Hollow Dream
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 [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth

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~Echo~
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~Echo~


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MessageSujet: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyDim 1 Fév - 19:07

Neuvième îlot
Mirahil, Vincent et Saedroth



    Ca brule, tout ce sable, toute cette flotte, qui s'est infiltrée sous vos
    vêtements, ce maigre rempart contre l'assaut des éléments. Vous
    vous attendiez à vous réveiller bien au chaud dans votre repaire, mais
    c'est sur une plage que vous ouvrez les yeux. Et avec à perte de vue,
    de l'eau, bleue fadasse, qui dégouline encore de vos chaussures. Froide, mais
    heureusement pas salée. Un rapide tour d'horizon vous fait rapidement
    comprendre que vous êtes dans une merde noire. Et que les corps allongés
    à coté du vôtre le sont aussi.



[ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth Barre_10

A quelques mètres de vous est échouée sur le sable...


Une planche: Non, pas une planche de surf façon Hawaï. Une bête grosse planche de bois, un peu vermoulue, aux extrémités roussies. Sans doute un débris de ce qui vous servait de maison, avant de petit raz-de-marée. Oh ça flotte oui, même si ça inspire beaucoup moins confiance que ladite planche de surf... Et que c'est beaucoup moins grand, aussi. Un mètre sur cinquante centimètres, en comptant la vase qui adhère aux bords. Pour tenir à trois là-dessus, ça va être très intime... Voire pas du tout possible, en fait.

[ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth Barre_10


Vous vous éveillez tous en même temps, à quelques minutes près. Au vu des circonstances, il est préférable de ne pas égorger votre camarade de malchance dans son sommeil, ni durant tout le séjour sur cette île paradisiaque. Qui sait, il pourrait vous sauver la vie plus tard .. ou au mieux ramer à votre place.
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Saedroth
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Saedroth


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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyDim 1 Fév - 19:54

Saedroth...

Saedroth

Réveille-toi, Saedroth...

Il court dans les bois gelés d'Hollow Dream sous une lune blafarde, la peur aux trousses. Autour de lui, un silence de mort, uniquement rompu par son souffle strident. Les arbres semblent vouloir le happer de leurs branches noires d'où pendent des stalactites étincelants, ses lourdes bottes s'enfoncent dans la neige avec un bruit mou. Pourquoi il est dehors, en pleine forêt, la nuit? Les Bêtes vont le mettre en pièce! Il zigzague comme un forcené entre les troncs couverts de givre, enjambant les souches traitresses. Il faut qu'il regagne le village, il sera en sécurité là-bas...
Sans transition, il se retrouve dans l'église du village, en Automne, ses bancs renversés, sa croix profanée par un cadavre crucifié et éviscéré qui le toise de ses orbites vides. Derrière lui, toujours cette présence qui le terrorise. Il court sans se retourner, faisant claquer ses bottes contre le plancher maculé de sang séché. L'église semble s'étirer à l'infini tandis qu'il court vers l'autel, à bout de souffle. Dans un élan désespéré, il saute à travers le grand vitrail qui explose avec un bruit de tonnerre.
Il est dans cette grande rue marchande dans cette ville où il a vécu, il y a si longtemps. La pluie glacée le gifle par intermittences, au gré des bourrasques. La présence maléfique est toujours sur ses talons. Il ne peut pas, il ne VEUT pas se retourner. Il bouscule les passants, qui ne semblent même pas remarquer sa face suturée et putréfiée. Il croit reconnaitre un instant une de ses anciennes victimes, la vieille mendiante, assise près d'un supermarché, la plaie sur son cou comme un sourire noir et hideux. Il court encore, traverse une rue transversale.
Soudain, ses pieds se collent au sol tandis qu'une sonnerie insistante, qui résonne comme les trompettes de l'Apocalypse, arrive de sa droite. Un tramway, lancé à pleine vitesse, klaxonnant toujours, puis un grincement strident de métal sur métal tandis que le conducteur tente désespérément de freiner.

Il ne freinera pas à temps Saedroth, tu ne peux pas lui échapper, il va te heurter, il est trop tard trop tard TROP TARD


- NON!

Il se redresse brusquement. Il est allongé par terre, trempé. Il est sur du sable, qui s'est infiltré jusque dans ses vêtements. Comment est-il arrivé ici? Il ne s'en souvient pas. Tout est comme occulté par une sorte de brouillard dans sa tête.

Il se lève péniblement. Il est courbaturé comme s'il était passé dans une machine à laver géante. Près de lui, deux autres corps. Alliés, ennemis, nourriture? Il s'approche doucement. Deux Ombres. Pas bon. Pas bon du tout. Les Ombres et lui, ce n'est pas le grand amour, et quand il s'agit, en plus, de Vincent lui même et d'une de ses plus fidèles suivantes... Pour l'instant ils ont l'air KO tous les deux, mais ils vont bien finir par sortir de l'inconscience, tôt ou tard... Plutôt tard que tôt, probablement

*Pas grave. On n'est pas pressés.*

A coté d'eux, une planche. Trop humide pour faire du feu, trop petite pour supporter leur poids à tous les trois, et trop seule pour construire un radeau. Bref, une planche cent pour cent inutile. Et pourtant, ils auraient bien besoin de quelque chose d'utile : A trois sur un banc de sable, ça va être compliqué d'ici peu. Bon, pas la peine de se lamenter, il ne reste plus qu'une seule chose à faire : attendre que les deux autres se réveillent...


Dernière édition par Saedroth le Sam 28 Mar - 16:44, édité 1 fois
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Mirahil
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyLun 23 Mar - 19:39

L’eau n’a jamais su laver ni le cœur ni le corps d’une femme, elle a juste su lui donner de quoi essuyer ses larmes, de quoi se rafraichir.
La pluie était venue plus puissante, plus intense. Il n’était plus rien rester des averses, des crachins, c’était le déluge, la belle pluie, celle qui arrive et qui dévaste tout et qui ne laisse que si peu de vie...
Des masses et des masses d’eau sans fin. La fin du monde, la fin de la vallée. Une Fin, avec un grand F, un petit mot pour une si grande chose. Il faut que tout s’arrête, que tout se finisse et s’éclaircisse.
La pluie était venue et avait caressée l’aveugle, comme avant. Pourtant tout déjà était en train de changer, de sombrer. La Grise avait levée les mains aux premières gouttes annonciatrices, pour que la pluie roule entre ses doigts, pour que la pluie la libère enfin. Puis elle avait levée la tête et ouvert sa bouche cendrée. Mirahil avait soif. Soif d’amour, soif d’une présence auprès d’elle. Soif et faim aussi. Cela faisait tellement longtemps qu’elle ne buvait que peu l’âme des hommes, des femmes de la vallée. Trop longtemps. Quelques noms, deux, des gens qui lui étaient proche et qu’elle avait vampirisé. Un loup et un oiseau.

