Entre ombres et lumières...

Voyant les lêvres de la jeune femme trembler, Soren s'empressa d'enfoncer le clou, esperant ainsi gagner la joute sur le plan mental (peut-être aussi pour en eviter la partie physique)... C'était assez calculé sachant que malgrès sa volontée et ses petits sourires carnassiers; Myst était destabilisée. Conservant la même expression, le bibliothécaire s'adressa a sa consoeur qui apparament ne pouvait pas tenir en place deux minutes...

"Tiens, amusant, vous vous mettez a parler de justice. Mais je doit vous donner raison, si un humain ou une chimère vous tue, cela ne sera qu'un juste retour des choses. Alors comment honorer votre promesse si vous êtes morte? Et que va t'on penser dans les hautes sphères de notre espèce? Vous avez rencontré celui qu'on surnome "le lâche" et vous êtes partie comme cela? C'est parce que ce que je dit est un peu trop lumineux de véritée; mes paroles vous ont aveuglé. A moins qu'il n'y ait autre chose..."

"Lumineux de véritée"... "Lumineux"... Voila un adjectif que le fantôme n'avait pas employé depuis au moins vingt ans. Il savait que seul un esprit a peu près lucide pourrait lui donner raison, ce qui a hollow dream était aussi rare qu'un cerveau dans le crâne d'un pillier de bistrot. Pourtant notre protagoniste n'avait pas peur, lui qui depuis un bon moment jouait avec le feu (et avec les nerfs de Myst)... Essayer de retarder le moment ou elle allait lui sauter a la gorge? La faire revenir sur sa promesse? Sur ses certitudes? Faire ressortir son bon coté? Ou peut être tout en même temps? Un but inconnu dans une discussion tendue qui pouvait a chaque instant tourner au bain de sang (notez les rimes)... C'était bien la première fois que Soren se retrouvait dans une telle situation!

Vilain, très très vilain bibliothécaire... Pensait-il la briser par ses paroles? Pourtant elle ne faisait que son devoir, oh oui. Myst est une sage demoiselle, gentille fille obéissante. Cruelle peut-être mais que serait une ombre sans ce charmant trait de caractère? Elle releva les yeux, sa main retomba et elle la glissa simplement dans son dos, dissimulant les quelques gouttes de sang qu'elle avait essuyer avant qu'elles ne coulent. Calme, elle le redevenait peu à peu, ses lèvres tremblaient moins.

"Tenir ma promesse? Et bien je ne la tiendrais pas dans ce cas-à, tant pis. Cela fera une seule et dernière trahison à ma parole."

Gentille Myst finalement. Fidèle et loyale, juste face à ses principes, et morte si elle ne les respectent pas. Logique, non? Pour elle oui, pour ceux qui ignorent tout de sa logique insencée, c'était une autre histoire. Enfin, elle avait fait une promesse, si des menaces pouvaient être considérées comme une promesse. Tout est relatif, n'est-ce pas?

"Et les hautes sphères... Le chef? Je pense qu'il n'aimerait pas que je tue d'autres ombres. On ne tue pas ses compagnons d'infortune, n'est-ce pas? Et puis je ne suis pas tueuse de métier, juste curieuse par loyauté. Alors qu'aurait-on à me reprocher?"

Une manière un peu trouble de signaler qu'elle n'était pas assassin. Après tout espionner ne voulait pas dire tuer, non? Autrement qu'en aurait-il été de la gentille Carmen? Morte depuis longtemps si Myst avait toujours tué à tour de bras. Mais elle n'était pas tueuse, sauf pour se nourir. Ou sauf quand elle était menacée, mais c'est une autre histoire. Non, nul ne pourrait le lui reprocher, et paradoxalement, les remontrances de Carmen lui faisaient plus peur que celles du chef ou des autres ombres.

"Et il n'est de lumineux que l'espoir, non la véritée. La vérité tue, comme elle tuera tous les humains. La vérité, c'est qu'il n'y a rien qui vaille sincèrement la peine que l'on vive. Regardez-vous, ne l'avez-vous pas vu, cette vérité?"

Et à nouveau un sourire refit son apparition, un sourire innocent mais en même temps accusateur. Le moraliste était-il dans le vrai? Ou la jolie folle se rapprochait-elle plus de ce qui était juste? Qui peut bien le savoir...

La discution continuait de plus belle. La jeune ombre allait-elle supporter plus longtemps ce que Soren qualifiait lui même de "sermon rébarbativement necéssaire" ou allait-elle lui sauter dessus, exaspérée? Le bibliothécaire continua simplement de parler, sans changer d'expression ou de regard, il ne savait pas a quoi tout ceci allait le mener et pour l'instant, il se fichait royalement d'une quelconque issue. Qu'est-ce qui le poussait tant a vouloir raisonner cette folle? Qu'est-ce qui le poussait tant a essayer de faire virer cette psychopate de bord? Soren, des troubles comportementaux? Non, il avait bien toute sa tête, mais qu'est-ce qui pouvait bien l'obliger a continuer cette conversation alors qu'il ferait mieux de disparaître? L'espoir? Qui parle d'espoir pour quelqu'un qui se moque de la mort? Autre chose alors. Mais quoi..?

