Un nouveau foyer ? (nouveau tombeau)

( -> antre des chimères )

Alphos avait quitté l' antre un peu déçu. Cela faissait longtemps qu' il était parmi eux, mais cette agressivité envers lui heurtait tous les jours un peu plus sa sensibilité, lui qui faissait tout pour qu' aucune chimère n' ait froid ou faim. Sa silhouette serpentine se faufila jusqu' à un petit sous bois, et il commença à amasser dans son sac des branches mortes, les trop grosses, il les coupait avec sa hachette. Puis, il se gratta la main, et continua son travail.
Puis, au détour d' un sombre chemin, il la repéra. Un petit dôme, recouvert de feuilles gelées, comme un terrier fait dans le béton.

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S ' approchant de façon prudente, Alphos regarda à l' intérieur. Une issue, pas trop petite, pas trop grande, qu' il franchit avec facilité, un couloir menant à une pièce unique. Un feu ouvert. Une peau de bête étendue sur le sol, quelques vêtements, puis une odeur... Un humain...
Une trappe, sans doute une cachette. Il sentait l' humain, mais laissa la trappe fermée.
Pour le moment. Un balai. La pièce était donc régulièrement ballayée.
Des fruits sauvages séchés, de l' eau, sans doute venant du puit qu' il a vu dehors.
Alphos était content, il avait trouvé une nouvelle antre pour lui tout seul, en cas ou les autres chimères le chasseraient. Une étincelle de feu animait encore la cheminée.
Alphos se fit un devoir de réanimer ce feu, puis s' installa sur la peau de bête. Soudain, la trappe s' ouvrit, et un homme en sortit, le regard observant la pièce.
Il s' avança vers Alphos :

- qui es tu, naga* ?

- Une chimère... Qui a faim...

L' homme voulut fuir, mais Alphos s' empara de lui, l' étouffa dans ses anneaux, puis, installé sur la peau de bête, commença son repas, en commençant par le foie.
Alphos ne pouvant le manger en entier, il découpa les restes qu' il mit dans un vieux chaudron, en salant chacun de ces morceaux, pour éviter qu' ils ne pourissent, puis se remit près du feu, profitant de la douceur de son nouveau foyer.
La porte était fermée, la chimère avait de quoi alimenter le feu durant la nuit, qui s' avançait.
Alors Alphos soupira, et s' installa pour dormir tranquillement.
Cette nuit là, les rêves d' Alphos furent peuplés de souvenirs, de chimères agressives, et de sa mort... Quand ils l' ont débranché.
Une colère sourde le fit s' éveiller, et le fit tousser. L' aube d' un jour nouveau, un de plus sur Hollow Dream.
Alphos se leva et alla remplir une casserole de neige et la suspendit au dessus du feu, grâce à une barre en acier se trouvant là.
Après s' être lavé, chose que la chimère faissait tous les jours, Alphos mit son tablier, puis son manteau en peau d' ours, puis réanima le feu, pour garder une certaine température dans la pièce.
Il jeta l' eau de sa toilette, et dans une 2éme casserole, pela un morceau de cuisse de sa gangue de sel, et prit son petit déjeuner.
Puis il mit son ceinturon, avec sa hache; et s' apprêta à partir...

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* Homme serpent

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(voilà, 3615 kinenveut... )

[revenant de la partie de chasse où il a servit de gibier..... ]

Alors qu' Alphos s' apprêtait à sortir, il sentit une odeur... Une chimère, blessée...
Son sang ne fit qu' un tour, il fallait qu' il sache, peut être était ce une chimère qui s' était fait attaquée par une bête... Alphos allait se précipiter dehors, quand la chimère ouvrit grand la porte.

- Alphos est là, viens donc vite par ici...


Alors, il le vit, Chahîd, la chimère sauvage, blessée, et se retournant vers lui. Alphos lui dit :

- Viens, il y a de la viande, si tu as faim...

La chimère serpent alla vers la chimère sauvage, habillé d' une étrange cape qui avait l' odeur d' une ombre, se qui troubla un peu Alphos, qui se gratta la tête. Il se passait décidément des choses étranges, dans cette forêt. Alphos serpenta près de la chimère sauvage, prêt à l' aider pour s' asseoir près du feu.

