu'il était bon d'être insensé en de telles circonstances.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyJeu 13 Juil - 21:36

Quand on voyait Elhil, cette jeune Ombre si effacée dont la voix ne semblait jamais s'élever au-dessus d'un murmure suave, on avait du mal à croire qu'il a pu être de son vivant chanteur et comédien. Par définition donc, une personne dynamique qui n'avait pas peur de faire face à des centaines de personnes pour exprimer ses talents.
Non vraiment, il n'avait rien de tout ça. Absolument rien. A moins que sa mort suivie de sept années d'amertume aient suffit à vampiriser toute cette curieuse vitalité inhérente aux artistes.


Un soupir impitoyablement tut entre des lèvres rougies. D'éphémères sillons amarantes le long d'une peau laiteuse. Toujours ce brasier dévorant au creux de sa chair, que des caresses et des baisers ne cessaient d'attiser.

Cette même impression de liberté à laquelle il avait goûté sous l'Arbre-Roi. Une griserie presque éthylique, une euphorie des sens qui ne semblait jamais connaître de réel paroxysme.
Il aurait souhaité, de tout son cœur morcelé, de toute son âme impie que de tels instants soient éternels, et surtout, protégés des sentences extérieures. Y avait-il un seul endroit à Hollow Dream où ni les Humains, ni les Chimères, ni même d'autres Ombres ne viendraient pour juger ce sentiment sacré qu'il partageait avec Vincent…? L'Arbre était ce qui se rapprochait le plus de ce sanctuaire paisible auquel il aspirait tant, mais ne présentait pas une sûreté absolue. Si seulement…

Il continuait de penser ainsi, mais parallèlement n'y prêtait d'une très vague attention. Focalisé sur ses sens exacerbés par les soins du Français, Elhil ne se sentait plus capable d'accorder correctement les cordes tintinnabulantes de ses songes, pour en tirer une musique agréable qui ne saurait pas gâcher cet instant privilégié.
Elhil ressentait la douce et blanche peau de Vincent contre lui, s'abreuvant de sa chaleur suave. Il entendit son gémissement étouffé ponctuer son souffle profond. Il pouvait également humer à pleins poumons cette fragrance propre au chef des Ombres, délicieuse tout en restant indéfinissable. Et lorsqu'il ouvrait ses yeux, ce n'était que pour s'enivrer encore et encore de la vision pour le moins érogène qu'offrait son amant. Un torse que sa chemise ouverte voilait et mettait en valeur à la fois, une gorge qu'il se lasserait jamais de caresser et un visage d'une expressivité si insolite qu'il aurait laissé pantois toute personne croyant connaître Vincent sur le bout des doigts. Même son sens du goût était mis à l'épreuve par un nouveau baiser de l'ancien anesthésiste, tout aussi délectable que les précédents qui s'étaient présentés sous diverses nuances d'intensité.

La torture –car il ne voyait guère d'autre mot pour désigner ces fugaces attouchements sur une région particulièrement sensible de son corps– de Vincent confinait l'Aryen à un état de tension palpable, les vagues de chaleurs fourmillant depuis ses reins pour se répandre comme une merveilleuse drogue dans chaque fibre de son corps. Il s'évertuait à rendre sa respiration la plus discrète possible, mais quelque part il se faisait la remarque que ses efforts ne serviraient pas à grand chose si Vincent comptait aller jusqu'au bout de leurs envies.
Chose dont il ne doutait que très peu.

Elhil avait longtemps fait preuve d'un don particulier pour s'imposer d'instinct des "barrières" à ne pas franchir. Le même genre de limite qu'il s'était créée au pied du chêne des bois de l'Ouest, ou encore celle plus pénible encore qu'il s'était infligé durant cette interminable semaine entre Vincent et lui. Même quand son amant l'avait rejoint, il avait tenté d'en ériger une autre pour qu'ils ne passent pas ce point à partir duquel un retour en arrière serait aussi difficile que désagréable. A chaque fois, c'était le Français qui venait plus ou moins sciemment à bout de ces barrières. Et ce n'était pas la seule chose dont il parvenait à défaire son cadet…

La jeune Ombre se laissa docilement manipuler par Vincent, trop enivré sur le plan physique et mental pour seulement songer à stopper ou aider son aîné dans son entreprise. Lorsqu'il émergea de son vaporeux océan de plaisir, ce ne fut que pour remarquer avec une surprise à peine exagérée l'absence soudaine de certaines pièces de vêtements chez l'ancien interne, puis la pression qu'il exerçait sur son bassin en s'y installant à califourchon.