"L'espoir est lumineux, la véritée l'est aussi, mais vous serez surement plus aveuglée par la véritée que par l'espoir qui, de toutes façons, ne brille plus, ni dans votre coeur ni dans le mien. La seule véritée que j'ai vue dans ce monde comme dans l'autre c'est que personne n'a le droit d'ôter la vie de quelqu'un. Tout le monde a un futur, même si parfois la mort est inévitable... Concernant les ombres, rassurez vous, ils ne me considèrent pas comme l'un des leurs. Votre supérieur ne vous a jamais parlé d'un être "ecoeurant de pacifisme"? Si oui, il s'agissait de moi..."

Lassée peut-être, Myst se détourna, exécuta un demi-tour, puis soudainement, revint faire face. Court interlude peut-être pour achever de faire taire la vilaine petite créature qui ne cessait de geindre en elle. Silence, silence Carmen, tu sais pourtant que ces paroles sont fausses, sinon Myst ne serait jamais née, pas vrai? Alors pourquoi s'acharnait-il à la faire douter? Voulait-il donc les tuer toutes les deux? Non non, il ne le pourrait pas, Myst était la plus forte et maintenant elle bouchait les oreilles de Carmen.

"Erreur, erreur... Tous tuent, cette loi n'a pas de valeur."

Sa voix redevenue sûre semblait presque chantonner comme sur une comptine en disant ces quelques mots. Puis elle avança de nouveau, revenant plus près du bibliothécaire, joueuse ou provocatrice? Difficile à dire.

"Il n'existe pas d'accident, pas de malchance. L'être humain se détruit lui-même. Comment être arrivé ici, Soren? Comment arriver à Hollow Dream? Le hasard n'existe pas. C'est une chance... Une chance pour ouvrir les yeux et enfin voir. Une chance pour comprendre ce qui fait que vous n'êtes déjà plus humain, que vous n'avez plus cette écoeurante chose qui s'appelle l'espoir au fond d'un coeur devenu mort."

Qu'est-ce qui justifie de ne pas trouver le repos et d'arriver dans cet endroit? Curieusement les seules êtres qu'on y trouvait vraiment étaient les humains, les autres espèces n'étant qu'une sorte d'amélioration. Finalement même cet antichambre de l'enfer était une création humaine, un lieu où ils pourraient avoir l'opportunité de voir toutes ces horreurs qu'ils créent eux-mêmes, volontairement ou non.

"Alors pourquoi vous acharner? Moi j'ai vu, rien ne pourra me faire changer. Mais vous? Naïf, très naïf. Heureusement que je n'aime pas écouter les conciergeries des Ombres. Je préfère celles des autres races. Mais continuez ainsi et peut-être qu'un jour on portera jusqu'à mes oreilles le désir d'en finir définitivement avec vous."

Manoeuvre a la fois de mépris, d'exaspération et de tristesse, Soren tourna soudain le dos a une Myst qui croyant décidement dur comme faire que hollow dream ressemblait plus a un paradis qu'a un enfer. Ces ombres, il n'y en a vraiment aucune pour ratraper les autres. C'était peut-être la peur qui étraignait le coeur du bibliothécaire, la peur que la folie dont Myst était victime consume le peu d'humanitée qui était enfouie en elle. Comment expliquer, sinon, tout ces revirements et autres hésitations schizophrèniques? Comment expliquer, tout simplement, le fait qu'elle ne lui ait pas directement planté ses griffes dans la gorge. C'est ce genre de comportement qui avait amené Soren a réfléchir sur le sien... Pourquoi n'avait-il pas encore fuit? Pourquoi éprouvait-il de la compassion pour une banale tortionnaire? Banale? Non. Peut-être. Pas le temps de réfléchir ni de trop philosopher, il faut répondre... Et ironiquement, qui plus est, même si la colère était méchament en train de monter...

"Haaaa oui, quelle chance d'être arrivé ici, quelle chance j'ai eu de voir tout mes confrères mourir, quelle chance j'ai eu de me retrouver transformé en esprit qui doit effrayer pour survivre, quelle chance j'ai eu de voir a quel point les ombres sont sadiques et viles!"

La voix montait, montait a chaque respiration. Le fantôme se retourna. Il tremblait, il tremblait de colère et son regard était si haineux qu'on aurait cru un autre homme...

"Mais bien sur! Nous devrions bénir notre mort, nous devrions bénir ce monde ou nous somme forcés de torturer pour vivre! Bénissons les chimères sanguinaires, bénissons les ombres sournoises et le humains appeurés; soyons heureux et rendons grâce a la force supérieure qui nous a envoyé dans cette enfer crasseux et meurtrier!"

Le nez du bibliothécaire vint se coller a celui de son interlocutrice, avec une expression qui faisait franchement peur. Un son grave parvint alors aux oreilles de Myst...

"Mais surtout bénissons-vous, vous et votre grand sens des réalités, vous et votre grand sens de la pitiée, vous et votre sadisme sans bornes; vous et cette "chance" que vous avez mentionnée sans même croire au hasard..."

Quel étrange revirement, de l'agressivité chez un être qui se dit écoeurant de pacifisme? Voilà bien une variation singulière. Un mélange de surprise et de fascination mua l'expression pourtant si sinistre de Myst. Il fallait dire qu'elle était un peu... Non, beaucoup, en train de l'énerver. Un peu comme il l'énervait aussi sans doute.

Aurait-elle dû avoir peur? Très certainement. Pauvre Carmen, elle se terrait maintenant, effrayée par les réactions que Myst causait. mais Myst, elle, elle souriait. N'était-elle pas en train de lui faire ressentir ce qu'elle ressentait? Colère, rancoeur, incompréhension, tout ce que les humains lui avaient imposé, elle le faisait découvrir au bibliothécaire et involontairement qui plus est!

