/!\ La prière d'un damné

Il avait erré des heures durant, pour échapper à l'oppressante forêt d'arbres sinistres dont les branches dans la pale lumière vespérale semblaient les pattes griffues de démons figés. Au dessus de lui, la pleine lune éclairait Hollow Dream d'une lumière bleuatre, telle l'oeil de quelque sentinelle issue des légendes archaïques. Il ne voyait guère dans l'obscurité hostile de la forêt, et avait plus d'une fois perdu le sentier. Jusqu'à trouver le village. Il était habité. Indubitablement. Les cheminées fumaient et la chaude lumière des chandeliers, ainsi que celle, plus froide, des ampoules électriques, éclairait les fenêtres. Il devait faire bon dans ces vieilles maisons de pierre, assis dans un fauteuil à écouter le vent chuchoter ses incompréhensibles secrets en discutant avec des amis autour d'une boisson chaude ou d'une bonne bouteille. Mais celà ne lui était plus permi. Quelques hommes patrouillaient dans les rues desertes, armés. Ici aussi l'on vivait des temps troublés. Il s'était glissé, silencieux tel un spectre dans les rues desertées, amer et solitaire, jusqu'à remarquer l'église. Un refuge comme un autre, après tout.

Le batiment avait été de tout évidence profané au moins une fois. Les portes gisaient au sol, arrachées de leurs gonds et des signes multiples suggéraient la violence d'un combat ancien. Et d'autres racontaient une histoire plus récente. Des trainées de sang sur le sol, sur le sol, sur les murs, sur les bouches des icones. Des pentacles et des graffitis blasphématoires. L'odeur de la charogne le prit à la gorge, mais sans provoquer cette nausée qui frappe les humains dans ce genre de cas. N'était-il pas lui-même une charogne, désormais? L'autel était couvert d'abats en putrefaction, telle une offrande obcène, grouillants de vermine au point de sembler animés d'une vie propre, vers monstrueux et puants agités de soubresauts sporadiques. Celui qui avait, malgré lui probablement, fait à Dieu don de ses intestins avait été cloué sur la croix, en une montrueuse parodie du Christ. Une grossière couronne de ronces dessechées ornait sa tête aux yeux crevés, son visage en putrefaction figé en une expression de terreur et de douleur atroce. Il n'avait pas du mourir tout de suite et son menton était encore souillé du flot de sang qu'il avait éructé dans ses derniers instants. Au dessus de la plaie béante et déchiquetée qu'était son abdomen, son assassin avait gravé à coups de griffes ou de couteau sur le torse du martyre, en gage de suprême hérésie, l'ultime phrase de Jesus : "Ô père, pourquoi m'as tu abandonné?". Un tel spectacle aurait fait fuir n'importe quel humain, mais humain Saedroth ne l'était plus. La lumière de la lune filtrait par les hautes fenêtres aux carreaux brisés, éclairant d'une lueur fantomatique les lieux du carnage. Sans se préoccuper de la boucherie, la chimère s'agenouilla dans un des rectangles de lumière pale, face à l'autel souillé et à l'icone profanée et courba humblement la tête.
Il ne connaissait q'une seule prière, le Notre-Père, de façon incomplète. Il n'avait jamais été croyant de son vivant, considérant la religion comme un marché de dupes où les naïfs venaient échanger leurs richesses contre des histoires abracadabrantes, des principes austères et inutiles et des sermons interminables. Mais aujourd'hui elle était tout ce qui lui restait. A genoux dans le sang et la poussière, courbé devant la charogne grimée en prophète, il resta un moment silencieux, le temps que les mots venus du fin fond de sa mémoire refassent surface en son esprit. Puis les mots vinrent, montant en un murmure assourdi de la bouche du non-mort. En dépit de son apparence, sa voix était restée la même.
"Notre Père qui es aux Cieux
Que Ton Nom soit sanctifié
Que Ton Règne vienne
Que Ta volonté soit faite
Sur la Terre comme aux cieux."
Il s'interrompit. Son souffle était rauque et irrégulier. Il tremblait. Il inspira et continua sa prière. Son ton se mua en un chuchotis fébrile.
"Pardonne nous nos offenses
Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
Donne nous aujourd'hui notre pain quotidien
Ne nous soumet pas à la tentation
Et délivre nous du..."
Une violente quinte de toux le força à s'interrompre de nouveaux. Ses tremblements s'étaient mués en spasmes violents et son souffle était de plus court, de plus en plus irrégulier. Un filet de sang noir coula le long de ses lèvres et goutta sur le sol.
"Notre Père qui..."
La fin de la phrase se perdit dans un haut le coeur, suivit d'une quinte de toux explosive. Des filets de sang noir coulaient maintenant de ses oreilles rongées et de ce qu'il restait de son nez. Il n'arrivait plus à respirer. Les spasmes étaient maintenants tels qu'il avait du mal à se maintenir à genoux. Un nouveau haut-le-coeur le plia en deux. Il vomit un sang noir, épais, mêlé de glaires et de fragments de chair.
"Notre Père qui est aux Cieux
Que Ton Nom soit Sanctifié
Que Ton Règne vienne
Que Ta volonté soit faite..."
Terrassé par les spasmes, il bascula en avant, se redressa en s'aidant de son bras. Il avait tellement mal... Les spasmes semblèrent un moment se calmer. Des sanglots de tristesse, d'incompréhension, de douleur, agitaient ses épaules. Les larmes impures de la chimère se mêlèrent à son sang et à celui du supplicié. Il n'était plus qu'une loque ravagée par la douleur. La main tendue vers le crucifix profané, il sanglota :
"Je T'en supplie, Seigneur, Prend pitié! Si Tu es aussi bon qu'ils le disent, Aide-moi..."
[ouvert à toute intervention, même humaine... Saedroth n'est pas en état de se montrer agressif]

Du bruit. Un cri. Derrière lui. Il était trop faible pour se défendre.