Cette vision de son bien-aimé fut accueillit chez Elhil comme un souffle venu animer les braises ardentes de son bas-ventre, faisant instinctivement frémir ses muscles abdominaux sous sa peau diaphane. Des coquelicots fleurirent sur ses pommettes alors qu'il contemplait muettement le Français défaire la fine ceinture de tissu qui retenait son pantalon à sa taille. Il avait tant envie de lui…et l'avait d'ailleurs signalé à haute voix à la demande de son amant.
Une énième fois, il se mit à espérer sourdement que les murs de sa chambre se retrouvent subitement hermétiquement clos aux visiteurs fantomatiques et capables de protéger leur intimité si fébrile.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyJeu 20 Juil - 21:48

Etrange chose que l'alcool. Un goût agréable, apte à titiller les papilles du gourmet qui y goûte en accompagnement du plat approprié. Une chaleur parfois réconfortante, parfois littéralement brûlante. Vertueux à petite dose, mortellement enivrant en cas d'excès. Boisson inconstante, multiple, synonyme de vie et de joie aussi bien que de noir et de larmes. Et quoi de plus inconstant dans l'alcool que la réaction de ceux qui en boivent? L'un se mettra à pleurer pour un rien, tandis que l'autre courra les femmes, ou montera sur la table pour y entamer une danse langoureuse qu'il ne savait même pas connaître. Certains s'enliseront dans une déprime sans fond, d'autres se sentiront enfin allégés de leurs maux. Et si tous finiront par dessaoûler pour affronter les affres des lendemains de cuite, certains en garderont un meilleur souvenir que d'autres.

Enivré de désir et d'amour, Vincent en perdait toute sa retenue, tout son marasme habituel. Il était amoureux, et il s'amusait avec le plus merveilleux des jouets: son ange, le seul être capable lui-même de manipuler les fils les mieux cachés de l'esprit de l'ancien interne. Les raisonnables marionettistes s'en étaient allés, et les pantins avaient fermé la porte à double tour avant de laisser l'extase se saisir de leurs liens. Quel délai faudrait-il pour que la sagesse parviennent à faire défoncer le battant à ses sbires? Aucune idée. Mais Vincent comptait bien s'arranger pour que cet instant de répit dure très, très longtemps.

La ceinture d'Elhil ne tarda pas à céder aux tranquilles assauts de l'ancien médecin, qui fit couler le tissu indésirable le long des cuisses de son jeune amant sans prendre la peine de l'entraîner au-delà des genoux. Ses mains fines relachèrent le tissu et remontèrent lentement le long de la peau satinée des jambes du bel Indien, comme toujours incrédules de redécouvrir pareil trésor, tandis que le Français se penchait pour aller affectueusement mordiller la gorge de son cadet. Vincent ne pouvait s'empêcher de rire intérieurement de l'exceptionnelle retenue de son jeune amant, qui malgré les incessantes provocations de son turbulent partenaire restait d'une stoïcité à toute épreuve. Les gémissements semblaient condamnés à mourir sur ses lèvres finement rosies, et ce même lorsque l'une des mains de l'ancien interne se glissa sournoisement entre ses cuisses. Nul son n'échappa à Elhil, mais le Français le sentit frémir de tout son être sous lui, et il glissa dans l'oreille de l'aryen un murmure qui était lui-même une caresse:


"Chatouilleux?..."

Curieux de voir jusqu'à quel point le jeune Indien pourrait maîtriser son désir, et également de constater quelles étaient les limites de son propre self control, Vincent déboucla sa ceinture pour se débarasser sans hâte de son propre pantalon et se couler entre les jambes de son amant. Le contact explosif du bas-ventre d'Elhil contre le sien faillit le faire crier, et il ne reprit le commandement de ses émotions que d'extrême justesse: il ne s'attendait pas à la folle impatience qui s'était soudain déployée lors de ce contact intime. La bête s'était enfoncée dans ses entrailles, elle avait escalader ses nerfs pour faire frissonner l'ensemble de sa peau et noyer son esprit sous une immense vague de désir. La tête enfouie au creux de l'épaule d'Elhil, Vincent prit le risque de bouger légèrement afin de mieux accoler son corps et celui de son jeune amant, l'âme incendiée par cette peau à l'ambre passé qu'il pouvait enfin toucher aussi pleinement qu'il le désirait.