"Oui... Si je croyais encore en quelque chose de divin, vous devriez me bénir, moi qui vous fais peu à peu voir. Sadisme, méchanceté, le mal est somme toute très relatif, n'est-ce pas?"

Et maintenant, ses bras se relevaient, venaient gentiment entourer les épaules du bibliothécaire, sans qu'on ne sache très bien pourquoi. Elle souriait toujours, Myst. Un sourire tendre, insidieux, vicieux également.

"Détestez... Détestez vos semblables ne fait que vous rapprocher d'eux. Sentez cette colère, ce désespoir. Pourquoi alors se priver d'une douce vengeance? Vengez-vous, Soren. Peu importe sur qui. Moi j'ai choisi les humains, mais rien ne vous empêche de jeter votre dévolu sur d'autres créatures."

Une provocation de plus, délibérée de toute évidence. Il était amusant, ce bibliothécaire. Peut-être allait-il alors changer de bord sans s'en rendre compte? Il pouvait l'ignorer et fuir... Ou chercher en vain de la convaincre... Ou s'en prendre à elle, ou... Que de possibilités!

Non. Soren devait refrenner ses envies de detruire. Se serait s'abaisser au même niveau que Myst. Quand bien même il y avait quelque chose qui clochait... Comment pouvait-il actuellement être en colère, lui qui avait toujours conservé un calme froid depuis des années? Et malgrès sa rage il n'avait pas osé frappé alors que sa petite dague aurait put faire des ravages si il s'y était pris par surprise... Pourtant son interlocutrice n'était pas la plus cruelle des ombres. Juste traumatisée par on sait quel evenement sordide. Et pas moyen de retrouver un semblant de calme... Il fallait parler, parler pour lui dire qu'elle avait tort, pour lui demander d'arreter de tuer, pour...

...

Rien. Seule un forte respiration s'échappa des lèvres bibliothécaire, encore secoué de tremblements de colère. Rien a dire, encore la force de la dire, mais quelque chose bloquait. Il n'avait jamais été dans un état pareil, que se soit avant ou après sa mort. Soren n'arriva qu'a poser ses mains sur les épaules de son interlocutrice, avec qui il était toujours nez a nez (dans tout les sens du terme). Plus un son, plus un souffle, rien a dire. Juste son regard rougeoyant de rage plongé dans dans les petits yeux de Myst...

Rien... Vraiment rien? Pas de réponse? Pas d'accusation ni d'attaque dans les mots? Pas de mouvement de recul ni de geste menaçant? Pourtant elle le sentait bien trembler de colère, elle voyait bien que ses yeux finalement devenaient haine, ou en tout cas s'en rapprochaient. C'était divertissant, changeant, enfin plus proche de ce qu'il se devait d'être non? Le changeait-elle? Oh, elle n'avait pas une telle ambition tout de même. Si changement il devait y avoir, elle n'en serait pas la cause. Dommage peut-être.. Ou peut-être pas. Son sourire diminua, mais il n'avait pourtant pas perdu ce petit quelque chose qui la rendait si vicieuse et aussi si tendre.

Finalement, elle s'amusait bien, Myst, avec ce gentil bibliothécaire qui affichait maintenant un regard méchant. Elle ne recula pas, s'amusant de cette position. Pourquoi ne la repoussait-il pas? N'avait-il pas envie de l'éloigner? De la frapper peut-être? Elle qui le mettait ainsi en colère avec un sourire pervers. Non, elle ne bougeait pas, ou si, sensiblement, pour se rapprocher encore un peu plus, pour provoquer un peu plus. Ses lèvres ne firent qu'effleurer celles de Soren un court, très court instant, poursuivant sur un ton tout juste murmuré, comme une confession.

"Pourquoi continuer à débattre pour une cause perdue? Gardez votre opinion si elle vous convient, mais ne vous fatiguez pas à l'imposer à ceux qui n'y voient qu'un enfer encore pire que celui-ci."

Elle recula à peine la tête, ses bras toujours autour de Soren. Et si elle le considérait comme un jouet à énerver? Oh non, ce serait bien trop méchant. On ne joue pas avec ses semblables. Tant pis! Mais ça restait amusant pour elle, et effrayant pour Carmen.

"Tant de colère, Soren... Cela doit être fatiguant de la retenir, non?"

Ses bras se défirent de leur étreinte, mais en rien elle ne recula, restant toujours nez à nez avec le bibliothécaire.

Un murmure, un léger effleurement, un souffle... Deux bras qui retombent, et pour une fois un phrase sensée dans la bouche de la jeune ombre. Cette dernière avait d'ailleur bien réussi son coup, elle avait complêtement destabilisé le bibliothécaire. Une petite larme a peine visible coule d'un oeuil rouge. Le cerveau ne répond plus de rien, ou plûtot devrais-je dire, la raison. Pourquoi donc, pourquoi donc précher le pacifisme a des êtres qui n'en on rien a faire, Myst ayant au moins eu la patience de l'écouter? L'espoir était mort... Il ne fallait pas tuer non, mais eviter de dire partout qu'on a un "régime végétarien"... Et puis a quoi bon? C'était l'un de ces moments, vous savez, l'un de ces moment ou le temps est arreté, et ou l'on a a peine la force de murmurer même si d'ordinaire on a une grande gueule...