*Allez, c'est ça, descend moi qu'on en finisse*

Non. C'était un cri de petite fille. Il n'avait rien à craindre. Mais elle? Il
pouvait la tuer, comme un inconnu, un monstre comme lui peut être, l'avait fait avec cet homme cloué sur la croix. Il leva les yeux vers le crucifix profané. Il avait plus de raisons que tout autre de se comporter en monstre. Le démon en lui criait vengeance. C'était son droit, c'était légitime. Dieu lui même l'avait renié.

*Non*

Il se leva lentement. S'essuya le menton de son revers de manche. Par chance, ses vêtements n'étaient pas trop tachés. Il était toujours agité de tremblements violents, il était faible et nauséeux, mais il tenait à peu près debout. Il s'avança en titubant vers le banc d'où venait le bruit. Il y avait quelqu'un. Une petite fille. Elle était terrifiée, trop pour s'enfuir. Elle devait avoir combien, douze, treize ans? Trop jeune pour aller en Enfer. Elle tremblait, à moitié morte de peur. La bête en lui ouvrit un oeil.

*Tue-la*
*Non, c'est n'est qu'une enfant, elle est innocente.*
*Elle est humaine, elle est coupable!*
*Non, pas elle, PAS LES ENFANTS!*
Il avait pensé tellement fort ces derniers mots qu'il les avait prononcé. Une vision, proche, l'aveugla un instant.

*"Je T'en supplie, Seigneur, Prend pitié!"*

Il serait meilleur que son bourreau. Face à une créature plus faible que lui, mais innocente. L'innocence était sacrée, à ses yeux, désormais.

-Ce n'est pas un endroit pour une petite fille, ici.

Sa voix était cassée, éraillée, symptomes d'une gorge endommagée, mais il allait mieux. Il reprenait rapidement des forces. Il ne tremblait plus. Il souleva tant bien que mal Yelena et la déposa devant l'église, sur les marches. L'air frais lui ferait du bien. Il se tourna vers le crucifix et son hideux martyre. Le sang brillait, noir comme de l'encre, là où il avait prié.

*C'est une affaire entre Toi, Tes créatures et moi. Je ne tuerais pas d'innocents. Seulement des coupables.*

Il s'adossa au mur de l'église, hors du champ de vision de la petite. La place sur laquelle donnait l'église était deserte. Il attendit un peu, tant pour lui que pour elle, puis prit la parole. Sa voix était redevenue humaine.

-Qui es-tu?

[Edit admin : Saedroth, si tu pouvais aérer un peu ton texte en passant quelques lignes entre les descriptions, les pensées et les paroles, ce serait vraiment super ]
[voilà voilà... désolé]

Je le vis venir vers moi, j'avais peur, il allait sans doute me faire du mal. Puis une autre pensée vint, il avait supplié Dieu de l'aider, et ce n'est parce qu'on est laid qu'on est méchant. Il ne faut pas juger les gens sur leur apparence.
C'était bien plus facil à dire qu'à faire.

"Non, pas elle, PAS LES ENFANTS!"

Pourquoi parlait-il? A qui? Etait-il souffrant? Peut-être avait-il des illusions ou des allucinations? Je me posais encore trop de questions, je devais partir. J'essayais de me lever. Une fois, je tombai, deux fois, le même résultat, mais à la troisième fois, je me sentis tiré par une force bien supérieur à la mienne. J'étais toujours dans le vague, le flou, les image défilais devant moi sans que vraiment je ne les comprenne. Je remarquai juste le ciel quand je fus assise sur une pierre froide, le ciel et le silence. J4avais encore envie de vomir, mon cerveau ne savait plus recevoir de nouvelles informations car celles qu'il avait semblait lui suffire pour l'éternité. Ma tête dodelina.

"Qui es-tu?"

La voix, la même que celle dans l'église, mais moins monstrueuse. Je m'obligeai à ne pas le regarder, histoire de ne pas tourner de l'oeil. J'avais encore quelques spasmes, mais ils étaient beaucoup moins fréquent.

- Je ne sais pas. On m'appelle Nena.

Je respirai profondément.

- Et ... vous. Qu'êtes-vous?

Une seconde d'hésitation. C'était moins simple que ça en avait l'air. Qui était-il? La Voix, Thomas, Saedroth? Il fit son choix.

-Mon nom est Saedroth.

Il réfléchissait. Il ne savait pas comment interprêter les paroles de la petite. Elle ne savait pas qui elle était, apparement. Amnésie? Troubles de la personnalité, comme lui? Ou quelque chose de plus complexe... Après tout, ce n'était pas parce qu'il voyait une petite fille que c'en était vraiment une.

*Arrête, calme-toi, tu sombres en pleine paranoïa...*

-Où sommes nous?