Plus hardi de seconde en seconde, le Français se redressa sur ses reins cambrés pour gratifier d'un autre baiser les lèvres entrouvertes de son ange. La simple vision de ce visage métamorphosé par le plaisir plongeait Vincent dans un océan de tendresse qu'il aurait qualifié de fort niais s'il avait été dans son état normal. Mais il était avec Elhil, il était contre Elhil, et l'adjectif "normal" s'évanouissait dans le néant avec la soudaineté et la violence d'un feu de paille. L'ancien médecin se sentait bien, mieux qu'il ne l'avait jamais été de son vivant, peut-être. Et s'il en croyait les jambes de l'Indien qui remontaient lentement le long de ses flans, il allait se sentir encore et toujours mieux. Ne pas penser au lendemain et à la gueule de bois, c'était tout. La main gauche de Vincent alla se poser sur la cuisse d'Elhil et stoppa sa remontée pour l'empêcher de retrouver les pré-acquis de la clairière. Le regard noir et étincellant de plaisir chercha les yeux pers voilés d'extase, et le Français lâcha dans un souffle:


"Non, pas comme ça. Laisse-toi faire."

Ses lèvres frôlèrent celles de l'ancien chanteur tandis qu'il rallongeait gentillement la jambe fautive. Puis la bouche de Vincent descendit le long de la mâchoire de son amant, dissimulant habilement le fait que le corps du médecin se laissait également glisser sur le côté. Sans cesse, la même pensée revenait hanter l'esprit éperdu d'amour du fantôme: ne pas lui faire mal, surtout ne pas lui faire mal... Le plus délicatement possible, le Français vint saisir l'épaule de l'Indien pour l'inciter à se tourner sur le côté gauche, tandis que lui-même se faufilait dans son dos. Ses bras retournèrent promptement encercler la taille et les épaules du bel aryen, et Vincent ramena son jeune amant contre son torse. Il se sentait si bien, allongé ainsi sur le flan, avec son ange lové contre lui... Joue posée dans le cou d'Elhil, le Français laissa ses jambes s'entremêler avec celle de l'Indien tandis qu'il s'accordait un petit choc électrique en laissant son bassin frôler la tendre peau du bas du dos. Incapable de regarder son amant dans les yeux, il ferma les paupières tandis que sa bouche répétait machinalement, sur le même ton étouffé:

"Laisse-toi faire..."

Et avec toute la lenteur et la tendresse dont il pouvait faire preuve, il s'appliqua à se fondre en son amant.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptySam 12 Aoû - 14:35

Même ses rêves les plus insensés n'avaient su le préparer à un tel raz-de-marée de plaisir. Imaginer et ressentir étaient des choses différentes, c'était indéniable…

Ses draps retrouvaient un confort délicieusement nouveau, maintenant qu'il pouvait en profiter avec son bien-aimé. Elhil, la tête lourde et légère à la fois, se laissait doucement aller à la noyade, s'abîmant dans cette douceur où il aurait tout aussi bien voulu mourir.
Les yeux mi-clos et le menton haussé, il se délectait paresseusement du baiser que Vincent semait sur sa gorge sensible, ses soupirs de contentements roulant dans sa gorge sans possibilité de s'exprimer plus distinctement. Sauf qu'une main "égarée" par le Français à ce même instant lui fit l'effet d'une décharge électrique, et il dut puiser courageusement dans ses maigres restes de réserve la volonté suffisante pour ne pas laisser échapper une douteuse exclamation. Pour combler cette vacuité sonore, chaque parcelle de son corps vibra longuement comme s'il luttait pour se libérer du joug stoïcien d'Elhil.
Haletant et les mains crispées sur les draps, l'ancien chanteur perçut la remarque taquine de son amant à l'oreille comme une provocation de plus. De la torture, c'était bien de la torture. Ô combien délicieuse, soit dit en passant…
"Chatouilleux"... N'importe quel homme le serait en de pareilles circonstances…!
Le blond esquissa une moue de gamin contrarié pour toute réponse, sa main logée sur la nuque de Vincent picorant vindicativement du bout de ses ongles la peau d'albâtre si avide de caresses.
Mais le Français se déroba à ses représailles pour se débarrasser tranquillement des derniers remparts matériels que constituaient ses vêtements. Redressé précairement sur un coude, Elhil le regarda faire d'un air rêveur, une ombre de sourire appréciateur flottant sur ses lèvres. Quelle douce folie, vraiment…
Son aîné se rapprocha de lui, et une délicieuse effervescence gagna les entrailles de l'aryen alors que leurs peaux nues se confondaient enfin.