Je...

...Te...

...Déteste.

C'est a peu près a ce moment la que la raison de Soren hurla quelque chose du genre : "arrête de rapprocher ton visage tu est déja bien trop près!". Mais c'est le deuxième cerveau du bibliothécaire qui controlait son corps, vous savez, celui qui marche mal... Oui c'est ça, le coeur... Effectivement la tête de notre protagoniste avait grignoté un peu plus les centimètres qui le séparait encore de Myst; et c'est en général lorsque les lêvres son arrivés a destination que l'on s'apperçoit de quelque chose, ce qui semblait être le cas ici...

Aurait-elle dû être surprise? Peut-être... Ou peut-être pas. Les mots faisaient paradoxalement s'agrandir le sourire de la danseuse. Il la déteste? Oui oui, Myst on ne peut pas l'aimer, c'est normal. Mais en même temps pourquoi n'avait-il pas encore essayer de l'attaquer physiquement? Ou de la fuir alors. Il murmurait tout juste, avait-elle réussi à vaincre sa morale? Non, certainement pas. Mais au moins avait-elle vaincu la raison pour un temps, aussi court soit-il, un peu comme un simple soupire ou alors un baiser? Qui jouait avec l'autre en vérité? Ses mots ne reflétaient que peu sa pensée, non? Les actes parlent plus que les mots, même si parfois les mots provoquent les actes. Etrange réaction, très étrange, mais n'était-ce pas ce qu'elle cherchait?

Elle ne bougeait toujours pas, hormis ses paupières qui s'abaissèrent sensiblement à l'approche des lèvres de Soren. Avait-elle obtenu ce qu'elle voulait? Il pouvait ressentir la haine, agir sans tenir compte du bon sens, n'était-ce pas ce qu'elle voulait? Oui, parfaitement, elle avait réussi. Alors pourquoi en même temps il y avait cette petite douleur à la poitrine? Ce petit pincement qu'on appelle le regret?

Non non, Myst, elle était parfaitement satisfaite maintenant. Du gentil garçon timide et raisonnable, il avait versé dans la colère et l'insensé. Bien, très bien, excellent travail! Pas de raison de regretter, n'est-ce pas? Alors elle releva les bras une fois de plus, entoura les épaules et le cou du bibliothécaire, écartant les lèvres tout en prenant un sourire à nouveau, mais un peu différent. Le genre de sourire de félicitation, d'encouragement, mais toujours selon les caractéristiques douteuses des Ombres.

"Tant mieux... Déteste-moi bien, Soren. C'est ce qui fera ta force."

Du moins pour un temps, le temps que peut-être il commence à prendre plus d'initiative sur sa méthode de nutrition... Ou pas. Mais au moins la détester le rendra toujours un peu moins pacifiste.

Un moment parfait dans un silence parfait, que demander de plus? Le bibliothécaire avait posé son menton sur l'épaule de Myst et avait, assez inconsciament resseré son etreinte autour d'elle. Il ferma les yeux un court instant, des images défilant a toutes vitesse dans sa tête. Il y en avait trop, trop vite. Quelle perte de temps que d'essayer de débattre avec cette ombre... Il avait voulu fabriquer une pacifiste comme lui, et malgrès son échec il se retrouvait dans les bras de la tortionnaire. Preuve qu'il ne faut jamais imposer ses idées aux autres... Quel dommage quand même! Quoi qu'il puisse en dire ou en penser, ces annés de solitude, aussi bien terrestres que comateuses avaient surement rendu Soren un peu fou, ou du moins, un peu aigri... Quelle ironie, lui qui était allé instinctivement a l'encontre de ce qu'il disait il y a quelques secondes, à moins que cela ne fût quelques années... On perd gravement la notion du temps dans ces situations la... Trop de choses dans la tête pour parler ou réfléchir, le cerveau de Soren approchait la saturation totale, pour un peu de félicitée dans cet endroit sordide...
Toute la forêt semblait s'être tue, le fantôme deumeurait immobile, ses mains qui bougeant de temps a autre de quelques centimètres sur le dos de Myst. Pour rien au monde il n'aurait voulu que cela s'arrête...

C'était étrange comme deux sentiments pourtant opposés pouvaient être si proche, non? Il resserrait son étreinte autour d'elle, avait-il peur qu'elle ne s'échappe subitement? Oh non, elle n'en avait pas la moindre attention. Il semblait bien comme ça, à rester silencieux, à prétendre détester alors qu'il paraissait avoir tant besoin de cette simple étreinte. Trop longtemps seul, peut-être? Ou pas? Ou simplement trop incompris pour oser repousser quelqu'un qui l'avait au moins écouté? Il avait essayé de lui faire du mal avec ses mots. Et il avait même réussi en un sens, mais maintenant lequel jouait avec l'autre? Vilaine Myst. Elle commençait à y prendre sérieusement goût, à ce petit jeu. Elle n'avait pas encore bougé, le laissant la tenir contre lui. Elle murmurait toujours à peine, la proximité permettant sans peine de bien se comprendre.

"Cela fait du bien, n'est-ce pas Soren? De se laisser un peu emporter."

Emporter, mais pas encore entièrement, non. Guidé par autre chose que la raison, oui. Mais ce n'était pas encore ce qu'elle voulait. Oh non, c'était encore très loin de ce qui l'amuserait vraiment. Mais c'était toujours un très bon début. Elle ne bougea qu'un bras, venant mêler ses doigts dans les cheveux de Soren un sourt instant, puis elle se défit de l'étreinte et recula de quelques pas, sans se départir de ce sourire qu'elle gardait toujours.