L’eau s’était infiltrée dans sa gorge et elle l’avait avalée avec délice. Comme ce poison que lui avait tendu son amant, avec la même fatalité et le même renoncement. Peut-être aurait-elle du se laisser couler au fond de la rivière, peut-être aurait-elle du jouer le rôle de la dame du lac ? Attendre juste que quelqu’un vienne et se donner comme arme, comme automate, comme l’excalibur à Arthur. Et se laisser trahir aussi, se laisser trahir pour revenir sous les eaux et y rester, pour le meilleur et le pire, pour l’éternité de la vallée, pour se marier avec elle jusqu’au renoncement même de son identité. Il n’y a plus rien à perdre, plus rien à saisir, juste cette eau qui coule d’un faux ciel, juste cette eau qui la brûle toute entière.

L’eau ne lave pas, elle éclaircie, elle dilue. Alors la grise la boit pour que tout s’échappent, s’éloignent. Pour que tout se diluent, pour que sa vie n’aie plus de sens. Ou justement si, une ligne droite, un chemin tout tracé. Un simple fil rouge à suivre, un simple fil rouge à suivre. Elle aurait dut rester auprès de Myst. Simplement, facilement. Comme elle aurait du rester dans le lac. La vie est pleine de chemin non suivi. On avance, on avance et finalement on s’éloigne de soi, et finalement on se perd, on s’enferme sans clé pour s’ouvrir.

La grise abaisse sa tête, que de regrets, que d’histoires qui se meurent. Tant de choses qui ont pris fin pour que finalement Vincent, Myst, les autres aient raison. On ne peut rien faire, la marionnette ne peut pas séparer de son fil, sinon elle tombe à terre, sans pouvoir bouger, sans pouvoir parler, sans pouvoir être. Est-ce que c’est cela se battre ? Est-ce que c’est cela le véritable sens d’une rébellion ? Ou est-ce juste son propre échec ?

On lui avait promis bien plus que des murmures. On lui avait promis des montagnes, des oiseaux, l’incendie, la révolte. On lui avait même promis protection. Comme elle, l’avait fait. Mais finalement au bout, on est seul. A la fin il ne reste que cette affreuse vérité, que cet éclat gris dans le cœur.
La grise avait cru pourtant que cela pourrait changer. Mirahil a crut aux histoires, aux noms qu’ont lui a prêté mais qui finalement n’ont jamais été prononcé suffisamment de fois. Elle est née seule, elle a grandit seule et, quoi qu’il puisse arriver, quoi qu’elle puisse faire, elle restera seule. Solitaire devant ces choix, souvent mauvais, ridicules, contradictoires et paradoxaux. Solitaire dans le chemin qu’elle a pris et celui qui se profile à l’horizon.
Seule, seule, seule, ce mot terrible ne la touche même plus. Elle a vécu avec, elle l’a côtoyé durant toute son existence, pourquoi dans la vallée cela changerait ? Pourquoi ici ce ne sera pas comme là-bas ?
A trop idéaliser sa grande dame sombre elle s’est brisée … A trop imaginer, à trop rêver à voix haute, elle a affaiblie, blessée les autres. Elle les aurait même tué pour être sur qu’ils ne puissent vivre cette odieuse imposture : Quoi qu’on fasse, on est rattrapé par sa propre règle. On ne l’a pas établi mais elle est là. Cachée derrière les lettres des mots qu’on utilise et ceux que l’on oublie, caché derrière les blessures, cachée derrière les impostures que l’ont nous a infligé et même dans notre propre cœur. On lit un texte à trou, et on croit tout voir. Ce n’est qu’au fil du temps que les mots s’éloignent, qu’apparaissent d’autre phrases. Que le vide prend la place de se que l’on avait cru quelque chose d’intense, d’accompli, quelque chose de vrai.
La grande théorie de Freud...

La règle de la grise n’est ni plus ni moins qu’un vol de couleurs. Que des papillons de milliers de nuances autour d’elle, mais avec le même manque, la même marque, l'absence de couleur ... Juste du noir, du blanc et des milliers de gris différents. Pas une trace de rouge qu’elle inflige pourtant sur le corps des autres, pas une trace de bleu qu’elle avait vu dans les yeux d’un fou, pas une trace de vert de ce printemps, de cet été qui n’est pas pour elle. Les papillons de l’absurde, les papillons du néant. Ceux que l’ont dit fruit d’une vie entière. Est-ce les âmes qu’elle a forcé à quitter de leur demeure ? Est-ce ces innocents, ces coupables que sans le moindre gène, sans le moindre sentiment, elle a tué ? Il n’en change rien, les papillons restent. S’accrochent à ses cheveux, à ces cils. Ils l’éclairent de nuances morbides, l’embellissent de pâle et de voile sur son visage. Ils la portent au moment de danser sur l’agonie d’un autre. Ils la soulèvent quand elle rêve de voler sans pourtant réussir à lui faire franchir le bleu du ciel.
Ils sont là. Ils seront là. Ils sont un peu elle. Si ce n’est qu’elle ne volera pas, mais dansera juste. Si ce n’est qu’elle n’est pas encore entièrement morte, puisqu’elle marche encore. Si ce n’est qu’elle saigne encore, du sang rouge qui colore ses nuances, qui les renforcent ou les atténuent. Elle non n’a plus rien à perdre.
Mais l’on n’est pas une palette de couleur, on ne peut être définie par un surnom que l’on nous offre, par ses cheveux qui nous entourent. Pourtant la grise reste la grise, rien ne changera, rien n’est plus vrai que cela. Que cette vérité absolue que même la plus n’allège pas.
Le monde de la grise est un monde de murmures, de coup d’éclats qui s’éteignent. Des murmures qui l’assourdissent, des murmures qui lui manquent. Des murmures justes des murmures. Quand on n’est pas né pour être au devant de la scène, on ne peut pas changer les choses.
Et finalement il n’y avait pas eu d’incendie, pas de feu qui aurait franchi les limites du ciel.
Il n’y avait eu que le feu de son cœur et le déluge pour l’éteindre.

Et même l’eau qui la frappe maintenant est grise dans ses ténèbres. Elle ne verra plus les couleurs. Elle ne verra plus les nuances entre vert rouge ou bleu. Ce qu’elle verra c’est la vie en noir, en noir et ce blanc qu’elle imagine. Et parfois des taches de couleurs. Si faibles, si légères ...