"Vin…"

Ce qu'il comptait dire au Français se dissipa dans son esprit comme brume au soleil lorsque l'Ombre vint s'accoler à lui, et sa voix s'étrangla dans un hoquet de stupeur mêlée d'une foule d'autres sensations explosives. Tremblant sous le coup de cette lave qui se déversait impitoyablement dans ses veines, il resta un long instant immobile, les muscles crispés et le souffle erratique. Ses mains s'étaient ancrées sur les omoplates de Vincent et y avaient laissées de fins sillons colorer d'amarante la peau liliale de l'Ombre; mais exhortées par cette vague déferlante de désir, il les laissa s'aventurer le long de sa colonne vertébrale pour redessiner du bout des doigts les lignes de son corps et de quelques caresses accentuer indirectement le contact entre leurs bassins.
Elhil accueillit le baiser de Vincent avec une langueur sensuelle dont il ne pouvait plus se passer. Connaître encore cette extase des sens, parcourir cette terra icognita plus loin, plus complètement…cette impression de légèreté éthylique lui avait cruellement manqué durant cette semaine de fuite. Il en était ivre, et chaque battement de son cœur martelait, perlait son appétit d'amour…
Il mit d'ailleurs un point d'honneur à formuler explicitement son envie en répondant fiévreusement à son baiser, sa langue partant à l'assaut de la bouche de Vincent pour le rendre aussi intense que possible. Et, avec une lenteur qui contrastait avec son impatience brûlante, il éleva ses genoux dans une invitation sans équivoque. Mais une main se posa sur sa cuisse, interrompant muettement son élan. Bref instant de perplexité; Elhil ouvrit ses paupières étrangement pesantes pour croiser le regard anthracite de son bien-aimé, juste avant que son murmure ne s'élève doucement.

"Non, pas comme ça. Laisse-toi faire."

L'Indien un soupir, non pas pour exprimer une quelconque frustration, mais pour signifier son contentement. Il se laissa docilement manipuler par Vincent, ne sachant cerner exactement ses intentions mais lui accordant naturellement toute sa confiance.
Elhil se retrouva adossé au torse du Français, blotti entre ses bras prévenants. Il pouvait sentir la peau tiède de Vincent contre la sienne, leurs frictions grisantes et goûter encore et encore à cette douceur aussi étourdissante que le plus spiritueux des alcools.
Le blond perçut un écho de la phrase apaisante de son aîné, accompagné d'une caresse éthérée à la naissance de son épaule. Il frémit, mais pas à cause du souffle égaré par l'ancien interne.
La respiration bloquée, il sentit Vincent le pénétrer avec toute la délicatesse qu'il pouvait lui gratifier. Un pli se creusa entre les sourcils d'Elhil, alors qu'une de ses mains trouvait à tâtons celle de Vincent pour entrelacer leurs doigts avec fermeté. La douleur, ou plutôt l'inconfort était semblable à celui qu'il avait connu pour la première fois au pied de l'Arbre…Est-ce que cela se produirait à chaque fois? Sincèrement, il n'en savait absolument rien, pas plus qu'il n'était au fait des us et coutumes homosexuelles.
Loin, très loin au-dessus de ces considérations pragmatiques, Elhil avait consciencieusement dénoué ses muscles après avoir repris un souffle moins irrégulier, et concevait déjà un certain plaisir à savoir son amant en lui, désirant déjà goûter à l'extase sensorielle que Vincent lui avait déjà offert, une semaine d'éternité auparavant.

"N…t'arrête pas…"

Articulée prudemment dans un gémissement lascif, sa demande ne tolérait aucun refus, bien qu'il n'ait aucun soucis à se faire de ce côté-ci. Elhil se cala plus confortablement contre le corps de Vincent, sa peau constellée de légers frissons extatiques, et esquissa un léger mouvement de tête pour repousser de sa tempe une longue mèche de cheveux. Si quelque part le corbeau continuait de le couvrir d'injures blessantes –ce dont il ne doutait pas-, il ne prêtait plus oreille qu'à la respiration ponctuée de soupirs de l'ancien interne, à laquelle se mêlait la sienne tout aussi troublée.
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyDim 13 Aoû - 17:23