"Mais il existe des moyens encore meilleurs, pour être bien... "

Peut-être espiègle, elle recula d'un pas encore, venant réunir ses mains dans son propre dos. Allait-elle encore jouer un peu?

Quel jeu trouble la jeune femme jouait là. Amicale, colérique, cynique; la discution était passé de présentations a engueulade, d'engueulade a tendre etreinte... Qui sait ce que la suite des évènements reservait a Soren. Ce dernier n'était pas mécontant d'ailleurs, ça non, il était comme euphorique, si reveur qu'on l'aurait cru dans un autre dimension. Mais la petite partie de lui qui s'accrochait encore au réel bu les paroles de Myst sans broncher. Que prevoyait-elle? Méchancetées? "Faveurs"? Difficilement déterminable, la seule chose vraiment sur était que la jeune fille semblait prendre un plaisir immense a cette confrontation empreinte d'une très grande affection. L'improbable combinaison d'une mentalitée glaciale et d'une chaleur interieure sans nulle autre pareil...
L'air complêtement interdit, le bibliothécaire continuait de fixer sa consoeur, ses grandes mèches brunes masquant a moitié ses yeux écarlates. Souriant, les bras le long du coprs, il ne disait rien. Une petite phrase sortit cependant du silence ambiant...

"Encore mieux pour... être bien?"

Quelles vilaines idées pouvait bien avoir cette demoiselle? Quel but convoitait-elle? Pensait-elle à des faveurs? Oh, Myst n'était pas de ces dames-là. Non, vraiment? Qui pouvait savoir de toute manière? Elle fit quelques pas de recul encore, sur ce chemin recouvert de feuille mortes, plissant les yeux tandis que son sourire s'agrandissait. Voulait-il savoir ce qu'elle avait en tête? Ou restait-il encore sur ses gardes? Oh, il n'y avait aucune raison pour qu'il se méfie. Lui avait-elle réellement fait du mal jusqu'alors? Physiquement, non.

"Oui, Soren. Et l'un d'entre eux est pourtant indispensable aux Ombres pour rester fort."

Encore des pas, mais sur le côté, et elle semblait vouloir contourner le bibliothécaire, puis dans ce début de tour, elle se rapprocha de nouveau, passant un bras autour des épaules de Soren, venant encore rapprocher ses lèvres de son oreille.

"Et tu n'auras même pas besoin de tuer..."

Et elle reprenait son tour, laissant son bras glisser contre les épaules de son confrère dans son mouvement, revenant s'immobiliser de l'autres côté et encore rapprocher ses lèvres.

"Après... Tu seras bien, très bien, et tu n'auras pas trahi tes principes."

Pas besoin de tuer, après tout il n'aimait pas le faire, n'est-ce pas? Mais il pourrait goûter à cette peur qui nourrit si bien les Ombres sans qu'il n'ait à se salir les mains. L'offre serait-elle attrayante pour le jeune homme?

Qu'allait-elle faire encore? Soren était de plus en plus sur ses gardes. Un moment d'égarement, sans doute. Et elle parlait de faire quelque chose pour être bien... Enfin mieux, et sans tuer. Ce n'est pas tant le fait de tuer qui génait le bibliothécaire mais le fait de faire du mal, enfin de faire quelque chose qui puisse laisser des sequelles chez quelqu'un. Mais les frayeurs brusques n'étaient pas infaillibles : ce n'était pas la meilleure façon de se nourrir, c'était surement la moins pire... Pour les proies, s'entend bien... Les orbes écarlattes de Soren suivaient sans relâche le ballet de Myst, ballet qui l'amenait a plusieurs reprises non loin de notre protagoniste. Reprenant ses esprits, ce dernier se remit a parler...

"Quelle est cette fameuse chose, dame Myst?"

Toujours immobile, Soren parlait avec calme et froideur d'esprit, il s'était repris. Mais il ne savait toujours pas ce que sa consoeur lui préparait...

Oooooh, il perait un peu d'intérêt semble-t-il. Moins d'enthousiasme, en tout cas moins qu'elle. Mais peut-on vraiment qualifier d'enthousiaste une folle en train d'envisager des pratiques douteuses voir carrément malsaines? Et bien non. Pourtant, son sourire semblait s'être figé sur son visage, étirant ses jolies lèvres pâles avec une étrange douceur salie par sa perversité. Triste vision peut-être, mais pas pour elle. Non, ce n'est pas parce qu'il était moins emporté qu'il allait lui filer entre les pattes, n'est-ce pas? Ou peut-être que oui? Dans tout les cas le jeu continuerait.

"Chut, pas de dame avec moi. Juste Myst, simplement."

Dédaigneuse, elle agita la main devant elle comme pour chasser le mot prononcé en secouant la tête avant de revenir fixer le bibliothécaire. Il devait très bien savoir de quoi elle parlait, c'était évident, non? Il jouait donc sur la question pour voir si sa réponse à elle allait trahir l'authenticité de ses paroles? Possible, il était intelligent, ce bibliothécaire. Plus que la moyenne de ses jouets. Elle sautilla d'un pied sur l'autre, amuser. jouant la carte de la vérité. Après, lui seul verra si cela l'interresse.