L’eau la dilue sans l’éclaircir, les tons sombres restent sombres, ses pensées ne reprennent pas la pâle esquisse de l’enfance. Mirahil ne connaît même pas le sens propre de ce mot. Tout est gris, blasé, et les seules choses qui l’attachait à du vivant disparaissent peu à peu forcée par son âme qui s’empêche de les penser. Est-ce possible ? Peut-être …

L’eau est traîtresse. Parce qu’elle ne s’arrête pas, parce que la grise la suit sans chercher parce que l’eau qu’elle a bu était un poison pour elle. L’eau un poison, aussi surement que l’oxygène en est un, mais qui le sait ? Les médecins, les scientifiques. Les autres croient juste que c'est la base de toute survie ...
Poison, poison comme celui qui s’est infiltré tout doucement. L’espoir, le pire poison que l’on puisse infiltre aux ombres. Même l’assassin, l’espionne qu’elle était n’en a jamais créé de plus puissant, de plus nocif. Comme un philtre d’amour avec l’amer qui reste, et qui reste, encore et encore sans que l’on ne puisse s’en libérer.

La biche couleur cendre se perd. Apeurée elle devrait être. Mais les yeux de la biche sont morts. On devrait entendre le toc toc de ses petits sabots dans tout les sens. On devrait l’entendre se perdre, revenir, s’enfuir sans que rien ne l’arrête. Chercher un abri, chercher une sortie à cet enfer. Mais le pas de la grise est d’une infinie lenteur. Le seul bruit qu’elle entend est le sien, celui qui vibrait avant quand elle se montrait dans les soirées mondaines. Le bruit de ses talons hauts, le bruit de son pas sans silence quand il fallait se faire entendre, se faire convoité par les hommes. Il n’existe plus ce son, son pouvoir sur les autres. Il ne reste plus que le ploc ploc de l’eau et le cata ploc sur cheval géant de la dame.
Encore une belle mort qu’elle s’imagine l’espace d’un instant : La grise sur ce gigantesque destrier lancé à pleine allure. Mais il n’y a pas de falaise dans la vallée, il n’y a même plus de fournaise pour s’y réchauffer. Pour trouver une chaleur qui a disparue, envolée avec les chagrins, avec les âmes aspirées, avec les illusoires retournements de situation.
Il n’y a plus de feu, plus rien que de l’eau. L’hiver est définitivement loin, l’hiver est définitivement dans le passé. Et même l’avenir ne serait recueillir ce dernier hiver. L’hiver de l’espoir. Son hiver.



L'eau deviens plus violente, ce ne sont plus des caresses mais des giffles. La grise est si légère, son corps se laisse voler par la vague. Quelques pensées encore.
Puis l'inconscience.
Sans rêve, sans trêve.

Son hiver, il est si loin maintenant. Un voile de couleur s'étend sur son corps. Un jaune léger, claire. Un gris doré, si faible. Elle le sens comme un étirement dans ses muscles. La grise se réveille avec un mal de crâne qui s'efface tout doucement. Ses sens s'étirent comme son corps sur le sable. Etrangement elle n'a jamais si bien entendu. Tout est calme, silencieux, tout semble mort. Même si elle sens les présences. Même si le souffle qu'elle entend tout près d'elle la fait trembler.

Son frère de meute était là, à un bras sur le sol. Et, encore assomée peut-être, elle se rapprocha de lui jusqu'à sentir le cuir sur ses doigts, pour le caresser tout doucement.
Qu'avait-elle fait ?
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Saedroth
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptySam 28 Mar - 17:06

*mouvement!*

Comme tous les prédateurs, il perçoit très bien les mouvements. Pourtant, les deux Ombres étaient presque sorties de son champ de vision. Assis face à l'eau, il méditait sur ses erreurs passées, le regard dans le vague. Quand on n'a que ça à faire, réfléchir n'est pas une perte de temps. D'ailleurs, il aurait peut être dû réfléchir plus, avant...

Avant quoi? Impossible de se rappeler. C'est comme si cette partie de sa mémoire était occultée derrière un grand mur blanc. Il sait qu'il y a quelque chose, il sait qu'il l'a presque, mais sans cesse le souvenir lui glisse entre les doigts, lui échappe, le nargue, petit poisson moqueur dans les eaux sombres de sa mémoire. Et ça l'irrite. Lui, amnésique? Il ferait beau voir, tient! Ce fichu trou de mémoire, il finira bien par le colmater. Mais une partie de lui lui murmure que ce trou de mémoire est un petit mal pour un grand bien, et qu'il lui épargne des tourments indicibles.

Il hausse les épaules. Il a passé l'âge de se cacher sous la couverture pour ne pas voir les monstres sortir du placard. Le prédateur, maintenant, c'est lui. Mais là, le prédateur a autre chose à faire s'il veut rester en haut de la chaine alimentaire. Primo : éviter de se faire laminer par deux ombres en état de supériorité numérique. Deuxio : dégager de ce banc de sable. Tertio : savoir où est passée toute la neige. Il fait chaud, ça l'incommode, et son pouvoir de sculpture sur glace est inopérant tant qu'il n'y a pas de glace. Quatro : retrouver Mary Malone & Co pour se mettre à l'abri. Ensuite on pourra chasser le trou de mémoire.

La fille semble réveillée. Elle caresse Vincent, doucement, presque avec... Tendresse? Hé, attendez une minute, un Ombre est censée être composée d'un tiers de Jack l'Eventreur, un tiers d'Hannibal le Cannibale et d'un tiers du spectre dans "The Grudge"... La tendresse n'a pas sa place, là dedans... A moins que les préjugés ne soient, une fois de plus, faux. Après tout, il avait bien croisé un spectre trouillard et pacifique planqué dans le sous sol des humains... Mouais, qu'elle fasse des papouilles à son chef, il restera quand même méfiant... Il se relève, doucement. Saletés de courbatures!


- Je vois que vous êtes réveillée... Comment on est arrivé là?
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Mirahil
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyLun 6 Avr - 19:54

Chimère.