Il avait besoin d'informations, il avait besoin de savoir où il était, pourquoi il était ici, pourquoi son apparence s'était modifiée. Mais il avait peur. Il était en plein milieu d'un village, devant une église où avait eu lieu au moins un meurtre, et son apparece jouait contre lui. Si jamais quelqu'un arrivait...

Un temps. Un moment pour digérer l'information.

*Elle est dingue, ça ne peut pas être vrai...*

Et pourquoi pas? Une prison pour les ames. Un purgatoire peuplé pour un tiers de victimes innocentes comme cette enfant et pour deux tiers de monstres comme lui. Quoique. Après tout ils n'étaient pas forcément dans des proportions égales. Mais dans la mesure où il pouvait se considérer comme une Chimère, il savait maintenant qu'il n'était pas seul... Ce qui n'était pas rassurant pour autant. La vision dantesque d'une horde de zombis affamés lui glaça le sang. Pas vraiment les voisins idéaux. Il était encore plus choqué sur la nature de cette prison. Il se souvenait de son reflet dans le lac.

*Ce cadavre serait donc... Mon ame?*

Il y avait là quelque chose de profondément injuste, voire même d'incohérent. Si sa nature était aussi monstrueuse, pourquoi n'avait-il pas pu tuer cette fille? Pourquoi arrivait-il encore à parler, à penser? S'il était un monstre, pourquoi ne se comportait-il pas comme tel? Qui était-il? Il ressentait de la colère, bien sur, de la colère contre Dieu, le Destin, la chose qui avait fait de lui ce qu'il était en corrompant son ame puis son corps. Mais ça ne faisait pas de lui un monstre. Mais il avait perdu tout espoir de retour. Il était bloqué ici pour l'éternité. Et alors? L'autre monde n'avait plus rien à lui offir. Là bas aussi il serait un monstre... Un monstre à visage humain.

- Je suis donc une Chimère?

Question stupide. Il était au beau milieu d'un village peuplé de gens qui n'avaient SURTOUT PAS envie d'approcher une Chimère ! La pensée que quelqu'un pouvait, depuis une fenêtre, le mettre en joue avec un fusil, une arbalète ou une arme quelconque le laissa froid. Il était déja mort une fois. Et il savait qu'il devrait trouver seul une réponse à sa question.

- Oublie ce que j'ai dit. Sais-tu si ces Chimères ont un village, ou un lieu de rassemblement ?

C'était une réaction courageuse. Elle le toucha. Elle le prenait pour un monstre, mais elle l'avait quand même aidée. Il posa la main sur son épaule, l'obligeant à le regarder, et plongea son regard dans le sien.

- Ce serait une cruelle récompense que de te tuer alors que tu m'as aidé. J'ai désormais une dette envers toi. Tu ne mourra pas de ma main. Les gens dans ce village n'ont pas l'air mauvais. Trouve refuge auprès d'eux. Ils te protègeront. Prie pour moi.

Il jeta un regard vers l'autel, au fond de l'Eglise.

- Et ne perds jamais espoir. Quoi qu'en dise ton coeur. Thomas Moisan est mort pour avoir perdu espoir. Il n'y a plus que Saedroth.

Avant qu'elle puisse répliquer, il était parti, comme un mauvais rêve...

Comme je n'avais vu que ses yeux, ses yeux francs, je n'avais pas eu de mauvaise réaction. Ce fut un homme après tout, certes son aspect actuel laissait à désirer, mais il devait avoir un bon fond. Il pensait avoir une dette envers moi, mais le fait qu'il m'ait laisser vivre devrait l'effacer je pense.
Il avait raison, Cassy m'avait dit qu'il y avait d'autres gens, je devrai faire comme il a dit, trouver un refuge, quelque part où m'abriter. Je suppose que toutes les Chimères ne seraient pas comme lui.
Il regarda l'intérieur de l'église avant de dire sa dernière phrase :

- Et ne perds jamais espoir. Quoi qu'en dise ton coeur. Thomas Moisan est mort pour avoir perdu espoir. Il n'y a plus que Saedroth.

Je ne mis que quelques secondes à comprendre que Thomas était son nom, et bizarrement ça me rappela quelque chose, mais c'était trop vague pour le saisir. Je lui souris en promesse muette de ne jamais perdre l'espoir, même si je n'en étais peut-être pas tant capable, puis il disparu dans la nuit. Là encore, il ne me fallut que quelque secondes pour comprendre la raison qui rendait ce nom si famillier. Je ne savais pas si il allait m'entendre, mais je criai dans la nuit :

- Ton père pense à toi.


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En parlant d'enfant... Kana marchait depuis pas mal de temps déjà. La petite fille, qui avait pourtant trouver de la companie dans la sinistre forêt, avait pourtant décidée d'en sortir toute seule. En effet elle serait volontiers restée avec Alexender, seulement l'arrivée du monsieur moche et le fait d'être ignorée l'avaient profondément irritée. Et puis, de toute façon, les voir se battre comme des bourrins ne l'interressait pas vraiment. Alors elle était partie comme ça. Et Alex, trop absorbée dans son ridicule combat ne l'avait même pas retenu, et de toute façon il ne l'avait probablement pas vu.

Alors elle marcha longuement. De nouveau. Cette forêt ne lui plaisait, mais alors vraiment pas du tout. La solitude l'envahissait plus que tout. Et puis, même si pour elle, elle trouvait cela encore absurde, elle se demandait si elle retrouverait son papa. Si elle savait, ce qu'il en était réellement...