"Une chose que tu connais! Faire peur, se nourrir de terreur et de désespoir, reprendre des forces, grâce aux humains! Quelque chose que tu fais régulièrement, sinon tu aurais déjà quitté Hollow Dream pour un autre lieu."

Puis elle fit quelques pas, s'éloignant à nouveau sur le chemin, avant de faire demi-tour et fixer à nouveau Soren.

Soren ne comprenait pas. Il se nourissait pacifiquement depuis des années. Que voulait-elle qu'il fasse de nouveau? Le déséspoir? Mais comment? Le fantôme ne savait rien sur la torutre psychologique et n'avait en aucun cas envie d'apprendre... Il regardait Myst et son sourire etrange virevolter a quelques pas de lui. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien manigancer? Légèrement méfiant et exaspéré, le bibliothécaire tendit la main droite vers sa consoeur...

"Vous voulez dire en utilisant quelque chose comme...

Notre protagoniste eut un petit geste hypnotique, un de ces petits artifices dont il avait le secret, artifice qui faisait jaillir de sa main une fausse réalité deformé sensé effrayer la cible du pseudo hypnose pendant une poignée de secondes. C'est en l'occurence une vieille femme en chaise roulante, décharnée, l'air hagarde et qui devait surement posséder un visage famillier de la jeune femme; qui jaillit devant un Myst qui ne devait surement pas s'y attendre...

*Elle a peur d'une vieille en fauteuil roulant?*

"...ceci?"

Il ne fallut pas longtemps pour que le sourire perfide de Myst se volatilise une fois l'apparition présente. Quelle méchante attention, alors qu'elle se proposait d'aider si gentiment son confrère. Vilain confrère. Myst pourtant ne cilla même pas, mais à l'intérieur d'elle-même, la situation était tout autre. Un cri d'horreur, brutal, lui vrilla les tympans. Un cri qu'elle seule pouvait entendre. Un hurlement déchirant qui lui fit d'instinct plaquer les mains contre ses oreilles.

Pourquoi faisait-il ça? Avait-il une raison de lui imposer ça? Enfin peu Importe, Myst, ça ne lui faisait rien, mais Carmen. Avec un long soupire, les bras de la demoiselle retombèrent mollement le long de son corps. Ses orbes de ténèbres s'inclinèrent lentement vers Soren, accusatrice pourtant. Le côté jovial disparaissait simplement, ne laissant dès lors apparaître qu'une expression de rancoeur, ou peut-être même de haine? Un mélange qui en tout les cas n'avait rien de rassurant.

"Pourquoi.... Pourquoi tu cherche à lui faire du mal alors qu'elle t'a protégé?"

Même sa voix assez mélodieuse devenait tranchante, agressive. Oh, il le méritait bien, non? Il lui faisait du mal, et si la vilaine pleurnicharde avait mal, Myst n'était pas très bien non plus. Certains étaient morts pour moins que ça alors... Elle fit un pas vers Soren, puis se ravisa. Un rictus de mépris déforma ses lèvres, elle n'avait plus du tout envie de jouer. Pourquoi arrêtait-il le petit jeu? Elle s'amusait pourtant bien, avant. Mais maintenant...

"Aucune considération... Su ne mérite pas sa sympathie, mais tu pourrais presque mériter la mienne. Finalement la torture, ça te connais, Soren."

Oui, finalement il était assez semblable, faire souffrir l'innocente créature qu'elle était. Heu, non, qu'elle avait été. Même si le choix de sa proie n'était pas très judicieux. Reprenant étrangement une expression de parfaite indifférence, elle se retourna une fois de plus, mais n'achevant pas de pirouette, elle commença à s'éloigner entre les arbres. Le jouet n'était plus vraiment intéressant, il commençait à se comporter un peu plus comme une ombre. Dommage!

La petite illusion semblait avoir fait son effet. Alors comme ça elle avait peur d'une vieille femme en chaise roulante? Drôle de phobie. Chose encore plus étrange, Soren sentait de l'energie affluer en lui. De la force? Mais d'habitude seuls les humains lui en procuraient! Qui était cette femme qui prônait tant la destruction des non-créatures alors qu'une partie d'elle était fortement restée ancrée dans l'espoir? De plus, Myst avait nourri le bibliothécaire bien plus qu'il ne l'avait été jusqu'a maintenant en une seule fois. Peut-être son coté hybride, quoi qu'il en soit notre protagoniste était passé du quart de son energie a un peu moins de la moitiée. Le tout sans blesser personne, mais le choc psychologique chez sa consoeur semblait assez profond. Cette dernière tourna d'ailleur les talons après l'avoir sermoné d'une drôle de manière...

... Vous n'avez peut-être pas tout a fait tort. Mais je trouve étrange que ... Vous... Me rapportiez tant d'energie... Vous qui n'êtes plus humaine... Désolé, enfin, pardon...

La voix de Soren était devenu grave. Non, il n'avait rien contre Myst a la base, elle lui avait fait autant de mal que de bien, mais il sentait qu'elle le manipulait, ou alors qu'elle s'amusait avec lui. Qui pouvait ainsi rire ou se jouer de la vie d'autrui, ou plutôt, de sa santée mentale? C'est d'ailleur de ce coté la que la jeune femme semblait particulièrement sinistrée... C'est aussi ce qui poussa, a contrecoeur, notre fantôme a lever sa main vers Myst qui s'éloignait et a se concentrer fortement. Il perdait de l'energie mais estimait le gain prochain trois fois supérieur a la perte...