Vincent s'infiltra dans ce corps juvénile avec une lenteur teintée d'appréhension, crainte de se conduire de manière aussi brusque et vive qu'il avait eu la sensation de le faire dans la clairière. L'insoutenable envie qui faisait pulser un deuxième coeur au creux de ses reins ne parvenait pas à effacer cette peur, cette terrible idée de faire souffrir son bel ange faute de savoir se contrôler, et le Français se figea avec promptitude dès qu'il sentit une crispation indésirable parcourir la chair de son jeune amant. Haletant, il attendit deux interminables secondes, essayant de déterminer jusqu'à quel point il pouvait s'unir à ce délicat Indien sans avoir l'impression de profiter de lui, de sa jeunesse, de son inexpérience. Les doigts d'Elhil vinrent enserrer ceux que Vincent avait posés sur cette taille érotique à souhait, contact brûlant qui fit tressaillir le Français de manière tout à fait perceptible. Cette étreinte était un accord, et les quelques mots soufflés par l'ancien chanteur ne furent qu'une divine confirmation de ce que son aîné avait déjà compris. Jamais celui-ci n'avait été si heureux de recevoir un ordre.

Noyé dans l'onctueuse chevelure de l'Indien, Vincent ferma les yeux et retourna embrasser cette gorge nacrée dont il ne connaîtrait jamais assez la saveur salée, tandis que ses hanches esquissaient un infime recul pour mieux retourner s'accoler à celles d'Elhil. Le Français enfouit son visage dans le cou de son cadet pour y étouffer un long soupir, douloureux de plaisir refoulé. Doucement, il sentit son bassin entamer pratiquement de lui-même la langoureuse et simple danse qu'il ne pouvait plus différer, et Vincent se sentit enfin le droit de s'abandonner à l'extase qui envahissait la moindre fibre de son être. Chaque mouvement des reins l'unissait un peu plus profondément à son cadet, en une fusion complexe qui prenait sa source aussi bien dans la réponse des hanches cambrées d'Elhil que dans la déferlante d'émotions absorbée par le coeur asséché du Français. Cette fois, la peau ambrée ne fut pas un rampart suffisamment solide pour contenir le gémissement rauque qui oppressait les bronches de Vincent. Peut-être l'Indien put-il y déceler son prénom.

L'ancien interne ne cherchait plus à comprendre par quel prodige il pouvait se trouver si étroitement mêlé à un être aussi parfait que cet éthéré angelot. Il ne se sentait pas la force de nier davantage l'immense fierté qu'il tirait de cette relation, l'incommensurable orgueil de sentir un être aussi jeune et beau vibrer et gémir grâce à lui. La main gauche de Vincent quitta temporairement les épaules qu'elle encerclait pour aller saisir le visage efféminé et l'inciter à se tourner sur le côté, suffisamment pour qu'Elhil vienne souder ses lèvres à celles de son aîné. Le Français l'embrassa avec une délicatesse consommée, toute sa passion engloutie dans le va-et-vient régulièrement accéléré de ses reins.

Il décida alors qu'il n'avait plus à craindre de se faire surprendre. Cette pensée surgit d'un seul coup, stupéfiante idée sensée surnageant dans l'océan irraisonné de la jouissance amoureuse et physique. Jamais plus il ne se priverait de son ange, jamais. Par tous les démons de l'Enfer, il était le chef des Ombres! Il avait largement le pouvoir de protéger son jeune amant, il était capable de raser l'ensemble de la vallée s'il le fallait. Plus question de se cacher. Elhil comprendrait, Elhil devrait comprendre. Il l'aimait, et personne n'avait le droit de l'en empêcher. C'était aussi simple que cela.

Le fantôme à la chevelure de jais sourit sous le baiser de l'Indien, et la main que ce dernier avait si ardemment prise dans la sienne se glissa lentement sur le ventre plat, en un chemin qu'elle commençait à bien connaître. Sans se soucier des doigts arachnéens qui enserraient toujours son métacarpe mais laissaient libre sa paume, Vincent faufila une nouvelle fois sa main entre les cuisses d'Elhil, en une caresse autrement plus appuyée et insistante que les taquineries qui avaient précédées. Il laissa son instinct guider ses muscles, et le rythme des audacieuses allées et venues de ses doigts finirent presque par s'accorder à celles de ses reins, ce dont l'ancien médecin fut confusément satisfait: après tout, lui aussi ignorait tout des plaisirs de la chair que peuvent partager deux hommes, et il n'était pas mécontent de découvrir ses capacités d'improvisation.