Elle arriva, sans le savoir, dans le petit village d'Hollow Dream. Lui non plus n'avait pas un aspect bon enfant, et un silence de mort ainsi qu'un vent froid etait ses seuls compagnons. Et puis elle vit l'église, et allez savoir pourquoi, décida d'entrer dedans. Peut être qu'elle aurait plus chaud, elle qui avait si froid. Une fois entrer, elle constata dépitée qu'elle n'aurait pas lus chaud ici. Mais tant pis, elle entra quand même et s'avança à travers les bancs. Autour dire que cette église était dans un sale état.

Entrée, dans l'église, elle fit un signe de croix. Triste et dépsespérée elle s'asseilla sur un banc. Il paraît que quand on ne va pas bien, ca réconforte de prier Dieu, Alors elle prie.

*Mon Dieu,
S'il te plaît fait que je retrouve mon papa le plus vite possible, que je sache où je suis.
Fait que je trouve des gens qui seront gentils avec moi et pourront m'aider...
parce que moi...
parce que moi...
...je ne sais plus quoi faire.*

Ses yeux commencèrent alors à s'embuer de larmes. Papa, son papa. Elle voulait tant le retrouver. Au fond, Kana avait compris ce qui lui était arrivé. Elle n'en avait pas conscience, tout simplement. C'est pour cela qu'elle ne pouvait expliquer la raison de sa détresse. Et puis une étrange odeur commence à lui monter au nez. Autant dire que ça e send pas bon du tout. Elle se lève, et suit l'odeur. Plus elle se rapprochait plus ca empestait. Et elle finit par y arriver, devant cette homme crucifié. C'était horrible, il etait mutilé de partout, on voyait encre du sang séché. Et cette odeur... Kana comprit que le cadavre commençait à se décomposer. C'est alors qu'elle eut un mouvement de recul, et ne se doutant pas qu'il y avait quelqu'un d'autre dans l'église, d'une voix perçante qui retenti dans tout le lieu elle fit:

"BEURK!!!"

Cendre sursauta et poussa un cri amplifié par la reverberation. Heureusement pour tout le monde, le son ne dura pas et la banshee se reprit.

L'esprit blanc se releva. Elle était en train d'inspecter une statuette brisée au sol quand elle avait entendu la gamine. Les pans humides de sa chemise de nuit retombèrent contre ses flancs maigres et elle jeta un coup d'oeil alentour, autant étonnée qu'effrayée. Sa voix mentale retentit silencieusement dans l'église et dans la tête de Kana, comme une marée ouatée de paroles muettes.

"-Il y a quelqu'un? Quelqu'un?"

L'esprit embrumé de Cendre lui faisait déjà voir des esprits follets et ses sourcils blancs se rejoignirent au dessus de ses yeux sans paupières.

"-Peu importe ta nature, esprit, montre toi..."

C'était clair et limpide; seul un esprit pouvait encore venir dans ce lieu désolé. Là ou on avait prié l'ancien Dieu, qui d'autre oserai venir qu'un de ses enemis? La jeune femme tourna la tête en direction d'une colonne. Par passages, des éclairs blancs illuminaient pour elle la nef. Des illusions, encore et toujours. Le martyr sur sa croix lui sourit et elle lui répondit par un regard froid avant de se focaliser à nouveau sur l'intru.

"-Je ne te ferai pas de mal si tu n'es pas de ceux que je connais..."

Son regard aléatoire se posa finalement sur la silhouette menue de Kana, à à peine dix mètres d'elle.

"-...un enfant?"

*Un farfadet...ils doivent avoir decidé de m'évaluer à nouveau...*

Tout était limpide de délire, si cette expression était un tant soit peu compréhensible, dans son esprit.

Kana écoutait son cri faire écho contre les parois de l'aéglise. Sa voix..la seule source de clarté dans ce lieu. Mais à cet écho, un autre cri répondit. Court, mais assez pour que Kana porte la main à ses oreilles. Kana s'écarta du cadavre, enfin, tele était son intention. Car de nouveau, elle fut paralysé par autre chose. Dans ses pensées, une voix avait surgit, mais pas sa voix habituelle qui la fait réfléchir, une voix inconnue.

*Il y a quelqu'un? Quelqu'un?*

Kana regarda partout. Qu'est-ce qui se passait, qui faisait ça? Etait-elle pris à un incroyable délire? Elle avait pourtant cru être toute seule!

*Peu importe ta nature esprit, montre toi...*

Au contraire, Kana n'avait pas envie de se montrer. Et pourtant, alors qu'elle aurait voulu se cacher, Kana resta clouée sur place. Sa vie prenait une tournure inquiétante, qu'elle n'arrivait plus à maîtriser. Voilà qu'on parlait dans son esprit maintenant! La voix, qui était pourtant douce, avait une sonorité inquiétante dans sa tête

*Je ne te ferai pas de mal si tu n'es pas de ceux que je connais...*

Mais de quoi parlait-elle à la fin?! Kana ne comprenait rien. Et l'inconnu fait toujours peur. La petite fille était de nouveau la proie à une horrible détresse. Et elle était toujours clouée au sol. Alors, désespéré, elle poussa un petit cri, et tomba sur les genoux, se tenant la tête entre ses mains.