*Désolé, mais tu va devoir me montrer tes peurs...*

Concentration intense, fatigue mentale, l'illusion se mettait enfin en place. La vieille femme en fauteuil se rematerialisa devant Myst...

*Encore cette vieille pie?*

"Lève les yeux, mon ange, et voit l’enfer..."

Ce fut la seule phrase prononcée par ce simulacre de vieille handicapée. La suite est plus floue. Un giganteste enchevêtrement de cables, de barres métalliques et de spots lumineux apparut quelques mêtres au dessus de la cible de l'illusion crée par Soren. L'énorme assemblage s'abattit alors sur Myst avec fracas, puis tout les éléments de l'hypnose partirent en fumée. Bien evidement la masse métallique était intangible, et avait traversé la jeune ombre avant de disparaitre. Soren posa un genou sur le sol, a bout de souffle...

*Elle a des peurs dignes d'un film hollywoodien!*

La dépense energetique avait été trois fois plus importante que prévue. Mais le bibliothécaire, toujours la main tendue, attendait le flot d'energie qui allait surement l'atteindre. Il se reconnaissaît mal dans cette action. Se nourrir honteusement sur le dos d'une consoeur, même si cette dernière n'était pas des plus équilibrées, cela ne justifiait rien. Mais il profitait de l'occasion pour recharger ses batteries, il n'avait pas l'intention de recommencer de sitôt. Si il craignait la réaction de Myst? Au pire il aurait surement gagné assez d'energie pour s'évanouir dans la nature a la vitesse de l'éclair, sa spécialitée...

Le spectacle était de toute beauté, une illusion parfaite de loin suffisante pour provoquer une étrange terreur. Pourtant, à la vue première de l'handicapée réapparaissant devant elle, Myst n'eut qu'un léger ralentissement de sa marche, le temps d'hésiter entre faire demi-tour ou contourner l'hideuse apparition. Il voulait jouer, Soren? Mais elle ne comptait pas le laisser faire comme ça, on ne fait pas du mal à Carmen sans l'autorisation de Myst, c'était la moindre des politesses, non? Mais avant que son regard colérique ne se retourne vers lui, les mots lui parvinrent. Difficile alors à dire ce qui avait bien pu se passer...

Les yeux même de Myst semblèrent varier un court, très court instant, comme si une part d'humanité avait repris le dessus. Oh, ce n'était pas la première fois, non non! Mais c'était pire encore. Viendrait-elle la hanter jusqu'ici? Avait-il lui le droit de laisser cette vieille sorcière en fauteuil roulant la torturer dans ce monde? Mais avant d'en arriver à réfléchir jusque-là, l'instinct de Myst, à moins que ce ne soit celui de Carmen, la poussa à lever brutalement son visage vers le ciel. Ses bras se levèrent, se croisèrent devant son visage, elle se jeta carrément sur le sol, une partie de son être s'estompant sensiblement, comme si elle cherchait é se dématérialiser pour fuir ce qui en tout les cas était une illusion. Oui, une simple illusion, Myst le savait bien, mais la terreur de Carmen n'était pas gérable à ce stade. Un horrible cri de terreur lui échappa, si violent, si affolé, on aurait pu croire qu'elle allait mourir... Encore.

Pauvre, pauvre Carmen. Et dire qu'elle ne voulait pas que Myst fasse du mal à Soren, et voilà qu'il était en train de la détruire à petit feu. Recroquevillée sur le sol, entre les feuilles mortes, la pauvre danseuse était prise de tremblements affolés, des tremblements qui trahissaient des sanglots. Pourquoi n'arrivait-elle pas à faire cesser le flot de sang? Il fallait la calmer, la pauvre Carmen. Chut, silence, ce n'est qu'illusion, elle n'est pas là, juste un mauvais rêve... Un méchant rêve.

Méchant Soren! Oui, il ne fallait pas avoir peur, il fallait juste transformer la terreur en colère. C'était sa faute, si tout recommençait, non? Il n'avait pas le droit, ce méchant confrère. Les tremblements semblaient s'apaiser, mais tout au fond de Myst, Carmen pleurait encore à chaude larmes. Il fallait reprendre le dessus, étouffer ses sanglots, et faire payer à ce vilain bibliothécaire. Lentement, les bras de Myst s'écartèrent de son visage, elle posa ses mains sur le sol et se redressa jusqu'à être à genoux. Toujours aussi lentement, elle tourna vers Soren un visage déformé par un mélange entre tristesse et haine, difficile à dire quel sentiment était prédominant. Toujours aussi lentement, elle se releva, faisant maintenant face à son tortionnaire.

"Menteur... Menteur... Tu ne veux pas faire de mal, hein? Mais tu essaie de la tuer encore."

Un pas de plus, la tristesse semblait disparaître. Oh, elle voudrait tellement... Elle voudrait tant se jeter sur lui, planter ses griffe dans sa poitrine pour lui arracher le coeur, lui qui attaquait celui déjà fragile de Carmen. Mais elle avait un peu de peine, il fallait d'abord calmer la pauvre demoiselle.

"Mais je ne te laisserai pas faire, oh non. Personne n'a le droit de la faire souffrir, personne..."