CHIMERE

Monstruosité assassine, Saleté de pourriture de bestiole.
Elle la mangerait tiens. Rien que pour sentir la peur d’une chimère.
Rien que pour la sentir jongler entre ses doigts de fée.
Rien que pour la détruire.
D’une impulsion la grise se retrouve debout entre la chimère et son loup, grondant comme une bête en colère. A sa levée rapide son corps tout entier se tue. Mais alors qu’elle se tenait devant son roi, la fatigue assailli son corps, embua ses perceptions, blanchi quelques instants son esprit. Fragile, fragile elle n’était qu’une brindille protégeant un dieu déchu qui n’était plus vraiment le sien.
Le malaise s’éloigna, la grise était toujours sur la défensive. Espérant que Vincent ne se réveillerai pas, qu’elle pourrait s’en aller et éloigner la chimère avec elle. Mais elle ne voyait du monde qui l’entourait que du vide, que du rien. Elle fit un pas, et son pied cogna contre une pierre, qu’elle ne connaissait ni de la forme ni de l’emplacement. Perdue, décalée, Mirahil ne bougea plus écoutant juste son ennemi. Ennemi ? Ses vieux instincts de protectrice, espionne de Vincent avaient repris son corps, mais peu à peu, ils se calmèrent.
La grise put enfin réfléchir, tenter de découvrir qui était la chimère. S’il s’agissait vraiment d’une ennemie, si elle pouvait la vaincre. Et quand enfin elle entendit sa voix, l’ombre aveugle fut presque rassurée. Il s’agissait de la chimère renégate. De ce Saedroth qui avait disparu depuis l’hiver et n’était pas réapparu. Avec qui elle avait eu un ‘rapprochement’ ? : ils avaient vu ensemble le dragon tuer Souffre.
Souffre, cette pensée ne lui arrachait plus misère, toute habituée à cette vieille perte qui avait brisé toute la construction de sa vision du monde. Saedroth avait donc été témoin de sa chute, sans le savoir peut-être.
La question la laissa tout d’abord sans voix, elle en profita pour se tenir d’une façon plus détaché, moins menaçante. Elle le surveillait toujours.


«Il y a eu un immense déluge à la fin du printemps. L’eau a submergé la vallée.
Je crois qu'il ne reste plus grand chose de la vallée que nous avons connue. »


Réponse pour le moins facile, Mirahil ne comprenait pas vraiment où était la question. Elle se demanda un instant s’il la reconnaissait, si elle avait tellement changé qu’il ne la remettait pas ou s’il était juste sonné. D’un autre côté si elle surveillait à cette époque Saedroth pour ses tendances révolutionnaires et la perte de pouvoir de Cold devant lui, sans doute que lui l’avait moins analysée. Elle n’était qu’une des protégées de Vincent.
Curieuse de connaître où il s’était échoué durant la saison du printemps elle ne put s’empêcher de murmurer.


« Saedroth, ce fut une longue fin d’hiver et un interminable printemps, où diable as-tu pu te cacher des ombres, des hommes et des chimères ? Quel endroit assez retiré ta sauvé des bêtes et de mon dragon ? »

Quel endroit est assez retiré pour que personne ne puisse te retrouver ? Peut-être, peut-être est-ce juste que personne n'as eu le temps de chercher la chimère rénégate ...
Tout s'est passé si vite ...
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Saedroth
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyMer 8 Avr - 18:18

*Tiens, elle me reconnait...*

En même temps, la dernière fois qu'ils s'étaient croisés, ils avaient une Bête au cul et une des Ombres était resté sur le carreau... Forcément, ça fait des souvenirs qui marquent. Est-ce qu'elle en faisait des cauchemars, la nuit? Sacrée bonne question, il aurait donné cher pour le savoir. Il connaissait mal Mirahil, et les Ombres en général. Il s'en foutait, autant que la chose était possible. Les Ombres et les Chimères ne pouvant notoirement pas se saquer, il restait sur la défensive quand il en croisait une, mais n'attaquait pas spontanément. Il avait déjà assez à faire avec ses anciens "frères de meute" qui voulaient manger du traitre, ceux des humains qui voyaient d'un mauvais oeil cet immigré et sa quête personnelle.

Bien sur, il connaissait de nom Vincent, mais ça, c'était pour ainsi dire normal. La vallée n'est pas si grande, tout ce qui ressemble de près ou de loin à un leader finissait tot ou tard par être connu. Même lui, il avait acquis une certaine notoriété, à l'époque. Se dresser contre Cold, faire un bras d'honneur aux Chimères, rallier les rangs des humains, lancer sa petite ligue anti Bêtes... Non, mais je vous jure, quel blaireau! Un ado en pleine crise, majeur brandi, gueulant "fuck ze systemeuh!", rien de plus. On ne lutte pas contre la vallée. On s'adapte, ou on clamse. Même si ça lui avait permis de faire connaissance avec pas mal de monde, notamment chez les chimères...


*Val...*

Hé, ho, ça suffit avec Valandra! Voilà le problème quand on tombe dans le coma à dix huit piges : un con d'ado romantique, même réduit à l'état de super prédateur zombi, reste un con d'ado romantique à coeur d'artichaut qui tombe amoureux de tout ce qui passe à portée, surtout si c'est une chimère d'élite ultra pro-coldiste qui a trente ans de plus que lui et qui, de toute façon, est surement morte à l'heure qu'il est.

*Note : penser à murir un peu...*

Bref, amour gloire et beauté, on verrait ça plus tard. Bon, Mirahil le remet, c'est déjà ça. Même si elle reste quand même bien crispée. On peut pas réellement lui en vouloir, on est à Hollow Dream, pas au rotary club de Pépère les Bains. Mais à condition de ne pas se montrer agressif, ni envers elle, ni envers la super terreur qui dors encore à coté, ça ne devrait pas virer au gore. En plus, elle répondait à sa question, même si ça avait l'air de vachement la surprendre, et pour cause! Coucou, je suis le dernier habitant d'Hollow Dream qui ignore qu'il y a eu une apocalypse et un changement de saison! Pour passer inaperçu, c'est raté. Où il était? Bonne question... La dernière chose qu'il se rappelle, c'était que...

FLASH!

Mal à la tête... Il chancelle. Il ne voit plus rien...

Le cimetiere. Il marche, il gravit la colline. Le tombeau des Noctiluca... Il a trouvé la clé, il décide d'aller au devant du danger, malgré sa peur. C'était donc ça... Odeur de moisi, de renfermé. ça caille. Il fait humide. Autour de lui, des caveaux, avec dates et gisants. Ce qu'il pensait être une petite catacombe familiale de dix personnes grand max s'étend en fait sous toute la colline. C'est labyrinthique. Des cryptes, des couloirs, des rotondes. Et cette impression constante d'être observé... Il perd le sens de l'orientation. Puis la notion du temps. Plus possible de savoir où il est. Ni quand on est. Plus moyen de retrouver la sortie... Il crève de faim. Son pouvoir de régèneration le maintient néamoins en vie. Il descent, perdu, à tatons, à quatre pattes comme une bête. Et puis...


FLASH

Il cligne des yeux. ça a duré quelques secondes, cinq, pas plus. Il regarde Mirahil. Son souvenir est encore incomplet, mais au moins c'est un début.

- Je suis parti dans une... expédition, tout seul. ça a mal tourné. Je suppose que le déluge m'a ramené d'une façon ou d'une autre. Je m'en souviens mal...

Mais quel crétin! Vas-y, montre lui bien que tu es en position de faiblesse! Tu veux pas non plus lui dévoiler que sans hiver, tu ne peux plus te forger d'armes de glace, tant que tu y es? Heureusement, il est toujours aussi dur à tuer, et il lui reste la Charogne...