*Sors de ma tête!*

C'etait une prière, et non une menace. Dans l'état dans lequel elle était, la petite fille ne pouvait menacé qui que ce soit. Et elle releva la tête. Et elle la vit, cette autre personne qui se trouvait dans l'église. D'apparence, on aurait dit une sorte de femme. Elle était grande et élancée, toute en longueure. Ses cheveux étaient blancs, elle avait un teint si pâle! Jamais Kana n'avait vu ça, et à vrai dire, elle n'avait rien d'humain. Sa chemise de nuit grise lui donnait un aspect si fragile. Mais si c'était elle qui parlait dans sa tête, alors elle n'avait rien de faible. De ses grands yeux bleus implorants, Kana demanda, d'une faible voix aigue et cristaline:

"C'est toi, la voix qui me parlait dans ma tête?"

De nouveau, la voix de la femme sonna dans l'esprit de Kana, plus faible et douce cette fois.

"-...je...oui, c'est moi. Qui es-tu, un esprit? Comme moi? Un esprit? Un esprit? Un esprit?"

Plutôt désemparée, car elle n'apercevait à présent qu'une enfant affolée, Cendre recula d'un pas. Ou flotta un arrière sur une distance équivalente à un pas, mais cela était moins joli à dire. Puis elle se rassura. Une enfant, ça n'était pas dangeureux. Moins qu'elle. Donc, conclusion logique, la banshee n'avait pas à avoir peur. C'était simple. Aussi simple que le sourire presque niai du saint décapité, de la statuette brisée qui gisait au sol et que la femme blanche avait observée.

"-...non...tu es une humaine, n'est-ce-pas? Pas une banshee, tu ne peux pas..."

Elle se parlait plus qu'elle ne parlait à Kana et les mots qui penetraient dans l'esprit de la petite fille étaient à peine formulés.

La femme tourna la tête vers le plafond aux décors effrités. Elle faisait peu à voir, avec ses yeux et bouches béants, son teint spectral et sa chemise de nuit dechirée par les branches d'arbre.

"-Sinistre endroit pour une divinité...sinistre."

*...je...oui, c'est moi. Qui es-tu, un esprit? Comme moi? Un esprit? Un esprit? Un esprit?*

"Non, je suis...une petite fille."

La voix était plus douce, et Kana se senti légèrement rassurée. Quand elle vit la drôle de femme faire un bon en arrière, elle comprit qu'elle n'avait pas l'air d'être rassurée non pls. Pourtant Kana était complètement innofensive, n'ayant ni arme et se sentant lasse et affaiblie. Et la femme murmura à nouveau dans sa tête, mais c'était tellement fait que cela en devint inodible pour Kana.

Et puis elle vit la femme relever la tête, regardant le plafond. Kana se décida à se relever, et fit deux pas vers elle. En effet son apparence fantomatique intimidait la gamine. Elle faisait peur et peine à voir, elle semblait un peu perdue. Comme Kana. Mais c'est bien connu, les enfants prennent souvent les devant. Et kana était peu timide. Alors lorsque la banshee constata que l'endroit était sinistre Kana lui répondit:

"Moi non plus j'aime pas comment c'est ici."

Puis, elle tenta une nouvelle question, espérant avoir des premiers éléments de réponses.

"Tu sais où on est ici? Je trouve que ça ressemble pas trop à un village anglais moi..."

"-...une petite fille? Bien..."

Elle s'en accomoderai. Etrangement, cela la soulageait d'apprendre qu'elle n'était QU' une petite fille.

"-Que est...ton nom? Ou ton pseudonyme, je ne sais pas..."

*Et moi, quel est mon nom? Bonne question.*

Elle baissa les yeux sur ses pieds transparents qui semblaient disparaitre. La fine cendre se répandait encore sur les dalles souillées.

*Cendre. Un pseudonyme...mais je ne suis plus...quoi...plus Maëlle? Plus rien?*

Attendant la réponse, elle reflechissait, quand la gamine lui posa une autre question. Ou était-on? Bonne question. Cendre avait été sceptique quand aux affirmations de ce...Soren alors que dire à cette enfant? En réalité, peu lui importai la frayeur qu'aurai pu causer l'annonce de la verité à Kana, elle ne trouvait simplement pas le moyen de l'expliquer. D'autant plus que son cerveau embrumé se plaisait à effacer quelques passages importants de sa mémoire. Elle répondit finalement d'un ton que l'on aurait pu qualifier de "morne murmure":

"-...Je crois qu'on dort...on est dans le coma, et ceci est..."

*Ceci est quoi?! Je ne sais pas, je ne sais plus, je ne l'ai jamais su et si ça continue je deviens folle!*

Maëlle, tu l'es déjà, ne vois-tu donc pas? Tout n'est qu'illusion dans ta vie onirique, tu mêles le rêve au réel et ceci même dans ce...cauchemard. Maëlle n'entend pas la raison et plonge dans les gouffres de la folie en croyant se sauver et sauver son âme...pauvre âme, pour ce qu'il en reste...

*Que est...ton nom? Ou ton pseudonyme, je ne sais pas...*

Kana regarda la femme avec un grand soure. Qu'est-ce que ça change vite l'humeur d'un enfant! Surtout celle de Kana en fait... Si elle lui demande son nom, c'est qu'elle a un minimum d'intérêt pour elle, et cette fois ci, contrairement à Alexender, ce n'est pas elle qui dû se présenter d'elle meme. Alors d'une voix guilerette, elle répondit tout en tendant sa petite main.