- Allez, viens, ne restes pas planté à l' entrée, Alphos va te soigner, il a des pansements, et une paumade pour cicatriser te plaies...

Alphos était d' une sincérité déconcertante, presque paternel avec Chahîd, il lui tendit la main pour l' aider, si besoin est, pour l' aider à se mouvoir.
Ca ne devait pas être trés confortable de se mouvoir avec une balle dans le flanc.
Alphos prit des morceaux de viande, et les tendit à la chimère sauvage, les dégageant du sel et lui dit :

- C' est de la viande fraîche de ce matin, mange ce que tu veux...

Voyant la chimère s' écrouler, Alphos l' enroula doucement dans ses anneaux pour le ramener au chaud, puis l' installa sur sa peau d' ours, puis alla fermer la porte. Il retourna dans la pièce, et mit la chimère en position mi assise, qui est plus aisée quand on est blessé. Il mit sa main sur le front de la chimère, puis, profitant qu' elle était inconsciente, lui enleva la balle de son flanc, recoussu la plaie avec un fil grossier, puis y appliqua sa paumade sentant la poiscaille, avant de lui faire un pansement digne de ce nom. Comme la chimère semblait apprécier la cape, il lui couvrit les jambes avec et s' installa sur l' autre peau de bête, de l' autre côté de la cheminée.
Soupirant, il remit la viande au saloir.
A quoi pensait Alphos à ce moment là ? A pas grand chose, en fait, il voulait que la chimère s' en sorte et admira un instant la balle, puis la renifla.

* Des humains... Mais qu' est ce que la cape de l' ombre fait dans l' histoire ? * se demanda Alphos...

Alphos en profita pour se gratter les côtes, puis entendit des bruits venant de la trappe. Des rats ? Non, mieux, un humain, resté planqué dans le sous sol. Alphos se jetta dessus, le tua en l' étouffant, puis en mangea un peu avant de découper des morceaux, qui rejoignirent le saloir, situé à l' opposé de la cheminée.
Alphos regarda sa réserve de bois, bien suffissante pour trois jours, à côté de la marmitte/saloir, et revint à sa place. En passant, il caressa la douce pelisse de la chimère, et observa sa respiration.
Respiration douce et calme, comme celle d' un enfant qui dort, ce qui le rassura.
Alphos s' installa sur sa peau d' ours et resta pour veiller sur la chimère sauvage blessée, tout en terminant de manger le foie de sa dernière vistime. C' était le morceau préféré d' Alphos, et si vous lui demandez pourquoi, il ne saurait lui même pas vous répondre.
Les heures fillèrent, la chimère sauvage dormait toujours sereinement...

Alphos regardait la chimère se tordre, visiblement, elle avait mal. Chahîd rêvait. La chimère serpent attendit qu' il se calme pour lui appliquer une compresse sur le front pour faire tomber la fièvre, et le laissa tranquille.
Puis Alphos regarda ses mains.

- Alphos a les mains froides ?

Puis il retourna à sa place, et se mit à soigner sa propre blessure, et se gratta les écailles. De ci, de là, il extirpait un ou l' autre petit bouton, puis se gratta le nez. Alphos n' avait plus l' habitude des bonnes manières, mais ça ne le gênait pas.

Alphos regardait la chimère endormie dans la cape qui sentait l' ombre, puis une idée, qui lui semblait saugrenue, lui vint en tête.

* Il est amoureux d' une ombre ? *

Alphos fronça des yeux, et plissa le nez. Les Ombres, toujours à s' immiscer dans la vie des Chimères et à les snober, parce que celles ci mangeaient de la viande. Il se demanda ce qu' il avait trouvé à celle ci de si particulier pour étreindre son coeur de ce doux sentiment, qui était devenu si étranger à Alphos : l' amour.
Lui qui était devenu un être instinctif, il était presque jaloux de Chahîd.
Alphos se mit à somnoler, rêvant lui aussi de cet être idéal qui remplirait son coeur de ce sentiment si doux...



Alphos la vit, dans son rêve, s' approcher de lui et le séduire, le regarder avec tendresse, dans un "frétillement" amoureux, les anneaux entrelacés les uns dans les autres...