- Je propose une trêve. On n'est génétiquement pas fait pour s'entendre, mais à trois sur un banc de sable, on ferait mieux de s'entraider. Nous sommes affaiblis, et même si vous êtes deux, je ne me laisserais pas tuer sans me battre. Et puis je n'ai rien en particulier contre les Ombres. Donc on a encore changé de saison? Je peux vraiment pas vous laisser tout seuls cinq minutes...

Il faisait le malin, mais il accusait le coup plutot difficilement. Combien de temps était-il resté là dessous?
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyVen 10 Avr - 19:40

La voix de Saedroth laisse Mirahil songeuse. Qu’est-ce qui a bien pu l’affaiblir à ce point ? Une chimère bégayante qui avoue ses faiblesses cela ne se trouve pas à chaque coin de rue. Surtout pas quand la bestiole en question est Saedroth. Il du ressentir le malaise, ses faiblesses étalées au grand jour et quelques secondes, il ne parla plus. Brave chimère, si lui avait perdu de sa force, elle aussi. Si lui n’avait que peu de souvenir, elle en avait trop. A revendre.
Question nouvelles faiblesses, elle aussi battait les record.

Ses paroles suivantes la firent rire.


« Oui Chimère, tu fus bien loin d’ici pour me proposer une trêve. Enfin … je suppose que dans ton expédition tu étais bien loin des querelles et des alliances entre membres de différences races. »

Alliance, ce mot même lui brûlait à la gorge. Alliance : un rêve, une utopie. Chahîd n’avait pas seulement tué Hypnos, il avait brisé ses rêves à elle.

« Pas cinq minutes. Tu sais bien qu’il faut bien peu pour que se lèvent des révolutions, et qu’elles échouent laissant la vallée plus victorieuse encore. Nous restons tous de grands enfants, Ses grands enfants.»

Amère, glaciale. Elle détestait cette chimère. Elle la haïssait. Il lui rappelait trop le vieux temps du gel. Son temps à elle. Bien sur c'était injuste de lui en vouloir ainsi, et elle le savait. Pour la rénégate, cela devait passer pour un simple dialogue entre chimère et ombre.

« Toi, rien contre les ombres. Et moi beaucoup contre les chimères, et beaucoup pour les chimères. Nous nous entendrons le temps de trouver une solution, j’en suis certaine. »

Mirahil faisait la fière. N’hésitant pas à mordre et à gronder. D’acier et de marbre son cœur semblait être alors que cachée derrière ses propos glacials, elle se sentait aussi frêle qu’un oiseau a qui on aurait coupé les ailes. La grise se retrouvait, louve en cage dans un îlot. Contrainte à faire attention au moindre de ses pas pour ne pas tomber. Enfermé par l’eau même qui l’avait assommée. Enfermée, sans même connaître sa geole.
Belle dame claustrophobe aux limites d’une bonne vieille crise de claustrophobie. Voilà ce qu’elle était. Aveugle de surcroît. Plantée sur un îlot avec Vincent, la personne par qui elle désirait le moins être vue. Et avec Saedroth, venu droit du monde de l’hiver, chimère arrogante et puissante.
En vérité il ne manquait pas grand-chose pour une véritable crise de nerf. Mais sans ses yeux pour le montrer elle semblait presque détendue.

Doucement elle se calma. Laissant le vent l’entourer de sa caresse, la saisir de son froid, la grise s’approcha un peu de la chimère. Les grains de sable qui s’était accrochés au moindre des replis de sa peau, glissaient tout doucement pour rejoindre la terre, sur son épiderme de gel. Elle sentait couler ses particules et filer contre elle, comme autant de minuscules araignées qui seraient descendus, les pores de sa peau comme support, pour rejoindre terre la mère. Le sable crissait encore un peu partout sur son corps. Elle sentait le sel tenté d’attaquer le cuir froid, elle sentait le vent enrouler encore et encore ses cheveux emmêlés autour de sable humide. De vraies petites dreads lui tenaient lieu de cheveux.

Elle avança de quelques pas, s’éloignant des deux. Vincent ne risquait rien, elle avait même cru saisir par son souffle différent qu’il se réveillait. A petit pas, avec lenteurs. Pour ne rien se prendre au visage, pour ne pas tomber. Elle explorait à sa façon le maigre îlot qui était le sien. Pour ne pas paraître trop suspect elle se rapprocha de la chimère. Se rattrapant de justesse alors que son pied avait accroché une racine. L’incident était visible mais passable. Si elle avait été en pleine possession cela n’aurais jamais été possible, envisageable mais une personne maladroite aurais pu faire la même erreur qu'elle et se retrouver par terre.

En face de la chimère, droite comme si elle voulait lui montrer que son ‘handicap’ ne la rendait pas moins dangereuse, elle prononça doucement pour ne pas avoir à répéter ce qu’elle savait sur ce qui s’était passer durant le printemps.
Bien sur c’était loin d’être complet, entre ce qui la regardait elle, ce qui ne regardait pas la chimère, ce qu’elle ne voulait pas qu’il sache et sa ‘coupure’ avec le monde des intrigues.


« L’hiver s’est fini brusquement. Les ombres, les chimères étaient moins unies qu’à l’automne. Le printemps a pris le nom d’amnésie pour les morts, ils sont redevenus l’espace de quelques instant pour certain, quelques semaines pour d’autres, voir plus pour quelque maigres exceptions, de nouveau des hommes. Vidés de leur souvenir d’après mort, avec un cœur et un espoir sauf. Bien sur, les aléas de la vallée, les souvenirs des hommes, les décalages, les incohérences les ont vite remis à leur place. Cependant les ombres et les chimères n’en furent que plus décontenancés. Les clans étaient à l’abandon, le manoir, cardinal jail aussi. Les bêtes ont sévis plus que jamais.
Le déluge a alors tout détruis de nouveau et je crois bien que la vallée à changée de visage. Que les bâtiments que l’on a connus, les clans si parfaits sont à jamais révolu.
Qu'il ne reste rien.
Alors finalement, ton 'expédition' ne ta pas fait perdre grand chose.»


Bilan froid, sans couleur. Juste une série d’évènements étranges, sans but aucun à part de semer la division. Un résumé rapide et sans détail. A Vincent elle aurait fait mieux. Avant.

Mirahil se recula de quelques pas jusqu’à formé un triangle équilatéral parfait.
Ils étaient trois. Trois vieux. Trois pourris par la vallée. Car si la blessure de la grise s’était refermée, elle était bien la seule. La grise, la rénégate et le chef de meute faisaient parti de ceux qui avaient résisté au temps, emportant avec eux lots de malheur, lots de douleur et autant de sang que de jours passés dans le coma.