"Je m'appelle Kana! Enchantée! Et toi c'est quoi?"

Et puis, dans le même temps, Kana commença à avoir de troubles explications.

*...Je crois qu'on dort...on est dans le coma, et ceci est...*

Kana n'en croyait pas sa tête. Mais de quoi parlait-elle? Kana était en train de faire un rêve? Impossible! Si c'était le cas elle ne pourrait pas avoir froid, ni sentir des odeurs? Tout cela était trop réels! Dans le coma? Comment ça dans le coma? Autant dire que Kana était perdue, Cendre semblant elle même perdue dans tout cela, d'ailleurs elle n'avait pas finit sa phrase.

"Je suis désolée mais je ne comprend pas ce que tu veux dire.Et puis c'est quoi le coma?"

Kana avait déjà entendue parler de coma. Son père une fois, avait été mécontent car, malgré l'aide de sa fille, le plan n'avait pas réussit comme il l'aurait voulu et il y avait un monsieur qui n'avait pas été complètement éliminé. Il avait été envoyé dans le coma avait dit le papa de Kana. Mais la petite fille n'avait pas eu plus d'explications que ça. C'est un lieu le coma?

La banshee était désemparée. A nouveau, se demandant son nom, elle prit un air soucieux et les rides formées par ses sourcils levés lui donnaient l'air d'un fantôme véritable. Elle finit par murmurer d'une voix mentale sourde et hésitante "Qu'elle pensait s'appeller Cendre".

Maëlle...un nom lointain. Maëlle Bihann...Aussi loin...Un patronyme prisonnier d'un corps mort...

Cendre, Cendre la pseudo-banshee. Un nom genant, agaçant, comme le bourdonnement aux oreilles de la femme des illusions...illusions sonores?! Hallucinations-hallucinés bavards? Non...

Délire tout autant visuel que tactil...et si audible...

Sur le corps déchiré du martyr dansaient des esprits follets.

Affolée, elle recula d'un pas, de grosses gouttes de sueur coulant le long de son corps maigre et nerveux.

A peine une fraction de secondes. Trop rapide pour que Kana ai tout compris. Cendre se reprit, toujours affolée et répondit à la deuxième question de son interlocutrice:

"-Le coma, c'est un état de l'être frère du sommeil et de la mort...Un long dodo pas normal. Dont on ne se réveille pas facilement. Je crois...à peu près ça, je pense. Et ici, on..."

Elle déglutit bouche ouverte, ce qui donnait un effet pour le moins étrange puis passa une langue tachetée des vapeurs rouges sur ses lèvres, les colorants de pourpre.

"-...on cauchemarde. Un grand rêve ou se retrouvent les gens dans le coma...Comprends-tu ça?"

Elle l'esperait de tout coeur. Parce qu'elle, elle ne pigeait rien à rien.

Kana n'aurait jamais cru qu'on pouvait être désemparé face à une telle question. Que se passait-il chez cette femme pour qu'elle est cet air si soucieux, cet aspect si hésitant alors qu'on lui demande simplement son nom? A être comme cela, on aurait bel et bien dit un fantôme, un vrai. Mais les fantômes, ça n'existe pas!!! Et puis, Kana finit par entendre dans sa tête un doux son hésitant. Elle pense s'appeler Cendre. Elle n'en est pas sûre?! Quoi elle a oublié son nom? Si c'est le cas, c'est normal qu'elle soit si triste se dit alors Kana. Cependant, elle trouvait que Cendre était joli.

"Cendre tu dis? D'accord je t'appelerais comme ça! C'est très joli!"

Et puis, comme réaction, quelque chose de bizarre se passa. Kana ne réussit pas à savoir quoi exactement, c'était allé si vite... Cendre semblait avoir un conflit intérieur, perdue dans cet univers mais aussi dans son univers à elle. Kana crut même un instant qu'elle allait sombrer à la folie, drôle de sensation. En effet, si c'était le cas, qu'est-ce quelle pourrait faire?! Kana avait beau être en face d'elle, Cendre semblait être plus préoccupée par autre chose, autre chose qui ne regardait qu'elle. C'est à se demander si elle répondrait à la gamine. Et pourtant c'est ce qu'elle fit.
Alors c'est ça le coma?! Kana avait eut un choc violent à la tête, et aprés elle s'était retrouvé ici. Ca voulait dire qu'elle était tombée dans le coma?

Comme la mort? Kana allait mourir?
Pauvre enfant, Kana tu ne le sais pas, mais tu as été débranchée. Et au même moment, quelque chose en toi a changé. Quelque chose que tu as ressenti. Au même moment, tes cheveux sont passés du blond au roux.
Au même moment tu es devenue une Ombre.
Dans son inconscient Kana comprend qu'elle ne reviendra jamais dans le monde des vivants. Et c'est pour cela qu'elle a un air triste, triste et dépité. Désespérée.

"Oui, j'ai compris cette fois ci..."

répond elle alors avec un air dépitée et triste. Et son papa alors, allait-elle un jour le revoir?
Kana baisse les yeux, des larmes les emplissants. Elle se mord les lèvres se retenant de pleurer.