Puis, Alphos se réveilla, le temps de constater qu' il fallait remettre du bois dans le feu, le temps aussi de constater que son rêve eut un effet sur son physique reptilien. Un peu gêné, il espérait que la chimère sauvage n' eut rien remarqué, puis remit du bois dans le feu, avant de retourner à sa place, remettant une compresse fraiche sur le front de la chimère, en passant, puis, une fois à sa place, une sur son visage, pour se calmer un peu.
Alphos siffla, puis but un peu d' eau, avant de toussoter, veillant à ne pas réveiller Chahîd...

-"Qu'est ce que t'as à me regarder. Comme ça.
J'suis pas beau au réveil, frère ?"

Alphos fut surpris par cette phrase, mais il tendit des morceaux de viande sanguinolant à la chimère.

- Alphos a chassé pour toi, mange à ton aise, Alphos a déjà mangé...

Alphos se désaltéra avec un peu d' eau, en fait, de la neige qu' il faissait fondre au coin du feu, dans des pichets de terre cuite.
Puis, sans demander l' avis de la chimère sauvage, alla voir son pansement, le retira délicatement et observa la plaie.

- Alphos est content, ta plaie se referme et tu n' as pas de pus dedans...

Avec une habilité à faire pâlir de jalousie la meilleure infirmière du monde des vivants, Alphos nettoya la plaie, puis mit de la paumade, et refit un pansement à Chahîd.
Il le regarda, avec les yeux amicaux d' un frère. Il l' avait appellé "frère", et cela fit plaisir à Alphos, qui lui donna un linge pour que Chahîd se lave le visage.
Alphos avait horreur de toucher à un visage de chimère, du moins consciente, certaines avaient un humour mordant.
C' est alors que Chahîd pu voir les mains fines anguleuses, terminées par de terribles griffes d' Alphos, ainsi que son regard reptilien d' un peu plus près. Ne voulant pas incommoder la chimère sauvage, Alphos alla se réinstaller sur sa peau d' ours, laissant à la chimère sauvage la précieuse étoffe qu' il malmenait, puis qu' il semblait cajôler, sans rien rajouter...

Alphos ne savait pas trop comment réagir, face à la chimère sauvage, qui semblait être en proie à de violentes pensées, contradictoires, qui se heurtaient dans sa tête. Alphos se contenta donc de rester près du feu, avant de lâcher bien involontairement un "atchoum", et de se moucher avec un linge propre.

Se grattant les écailles, il s' aperçut alors qu' il muait, car sa peau des bras était comme ternie, et les écailles usées se détachèrent, laissant à la place des écailles neuves. Cette peau usée, Alphos la retira comme on retire une paire de gants. Il regarda ses griffes. C' est donc pour ça qu' il se grattait tout le temps. Alphos était un peu gêné de muer ainsi devant une autre chimère, et quand tout sa vieille peau fut partie, il regarda cet espèce de jumeau vide. Il mit sa vieille peau près de lui, en attendant que la chimère sauvage retrouve ses esprits. Alphos avait l' habitude de ce genre de situation.



Beaucoup de chimères tentaient, en effet, au delà de leur colère, de leur rage, de trouver une raison psychologique à leur situation, d' autres devenaient enragées, d' autres encore faissaient des crises de tétanie qui pouvaient durer plusieures heures.
Ce qui n' arrangeait guère Alphos, plus vulnérable pendant 24 heures, à cause de sa mue...

Alphos était attéré de voir ce que la chimère sauvage se faisait. Il rouvrait la plaie, en psalmodiant une incantation silencieuse. Il voulait lui dire de ne pas le faire, mais c' est alors que son nez se mit à saigner. Alphos regarda la chimère sauvage, qui lacha :

Citation :

"Qu'est ce que tu fais seul ici ?"

Surpris, Alphos lui répondit, simplement :

- Alphos a toujours été tout seul, les autres chimères l' ignorent ou le traitent de "monstre", alors Alphos, lassé, est partit du groupe.
Mais un mot, un geste de Cold, et je reviens au Cardinal Jail's... Et puis, Alphos fait ci, Alphos fait ça. Pas de repos pour Alphos.
Alphos en a eu marre... Partit, Alphos...

En disant cela, la chimère serpent s' anima, mais craignant une réaction vive de la chimère sauvage, Alphos revint sur sa peau d' ours et dit simplement :

- Jamais Alphos ne s' est sentit aussi seul et triste dans cette vallée maudite...