« Qu’est-ce que l’on peut faire ? »

Question qui avait franchie ses lèvres avant qu’elle ne puisse la retenir. Elle parlait tant à eux qu’à elle-même. Tant aux morts qu’à la mort elle-même.
Et puis lui revins, ces mots, ces phrases. Celles là. Celles qu'elle a tant de fois murmurées, chantées, criées même :


*Vallée, jolie vallée, terrible vallée. Où est le son terrible des sabots qui s’entrechoquent ? Tout est si silencieux. Tout semble si grand et si petit.
Vallée, horrible vallée, méchante vallée. Qu’attends-tu de nous ? Que souhaites-tu ?
Ces îlots ne ressemblent à rien.
Dans un jeu d’échec il y aurait d’autre cases, proches, et un défi à mener.
Là, il y a juste un grand néant.


Ce n'est même plus drôle. *
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Vincent
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyDim 12 Avr - 23:50

Vincent était réveillé. Il avait emmergé de l'inconscience au moment où les doigts froids et délicats de Mirahil étaient entrés en contact avec sa peau. Il avait ouvert les yeux, brutalement, comme un chat que l'on surprend dans son sommeil, mais la lueur pourpre du soleil couchant avait agressé ses pupilles dilatées par l'obscurité et il avait préféré se réfugier à nouveau derrière ses paupières. Rester encore un peu allongé ainsi, du sable humide sous ses doigts, dans ses vêtements raidis comme s'ils avaient séchés sur lui. Tenter de se rendormir. Espérer se rendormir.

Oublier.

Avec le fait de parler à voix haute, c'était bien la seule chose qui lui avait plue au cours de cette brève période pendant laquelle il avait à nouveau été humain; certes, il était redevenu l'espèce de loque pleurnicharde et niaise qu'était le docteur Korbaz, mais au moins il avait tout oublié de sa vie d'Ombre, le bon, et surtout le mauvais. Il avait oublié l'hiver, le regard glacé d'un dragon dans la brume, l'éclat d'un croc qui jaillissait vers lui. Il avait oublié la manière dont son corps avait commencé à geler de l'intérieur, la brûlure qui avait envahie son bras droit, le pouvoir venimeux qui lui avait volé sa capacité à produire des sons. Il avait oublié que ses Ombres avaient commencé à lui tourner le dos, et ce nom brûlant pour lequel Mirahil l'avait quitté. Il avait oublié l'horreur qu'il avait infligée à Elhil au pied de l'Arbre emprisonné dans la glace.

Elhil... Où était Elhil?...

Mais Vincent ne parvenait pas à sombrer à nouveau. Parce qu'il se souvenait de tout, à présent, absolument tout. Automne, hiver, printemps, en long en large et en travers. Il savait pourquoi son bras droit le cuisait. Il savait à qui appartenait la voix de femme qui s'élevait non loin de là, il savait pourquoi cela lui faisait mal de l'entendre. Il se rappelait même de cet autre qu'il sentait, assis sur le sable. Il ne l'avait jamais croisé en personne, mais elle l'avait appelé Saedroth. On oublie difficilement le nom de celui pour les mensonges duquel la moitié de votre clan vous tourne le dos.

L'Ombre rouvrit les yeux, et à nouveau la lumière inconvenante qui descendait du ciel nuageux lui brûla les rétines. Mais cette fois il lutta: d'accord, il allait se réveiller, il allait reprendre pied dans cette fausse réalité qu'il haissait. Parce que Vincent avait beau mépriser l'humain qu'il avait été, s'y incarner une nouvelle fois pendant quelques temps lui avait rappelé certaines choses. Des choses qui faisaient que, pour le meilleur et pour le pire, il avait de nouveau un but pour lequel il devait lutter.

Le fantôme s'assit, sans hâte pour ne pas malmener son corps encore engourdi. Son regard passa rapidement sur l'étendue de sable sur laquelle il se trouvait, et ce fut tout juste s'il prit le temps de s'étonner de la présence du lac entouré de montagnes: pour l'instant, ce qui était important, c'étaient les deux autres êtres pris dans ce piège avec lui.

Vincent se leva, parfait modèle de silence, avant d'épousseter négligemment ses vêtements et ses cheveux parsemés de sable. Il constata avec ce qui était presque de l'amusement qu'il portait toujours les vêtements empruntés au refuge humain, une épaisse chemise à carreaux en laine et un blue jean. Le contraste avec son corps en nuances de gris devait être assez folklorique. Quoique, son intuition lui disait que l'attention de ses interlocuteurs seraient plutôt attirée par le lacis de plaies qui tailladaient le dos de sa main droite comme d'immondes ulcères et remontaient le long des veines de son bras pour imbiber lentement sa manche de sang noir.

Il sourit, furtivement. Puis son regard tomba sur le profil de Mirahil, qui l'avait sans doute entendu bouger. Il ne l'avait pas revue depuis le jour où elle lui avait dit adieu. Il ne savait pas pour ses yeux.

Quelque chose sembla se creuser dans la poitrine de Vincent. Comme à la fin du printemps, quand il était redevenu une Ombre si peu de temps avant le cataclysme et qu'il s'était mis à la recherche d'Elhil. Sa louve, sa si belle louve, au regard si semblable au sien... Comme engourdi, l'ancien chef des Ombres s'avança jusqu'à l'espionne, ses iris noirs fixés sur ce qui aurait dû être leur vis-à-vis. Et le creux qui rongeait son coeur mort devenait un peu plus profond à chaque pas.

Il s'arrêta près d'elle, près à la toucher. Il ne supportait pas de voir dans un tel état ce visage autrefois tant aimé et pourtant il ne parvenait pas à se détourner, comme s'il se faisait un devoir d'enregistrer dans sa mémoire chaque détail de cette odieuse cicatrice, de cette insulte au bon sens qui s'affichait devant lui. Il leva la main gauche, celle qui n'était pas glacée par le venin des Bêtes. Sa paume alla se poser sur la joue de Mirahil, son pouce sur sa pommette, ses doigts dans ses cheveux. Une seconde. Deux secondes.


*Pour ça, je le tuerai de mes mains.*

Puis il la lâcha et s'écarta, sans un souffle, sans lui laisser le temps de réagir. Il ne voulait pas de l'avis de son ancienne louve. Il avait pensé que Chahîd la protégerait. Cette immonde raclure n'avait fait que l'utiliser. Pour cela, il méritait une mort très lente et abominablement douloureuse. Il n'y avait nul recourt possible.

Les yeux sombres de Vincent se posèrent alors sur Saedroth, avec une curiosité malsaine qui trahissait son besoin farouche de penser à autre chose qu'à l'Ombre qui se tenait en face de lui. Alors c'était ça, le si fameux rénégat qui avait fait un bras d'honneur à Cold avant d'aller se réfugier dans les rangs de Mary Malone. C'était ça, le doux dingue qui avait eu pour ambition de, excusez du peu, vaincre la Vallée.