*Papa...*

Elle baissa la tête l'air presque honteux. Elle n'avait jamais été une bonne menteuse. Sauf à elle-même mais il s'agissait d'un art totalement différent. Ignorant si ses tics la trahissaient toujours lorsqu'elle retaillait la verité, elle avait préferé annoncer celle-ci brute à Kana. Brute, oui, et c'était bien le cas pour une petite fille de son âge. Peut-être aurait-il fallut se taire ou omettre quelques éléments. Trop tard pour s'en préoccuper à présent.

Elle releva la tête. Ses yeux ternes se voilaient de rouge-rosé, l'équivalent chez elle des larmes.Une sorte de sang, le même que celui qu'elle exhalait.

Evidemment, la comparaison avec un lapin albinos n'aurait pas été judicieuse en ce moment. Enfin. Si quelqu'un tenait à se faire hurler les milles et une horreur de sa vie, il n'avait qu'à lancer cette pique droit dans la fierté du presque-fantôme.

"...désolée...de...de t'avoir dit cela...je...ne sais rien."

Sa respiration étai sifflante et bruyante. Quelque chose dans l'atmosphère de l'église...quelque chose! Oui, peut-être l'odeur salée du sang, de la pourriture et de la charogne, la lourde poussière qui soudain semblait emplir les pores du corps du fantôme, et ces esprits grimaçant...des farfadets, des saints, des gargouilles, un cadavre ou des chimères. Peu importait leur nature, tous avaient ce sourire dément que Cendre haïssait tant.Ils étaient moqueur et la raillait. Une odeur de viande grillé, un parfum illusoire, monta aux narines fendues de la pseudo-banshee. Sans qu'elle sache exactement pourquoi, elle ressentit à cet instant une profonde sensation de brulure dans tout son corps. Le reste s'imposa à elle. Elle ne le devina pas. Elle le sut.

"-...brûlée...brûlée...vive ou morte? On m'incinère...brûlée...je crois que...je viens de mourir définitivement...brûlée, brûlée, brûlée..."

Marmonna t-elle avant de se rendre compte horrifiée qu'elle avait parlé tout haut. Brusquement l'odeur de rôti laissa à nouveau la place aux odeurs repugnantes de l'église. Cendre tomba à genoux. Sur des jambes presque déjà entièrement invisibles se répandant en cendres sur le sol.

*Alors je suis Cendre...Moi, je suis morte? Morte?!! De quel droit...?!!*

Kana ayant gardé la tête blessée pour qu'on ne puisse pas voir ses larmes. Ainsi, elle n'a pas pu voir que pour Cendre, ça n'allait pas fort non plus. Elle ne pourra pas faire non plus la remarque qu'elle ressemblait à un lapin albinos, même si dans son état psychologique actuel, elle ne l'aurait pas fait. Ouf, tant mieux pour elle! Elle ne relèvera à nouveau la tête que lorsqu'elle entendra dans ses pensées Cendre qui lui dit qu'elle lui avait menti, et qui s'excusait. Mais a petite fille ne réagit pas. C'était de bien mauvais goût, et elle se demandait si elle n'allait pas succomber à la folie. Tant de choses arrivaient en même temps dans sa tête, et Cendre ne pouvait pas non plus y apporter de réponses! Mais Kana voulait savoir, elle devait savoir! Elle voulait être définitivement fixée sur ce qu'i en était de son sort. Et puis elle entendit des paroles de Cendre, qui la stupéfières, presque horrifiée. Pourquoi disait-elle ça? 2ait-ce le dernier souvenir qu'elle avait eu avant de se retrouver ici? Toujours est il qu'à cet instant, Kana ne lui en voulu plus de lui avoir mentie. Car Cendre était au moins aussi perdue qu'elle dans ce monde de cauchemard.

"C'est pas grave...que tu es menti..."

Et puis Kana vit Cendre tombée à genoux, et ses mêmes genoux tomber en cendres. Alors elle compris d'où venait ce surnom, un bien triste surnom finallement. Cette scène n'inspirait pas de la pitié à la petite môme, sinon une infinie tristesse. Et Kana comprit alors quelque chose de ce monde, elle reçue cela comme une fatalité. Alors lentement, timidement, se demandant si ele aurait le droit de faire cela, elle s'approcha de Cendre. Arrivée vers elle, elle eut un mouvement d'hésitation. Et elle posa sur l'épaule de la pauvre femme, une petite main glacée, une petite main qui se voulait réconfortante, si on pouvait réussir à réconforter quelqu'un dans ce monde là.

"T'as quand même raison sur un point. Ici c'est un véritable cauchemard..."

Un petit moment de silence. Enfin de compte ce qu'elle disait n'était pas réconfortant. Mais Kana avait repris cependant un peu du poil de la bête. Car elle comprenait de plus en plus certaines choses, les ressentant elle même et se doutant que ça devait être pareil pour Cendre.

"Mais pour le moment, la pire chose c'est de ne pas savoir ce que c'est ici, de ne pas comprendre pourquoi on est là...
...N'est-ce pas?"