Sa respiration réduite à l'état de soupirs lascifs en accord avec les mouvements saccadés de son bassin, Vincent serra encore plus étroitement Elhil contre son torse, comme si leur étreinte n'était pas encore parvenue à son paroxysme. Le Français goûta du bout des lèvres à l'une des mèches d'or du bel Indien, et son tempérament d'amant joueur reprit le dessus sur l'orgasme à venir, le temps pour lui de murmurer:


"Tu aimes?..."
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MessageSujet: Re: /!\ Dans le couloir...   /!\ Dans le couloir... EmptyDim 27 Aoû - 19:13

Le tissu léger du drap se froissait dans un doux bruissement, se torsadant en plis, épousant les reliefs des deux corps étroitement enlacés, allant et venant comme une caressante vague blanche sur leurs peaux, mue par leurs propres mouvements. Sur la surface toute aussi lactescente des oreillers s'échouait de façon quasi liquide la chevelure blonde d'Elhil, où les ruisseaux dorés de ses longues mèches décrivaient des boucles et autres motifs délicieusement désordonnés.

L'Indien ressentait confusément toute la fiévreuse douceur mêlée de douleur sensuelle, étant de moins en moins capable de clarifier ce flot continu de perceptions, qu'une Ombre n'était d'ailleurs pas censée connaître ou apprécier.
Une Ombre se nourrissait de peur, de sentiments âcres et blessants…mais qu'en était-il des émotions positives? C'était une alchimie particulière que Vincent et lui pratiquaient…Il avait l'impression de s'abreuver du plaisir du Français aussi sûrement que son amant dévorait son propre ravissement. C'était curieux, étrange. Et plaisant, car à l'extrême opposé de ce qu'ils devaient commettre régulièrement pour survivre…


Elhil, la respiration saccadé, noyait sereinement raison et conscience dans cet océan de jouissance, pour mieux s'adonner aux sensations grisantes que lui procurait l'amour de Vincent. Sa peau était parcourue de tant de frissons qu'il sentait ses forces s'évaporer à force de tension dans ses muscles.
Le Français ne cessait d'ailleurs plus d'exacerber sa peau sensible de ses suaves caresses, et plus encore de sa présence intime, qui a chaque va et vient en lui l'étourdissait un peu plus en le conduisant progressivement vers le vertigineux apogée de leur étreinte. Son esprit tournait à vide, totalement anesthésié par les bons soins de l'ancien interne; par ailleurs faire appel à lui était d'autant plus inutile que la moindre prise de conscience de leur acte l'aurait impitoyablement ancré à une trop lourde anxiété. Un poids trop lourd pour des ailes vaporeuses et fragiles.
Le murmure de Vincent lui parut très lointain, alors avait parfaitement senti son souffle brûlant s'échouer sur sa peau après avoir fait danser brièvement quelques mèches dorées.

"Tu aimes?..."

Cette interrogation relativement salace –surtout à un moment pareil- aurait pu arracher un doux rire amusé à Elhil s'il tenait encore les rênes de son corps, ce qui n'était plus vraiment le cas. Il était parvenu à un stade où "aimer", ni même "adorer" ne parvenaient plus à cerner avec exactitude son état. Mais de toute façon, la réponse aurait été aussi sincère, concise et nette que pouvait l'être un "oui".
Cette réplique, si simple et anodine en d'autres circonstances, émergea du profond marasme de ses pensées comme un soleil se levant au-dessus d'une mer obscure. Mais plus encore, elle provoqua un déclic, marqua le point extrême de son plaisir charnel, annonça la rupture de sa digue nerveuse…
Ponctué d'un hoquet étranglé dans sa gorge, le corps entier de l'Indien se tendit dans un dernier instant de tension, avant qu'il ne se libère presque aussitôt.
La respiration rapide, presque sifflante, Elhil ferma les yeux pour tenter d'imposer un rythme moins effréné à son souffle et aux battements déchaînés de son cœur, ce que l'on sait ne pas être une mince à faire après ce genre "d'exercice"...
Ses muscles se décontractèrent progressivement, mais des frissons continuèrent à parcourir sa peau moite de sueur à intervalles réguliers, ne lui laissant guère plus de répit qu'auparavant.
La jeune ombre cala sa nuque au creux du cou de Vincent, et entrouvrit légèrement ses yeux pers, comme s'il émergeait d'un rêve particulièrement agréable dans lequel il se serait replongé bien volontiers.
Sa main diaphane captura à nouveau celle de son aîné, l'attirant vers son sternum avant de l'étreindre avec une fermeté nuancée de tendresse, comme pour lui faire sentir le mouvement de sa cage thoracique, mais aussi le tempo lourd et saccadé de son cœur.
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