Le troisième habitant connu de ce monde de mort à s'être fait contaminer par une Bête.

Lui au moins il n'était pas devenu muet. Veinard.


*Tu as la réputation de formuler des plans grandioses, tas de viande. Tu en aurais un à disposition dans l'immédiat?...*

On ne se refait pas: Vincent n'avait jamais parlé pour ne rien dire. Il n'allait pas commencer alors qu'il était coincé sur un pâté de sable avec l'espionne qui l'avait délaissé et une Chimère traitresse.

*Et ne nous fais pas l'insulte de parler de trêve: les trêves n'existent pas entre races. On dirait que je suis le seul dans cette vallée à avoir compris ça.*

Coup d'oeil à Mirahil. Coup d'oeil qu'elle dut sentir, car il n'était pas amical. Il brûlait. Il souffrait.

*Simplement, je ne vais pas non plus te sauter à la gorge. Tu n'es vraiment pas appétissant. Et je ne pense pas qu'on nous ai abandonnés tous les trois ici par hasard.*

Son regard se perdit vers les montagnes noyées dans la brume du lac: oui ma chère Vallée, tu ne fais rien par hasard. Mais là, qu'est-ce que tu cherches?...
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyLun 1 Juin - 23:37

Eh bien eh bien mes agneaux, on fait la sieste sur le sable chaud? On se dit que si on reste sans bouger, le tyrannosaure ne nous verra pas? Oh allons, depuis tout ce temps, vous m'avez habitué à moins de naïveté...

L'eau monte, jeunes gens. Elle monte vite. A vue d'oeil. Elle est froide. Et je serais vous, je ne ferais pas confiance à ce qu'elle cache.

Alors il est temps d'assumer, il est temps de se décider. Certains d'entre vous ne peuvent pas s'exprimer? Pour une fois, je vous autorise à leur griller la priorité: c'est la panique, l'eau monte, et il faut décider.

Vers où voulez-vous mener votre embarcation. Au Nord? L'Est? L'Ouest? Le Sud?

Choissisez mes chers amis, choisissez. Il me faut au moins une décision par groupe. La première, la majoritaire, que sais-je? Tant pis si vous n'avez pas le temps de discuter, tout le monde n'aura pas le temps de donner son avis. Je n'exige qu'un message. Au moins une voix, un choix.

Sachant que la suite de vos aventures en dépend.


Choisissez. Peut-être que vous aurez de la chance.

Ou pas.


Vous avez jusqu'au samedi 6 juin à minuit.
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Saedroth
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptySam 6 Juin - 17:17

Bon, ok, pour la trêve, ça commence mal. Mirahil sur la défensive, et Vincent clairement sur l'offensive. Et merci mon pote pour le "pas appétissant", ça fait toujours plaisir.

D'ailleurs, c'est ça, le grand, le puissant, le célèbre, le flippant Vincent Korbaz, Maitre Incontesté des Horreurs Psychotiques et Furtives de la Putain de Vallée, avec toutes les Majuscules S'il Vous Plait? Parce que pour le coté effrayant, on repassera plus tard : un type en noir et blanc avec une espèce de look country, mouillé comme un rat rescapé d'un naufrage et avec un bras dans un sale état. S'il n'y avait pas ce regard à vous figer le sang dans les veines, Saedroth ne l'aurait franchement pas pris au sérieux...

Son attitude aussi était déroutante : manifestement, le fait de voir Mirahil sans ses mirettes lui avait fait un sacré choc, au point qu'il en oublie qu'il était en présence d'un ennemi potentiel. Qu'est-ce qu'il y avait entre ces deux-là? Au départ, le renégat était parti du postulat que la cécité de la grise datait un peu, mais manifestement c'était plutôt récent. A noter dans un coin, ça peut servir...

Bon, on verra tout ça plus tard, là c'est pas le moment...


- Un plan génial? C'est pas moi qui ai le statut de chef de faction, ou d'ex-chef de faction sur mon CV. Après, si tu veux un plan, j'en ai bien un mais il va pas te plaire : la planche qui est là est assez large pour qu'on se cramponne à trois dessus. A partir de là, deux qui nagent, un qui se repose, en se relayant, jusqu'à ce qu'une Bête nous bouffe en guise de tapas, qu'on crève tous les trois d'épuisement ou qu'on trouve une terre émergée. Il te va, mon plan?

En même temps, à trois sur un banc de sable, avec une pauvre planche et toutes les raisons du monde de s'entretuer, c'est dur de trouver mieux comme idée. Faut pas déconner non plus, il rentre d'un séjour indéterminé dans un souterrain pour apprendre que le monde n'existe plus, alors forcément... Eh merde, saleté de flotte qui s'infiltre dans les botte et...

- Je crois qu'on a un problème : la marée monte. Si vous avez une autre proposition, je suis ouvert, mais faut qu'on en trouve une, et vite. Sinon, si c'est mon plan à la con qu'on suit, je part d'un principe simple : c'est de l'eau douce, donc on est dans un lac, donc si on pédale assez longtemps on finira par trouver une cote. Je propose qu'on aille vers le couchant, on suit le soleil, comme ça on est sur d'aller vers l'ouest et advienne que pourra. Mais si quelqu'un a une autre idée, je suis open.
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MessageSujet: Re: [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth   [ Îlot n°9 ] Mirahil, Vincent et Saedroth EmptyLun 8 Juin - 18:25



Soudain Mirahil fut déliée du monde : Vincent bougeait. La louve suivait ses mouvements, ses gestes, ses postures. Tout son être était tourné vers lui, pour l’entendre, pour le saisir, l’accrocher dans son esprit. La Louve le voulait et il était là. La grise aurait voulu qu’il cesse de bouger. Qu’il cesse de s’approcher.
Il y avait tant qu’elle ne pouvait pas lui cacher.
Tant et, peut-être, si peu.
Elle aurait tant voulu être dans le manoir à lui raconter ses histoires.
La grise restait statue, elle aurait voulu disparaître. Les premiers cheveux secs l’entouraient, s’enroulaient autour de sa gorge. Elle avait soif, elle avait faim, elle avait peur. Petite louve sans abri, femme sans rempart. Si seulement ces cheveux qui l’étouffaient, pour la première fois, pouvaient donner l’illusion à Vincent…

Les secondes devenaient des heures. Les minutes des siècles. Et la belle tremblait de plus en plus sans que cela puisse se voir. De sa façon si subtile, de ses manières si secrètes. Tout restait là pression sur son cœur, sur son corps. Malgré tout elle craignait qu’il ne le sache.