Elle releva la tête. Quelques gouttes rouge vif coulaient le long de ses joues constellées de sang, se mêlant aux goutellettes de rosée morbide et grossissant en un flot d'un rouge trop pur sur un blanc trop clair. La banshee jetait à Kana des regards desesperés. Elle faisait pâle figure -figure de style, évidemment qu'elle était pâle- auprès de l'enfant, mais ne semblait en cet instant pas le moins du monde en désaccord avec l'ambiance moribonde de l'église. Elle rejeta en arrière ses cheveux blancs et poussa un gémissement malheureux, première fois qu'elle tentait d'articuler quelque chose par les moyens naturels. Car elle tentait bien et parler mais les mots ne venaient pas. Elle ne pouvait pas, tout simplement, et ne parvenait qu'à emettre un râle aigu inssuportable. Elle cessa rapidement sa plainte et tenta de se relever, s'appuyant sur les dalles sombres et sales d'une main tremblante. Elle avait de la fièvre et se sentait mal. Trop mal. Le sang visqueux qu'elle exhalait genait sa respiration, un étau lui comprimait la poitrine et les esprits moqueurs la raillaient toujours.
Une membrane vint s'ajouter au fouilli opaque qui recouvrait déjà ses yeux vitreux et elle vit plus clairement. Kana, Kana qui était là et tentait de la réconforter. Un cauchemard, oui, un cauchemard...et c'était elle qui avait dit ça? Possible. Probable. Elle ne se souvenait pas et avait mal. Mal.

"-...merci...Kana..."

C'est à peine si sa voix mentale eut asser de forces pour articuler ces deux mots. Elle se sentait lasse et sentait dans ses poumons le sang coagulé, asseché et épais qui l'étouffait. Oh, elle ne mourrait pas. Mais cela l'oppressait.

Maëlle, d'autres problèmes que les tiens. Maëlle, regarde la gamine. oui. Bien. Elle est seule elle aussi et si jeune. Plus à plaindre que toi. Relève-toi. Bien.

Elle serra soudainement la main de Kana en "murmurant" mentalement autant de remerciement qu'elle connaissait.

Maëlle, tu es Maëlle, souviens-toi. MA-ËL-LE. Repose ce candelabre, il ne t'a rien fait. Ce n'est pas un démon. Ca vaut aussi pour cette Bible. N'arrache pas les pages, c'est un exemplaire ancien.

Et Cendre releva la tête. Kana put voir couler sur les joues blanches de la banshee des fines goutellettes rouges. Etait-ce du sang? Possible, par ce qu'elle avait déjà vu, de Cendre, elle se doutait qu'elle n'était pas humaine. Avec les regards désespérés qu'elle lui jetait, elle aurait pû faire une statue se mariant parfaitement à l'ambiance de cette église, qui à bien y réfléchir n'avait rien de ce que pouvait prétendre les chrétiens. C'est fou comme un lieu de paix et d'amour peut se transformer en lieu de cauchemard, morbide, et de désespoir.

Cendre dégageait une infinie tristesse, qu'elle transmettait également aux autres. A la voir gémir pour essayer d'articuler quelque chose et tenter de se relever en vain, Kana eut une nouvelle fois envie de pleurer. Peut être que le fait que Cendre lui dise merci la stoppa dans cette vision de tristesse infinie. Encore une fois, Cendre sembla se sentir mal. Mais de qu'elle mal pouvait-elle souffrir, cette femme qui était triste à en mourir, et dont cette douleur infligée était pire que si on lui arrachait le coeur pour le déchiré en deux? La mome souria gentiment lorsque la femme lui prit la main, lui murmurant des mercis.
Kana voulait l'aider, mais comment? Enfin, commençons par le commencement...

"Cendre t'es sûre que ça va?"
"Est-ce que tu crois que tu peux e lever ou tu veux que je t'aide?"

En effet, Kana commençait à en avoir un petit peu mare de cette église, et elle voulait par la même occasion trouver quelqu'un qui connaissait réellement cet endroit et qui pourrait apporter des réponses à ses questions. Mais cependant, il était hors de questions qu'elle sorte de l'endroit sans Cendre.

L'air abasourdi, elle lacha les objets qu'elle avait attrapé par mégarde. Secouant doucement la tête, elle tenta de se reprendre. Ses mèches blanche tombaient, emmêlées sur ses épaules maigres et son corps s'agitait nerveusement.
Elle avait faim. Pas la faim l'instinct primaire, mais la Faim dévorante qui lui tordait les entrailles. Elle avait goûté aux relents de peur qui stagnaient dans l'église et voilà que cette mise en bouche, semblable à la fumée d'un rôti, la torturait. Morte, affamée, folle, en train de tomber en cendres. Génial. On ne pouvait imaginer situation plus agréable.

Peu à peu elle reprit conscience. Il y avait cette fille, qui déjà? Kana, c'est ça. Donc, il y avait Kana qui lui parlait.

Rembobiner les paroles entendues mais pas écoutées. Parfait. Pigé? Alors analyse. Pitié? Quelque chose d'analogue, au moins. Qui des deux était vraiment l'enfant perdu dans un cauchemard, hu?

Pas forcément celle que l'on croit mais pas non plus obligatoirement Cendre.

"-Je...non...enfin oui. Bon, dans l'ordre. Je-vais-mal. Mais peu importe pour toi..."
Un regard plus que désolé et suppliant.
"-...Et je peux-me-relever-sans-trop-de-mal. Merci encore...et désolée! Pardonne-moi! Il faut sortir. C'est inssuportable. Je ne peux plus supporter cet endroit. L'odeur, tu la sents, l'odeur? La peur. La tienne, la mienne et celle d'autres avant nous...Je ne supporte plus! Viens, il faut sortir!"

Toujours aussi affolée, les jambes flageollantes, elle empoigna Kana par la main.

"-SORTIR!"