Alphos regarda Chahîd d' un air étrange, comme perplexe, mais il se concentra pour répondre à la chimère sauvage.

Citation :

-« C’est à toi de changer les choses, pas à eux.
Rien ne changera si tu reste là, cloitré et tu finiras par crever,
parceque tu as besoin des autres,
trop besoin des autres.
Enchaîné...

Fidèle à Cold… tu dis... mouton ou reptile...
qu’est ce qu’il te donnerait celui là chimère ? hum… ?
Qu’est ce que t’y gagne à la servitude, t’espère quoi ?
Une médaille pour bonne conduite peut-être.

La chimère sauvage envisage t' elle de prendre le pouvoir ? lui demanda t' il

Citation :

Les faibles ici comme ailleurs finissent dans un trou ou crèvent dans un terrain vague
et tout le monde s’en fout.

Et c'est bien comme ça.

Dois je encore survivre pendant les dix années à venir ? Je me bats tous les jours, et chaque jour est plus difficile que le précédent...

Citation :

Fais ta place chimère.
Et elle vaut aussi chère que celle de n’importe quel gugusse qui se prend pour la reine d’Angleterre, le chapeau en moins.
Debout mon frère.
Je veux pas voir un semblable dans une telle misère, debout.
On dirait un humain mec.
C’est les coups de pieds au cul qui te manque,
et un peu de compagnie…
Moi je veux sortir de ce merdier, si t’es partant je t’emmène, et tu vivras en créature,
libres. »

Un frisson parcoura le dos d' Alphos... Libres... Liberté...

- Serons nous un jour libéré de cette vallée infernale ?

Citation :

Il extirpe de sa pelisse une vieille pièce de monnaie qu’il fait rouler entre ses doigts,
l’observe

-« Pile ou Face ? »

Alphos eut un frisson, que voulait dire ce jeu ? Un piége ? Il renifla la pièce, comme pour sentir ce qui allait se passer, recula et fronça les sourcils.

- je ne sais pas, pile ?

Alphos fit la moue, toutes ces informations se bousculaient dans sa tête, dans tous les sens...



Alphos se rendit compte, alors, qu' il était aussi utile à Cold qu' un rouleau de papier Q vide, et dit à Chahîd :

- Il faut renverser Cold. Toi, tu seras un bon chef, toi, tu aideras mieux les chimères, pour vaincre...

Il se tut... Chahîd avait encore la cape en main, Alphos se gratta la tête, puis rajouta :

- Quand tu seras chef, tu ferras ce que tu voudras...

Alphos attendit la réaction de Chahîd, alors que lui même était resté sur sa peau d' ours...

[je suis franchement vert là Alphos.....]

Alphos ne savait pas quoi répondre, son cerveau n' arrivait pas à tout enregistrer, tout ce qu' il a compris c' est pile ou face.
Visiblement, la chimère sauvage était énervée, mais de quoi ?

- Je ne sais pas moi, je dirai pile, mais si ça se trouve je devrai dire face.
C' est quoi, ton jeu ? Je gagne quoi, moi ?



Pas de quoi en faire un révolutionnaire, ni même un guerrier.
Alphos avait usé toutes les cartouches, ici, dans la vallée, il ne lui restait pas grand chose, et ce pas grand chose était loin de penser comme un être doté d' autre chose que de son éternel besoin de se nourrir et de se chauffer.



De quoi énerver la chimère la plus calme, la plus patiente que la vallée comptait. Alors, la chimère sauvage...
Alphos alla vers la chimère sauvage, puis lui dit :

- Excuses moi, mais j' ai pas compris ce que tu disais, j' ai comme eu une absence, ça m' arrive de plus en plus fréquemment... FACE !

Alphos haussa les épaules, en regardant la chimère sauvage partir.
Décidemment, il ne semblait pas doué pour vivre avec les autres chimères.







Mais ce froid sinueux s' infiltra dans son logement, durant la nuit.
Alors que l' âtre séteignit, Alphos se sentit prit par la douceur glaciale du froid, dans une berceuse mortelle, étreint par la mort.
La neige redoubla, habillant d' un linceul blanc le logement devenu tombeau d' Alphos.
Il semblait dormir mais son corps serpentin se momifia, se ducit en quelques heures.
Au loin, une renarde gémissait en donnant naissance à une portée de renardeaux...