De givre, comme autrefois, sans mouvement, sans vie. Immobile, sans souffle, avec son cœur qui battait mal ou peu, avec son cœur qui gonflait à chacun de ses pas. Lui qu’elle avait trahi, lui qu’elle avait abandonné de la plus lâche façon qu’il soit pour une louve. Vincent ne s’arrêtais pas de marcher, Vincent ne s’arrêtai jamais. Et elle si belle toujours, si laide sous son regard qui la traverse. Elle aurait tant donné pour qu’un mot puisse faire renaitre tout ce qu’elle avait détruit. Mais sa gorge était sèche, ses cordes vocales douloureuses. Elle ne pouvait opposer sa voix à Vincent.

Le décompte qui s’éternise, la minuterie de plus en plus forte. Mirahil ne veut pas être là, elle ne peut même pas fuir, elle ne peut même pas s’enfuir loin d’ici, loin de lui, loin d’elle. Il est déjà là, si elle partait tout se briserait. S’il restait encore quelque chose ce serais perdu.

Vincent a vu l’absence, la trahison. La grise le sait à l’instant même où il cherche ses yeux comme avant, quand il cherchait son poids, son étincelle, son refus ou son acceptation. Comme quand il s’approchait d’elle pour lui donner une mission, pour la rassurer ou pour la divertir. Mirahil était sa louve, avant, la sienne, à lui, au même titre que la danseuse ou que les autres.
Elle a détruit çà aussi maintenant.

Il n’y avait plus rien à lire maintenant, plus de yeux à qui sourire, à émerveiller. Plus son âme dans son iris. Plus le gris de l’hiver et l’argent qui chante dans ses cheveux. Elle était devenue une bête, un monstre, une chimère. Elle était devenue Alhem sans la beauté d’Alhem. Elle était devenue du vide et du vide s’était engouffré en elle en même temps que l’oubli dans l’église.

Maintenant elle pourrait prendre le prénom de Néant.

Et le Néant avait peur de son ancien maître. Alors qu’elle avait ouvert son âme avant qu’elle ne parte, elle la gardait close. Mirahil érigeait de véritable muraille autour de ses souvenirs, de ses pensées. Autour de son âme morcelée. Elle ne voulait pas que son frère de meute voit en elle. Mirahil ne voulait pas sentir sa souffrance plus grande encore. Et sa pitié peut-être.

La grise préférait qu’il ne voit que la douleur des crocs.
Lui aussi avait vu le dragon, elle lui laissait l’imagination de cette souffrance là.
Et de celle la seulement.
Le reste, le pire, le douloureux, le brûlant, elle l’enserrait derrière les griffes de glace, elle le figeait dans son silence.
Vincent n’aurais jamais plus que cet avant goût là.
Jamais.
Promesse des dames.

Il lui caresse son visage, et ses doigts semblent la brûler. Le temps est si grand entre les doigts de la honte, de la misère et du découragement… Vincent lui touche le visage et la grise se laisse à penser que bientôt il ne verra plus l’absence. Mais les mots dans sa tête sont durs, ils répètent des propos entendus bien longtemps auparavant, une menace, une promesse…
Elle ne peut rien faire.
Même pas prendre la défense de Chahîd.
Elle le hait pour cela aussi.

Vincent s’éloigne, la renie, refuse de la voir, refuse de l’entendre. La louve est seule près de son chef de meute. Seule devant le temps qui les avait séparés. Il aurait fallu qu’elle ne croise jamais le dragon. C’est ce qu’elle pense en cet instant précis alors que la vérité bien plus profonde elle refuse de l’admettre. C’est de la faute au dragon, à la bête, à ses écailles, à ses crocs. Ses souvenirs déraillent, détaillent le dragon. Sa protection, sa punition, son cri dans la nuit ; Il n’est le dragon de personne, abandonnée il lui laisse même proie de tous. Ou pas. Elle a survécut jusqu’ici non ? Seule. Il lui a même sauvé des crocs de l’autre bête.
Son dragon, à elle, tout est tellement plus simple auprès de lui. Juste souffrir, juste mourir, pas rester à attendre, pas rester dans le doute.

Découragée Mirahil entend la voix de Vincent claquer, mordre. Il est en colère. Il lui en veut. Mirahil se haie pour cela aussi. Pas de trêve, pas d’espoir. La grise reste droite, même devant lui elle ne baissera pas le front. Surtout pas devant lui, Vincent ne doit rien savoir. Vincent doit croire.
Idiote qu’elle est.
Les illusions ne peuvent le détourner de la vérité.
Elle l’espère.
Elle a toujours tant espérer la grise que c’en est triste.
C'est ce que disais l'oiseau.
Il chantait aussi que c'était sa douleur qui était belle. Non ce n'était pas vraiment cela. Elle est en train d'oublier la rouge aussi.
Mirahil avait promis pourtant. De ne jamais l'oublier.
Mais ceal fait tant de temps que le moulin à brûler.
La rouge est morte.
En silence Mirahil se recouvre du voile des veuves.
Elle l'aimait ...


La voix rouge s’élève. Dire qu’elle ne pensait plus à la chimère, au danger tout près de Vincent. La grise gronde tout doucement à l’ironie, puis se tait. A-t-elle-même le droit de se dire encore protectrice de Vincent ? A-t-elle le droit de se détourner de lui maintenant qu’elle est toute proche ? De lui dire en revoir encore une fois ? Ce n’est pas elle qui prendra ce chemin là …
Maintenant, tant qu’il veut de lui, elle restera.
Même sans le grade, même sans la confiance, même sans son amour.
C’est juste que Mirahil en est certaine maintenant. Elle a donné sa confiance à un autre que Vincent. Elle s’est offerte à Chahid comme un louveteau devant un ours. Ce n’est pas difficile à calculer. Il aurait pu ne pas l’abandonner devant cardinals jail, dans l’église… Vincent ne l’a jamais abandonné. Xarha ne l’a jamais abandonné. Maxime ne l’a jamais abandonné. Les ombres qu’elle a aimés non plus.
Tant de négation et une seule affirmation.
Oui ce n’est pas difficile à comprendre, juste douloureux.
Les choix le sont toujours.

La louve renait à elle, un peu comme si elle avait vécu ailleurs, comme si elle avait fait un rêve et qu’il s’était éteins au petit jour. Et tout ce que son esprit calculateur lui disait était simple : Saedroth n’avait pas tord. Saedroth n’était pas un danger pour l’instant. Il fallait suivre son idée.

Sans sortir de son mutisme elle s’éloigne et ramène la planche qu’elle installe près de l’eau. Puis doucement elle avance, sentant la fraicheur du lac s’unir à la sienne. Sentant l’eau l’envahir.
Elle les attend.
Et puis, tout doucement, elle dit.

"Je suis desolée."

C'est un murmure, une caresse, le fruissement du tissu, la page en papier que l'on tourne.
Comme elle, pour ne pas sentir pitié, refus de la part de son frère.



Elle se hait.

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