Un cri. Un flot d'energie hors du commun. L'équivalent de dix frayeur humaines bien fournies. Mais qui était donc cette Myst qui avait tant de peur a revendre? Quoi qu'il en soit, elle n'avait pas l'air contente, et cela se comprenait. C'est sans le moindre sourire ou la moindre expression de satisfaction que Soren parla, calmement, comme a son habitude...

*J'ai du endomager sa seconde personalitée...*

"Etrange. Vous me dites de ne pas faire de mal a une partie de vous que vous voulez etouffer. Si je vous ai ainsi fait peur, c'est parce que vous m'avez fournit enormement d'energie, je suis quasiment au maximum. Je suis désolé de vous avoir mis dans un tel état, je voulais juste recharger mes batteries si j'ose dire... Reposez vous et tout ira mieux dans une petite heure, il n'y aura pas de séquelles..."

Se relevant, tenant d'une force nouvelle, le bibliothécaire regardait le visage haineux de sa consoeur. Sa peur n'était pas comme les autres, non, c'était une peur en demi-teinte, c'était comme si le fantôme avait but du café au lieu de se contenter d'un verre d'eau...

"... D'ou l'avantage de mon mode de nutrition. Pensez vous réelement que quelqu'un mérite pire que ce que vous venez de vivre? Mais le débat est clos, je suis rassasié, avec mon "zéro victime zéro traumatisme" habituel...

Un sourire? Non. Ou plutôt presque. La petite sensation agréable d'une situation qui se tourne et se retourne avant de se retrouver en votre faveur... Chargé comme il l'était de cette étrange puissance, le bibliothécaire ne craignait pas grand chose...

Alors il s'était rassasié au mépris d'elle-même? Les humains, peu importaient, de toute manière ils étaient entiers et coupables. Mais Carmen, qu'avait-elle fait pour mériter ça? Il aurait pu avoir au moins la décence de s'en prendre à Myst, mais même pas... Oh elle n'était pas contente, Myst. Oui, elle étouffait Carmen, mais c'était pour mieux la protéger, non? Si elle avait tué Soren, elle n'aurait pas souffert. Idiote, Carmen! Vois donc où conduisent les bons sentiments? A l'autodestruction, comme toujours. Sans doute avait-elle compris la leçon maintenant non? Myst comprenait bien, fini d'écouter Carmen! A trop l'écouter, elle finirait par entièrement la tuer. Non non, on ne tue pas sa moitié!

"Pas de victime? Elle meurt à petit feu... Je lui donne des forces mais tu essaie de la tuer en lui imposant la responsable de sa mort? C'est très cruel, Soren..."

Comptait-il s'en sortir comme ça? Myst tâchait de reprendre contenance, de replacer son masque d'indifférence, mais inutile, la haine était présente... Trente ans... Trente ans qu'elle se protégeait, qu'elle se faisait oublier les cauchemars, et lui venait massacrer son travail? Oh non, elle n'allait pas le laisser faire.

"Trop cruel. Finalement tu es bien une ombre, tu as failli tuer une innocente, Soren. Enfon non, tu es en train de la tuer, elle souffre encore de tes petits jeux."

Encore, et ce n'était rien de le dire. Elle souffrait et faisait souffrir Myst, alors non, pas de pardon. L'irresponsabilité des humains avec les pouvoirs des ombres, voilà Soren en résumé pour Myst. Pas pour Carmen? Peu importe, elle n'avait pas son mot à dire.

"Et moi, je décide que ce n'est de loin pas encore fini."

Oh non, pas fini. Elle était certes affaiblie, mais encore bien assez furieuse pour faire fi de ce détail et faire un pas de plus, léger, indistinct, puis brutalement, se jeter sur le bibliothécaire.

Decidement voila une personne bien étrange, et une personne bien étrange qui commençait a se raprochait de plus en plus de Soren qui plus est. Ce dernier n'y prétat cependant pas attention et répondit...

"Je vous l'ait dit, je n'ai pas l'intention de tuer qui que ce soit et je ne harcèle pas mes victimes... Carmen aura donc la p..."

Le bibliothécaire eu a peine le temps de se rendre intangible, pour regarder Myst passer a travers lui en bondissant. Entièrement traversable. Cela faisait bien longtemps que notre protagoniste ne c'était pas payé ce luxe de la sécuritée. Sans esquisser le moindre mouvement d'attaque ou de défense, Soren fit deux pas a l'opposé de Myst...

"Non... S'il vous plaît je ne veut pas... Me battre, blesser, ou tuer...

Décidement la haine est un sentiment inconphrénsible... Que faire face à une furie qui a oublié son bon sens? Il allait sûrement falloir fuir. Ou plûtot essayer de la calmer avant. En effet le fantôme n'avait pas trop envie qu'elle lui saute dessus au détour d'une allée juste parce qu'elle a gardé cette rancoeur en elle...

Traversé... Pas drôle du tout! Vraiment pas. Le jeu n'était plus, la patience non plus. Embêtée, Myst, elle se retourna, lâchant un soupir de profonde lassitude. Non, elle aurait au moins le privilège de lui laisser un souvenir, une petite souffrance, quelque chose d'au moins un peu douloureux. Ah il voulait parler? Myst n'en avait plus envie, Carmen n'en était plus capable pour le moment. Quelles nobles pensées pour quelqu'un qui ne voulait pas faire de mal et qui pourtant venait d'en faire... Allait-il s'en sortir aussi facilement? Non non, Myst y veillerait.

"Tu ne veux pas? Tu l'as déjà fait... Tu ne veux vraiment pas? Tant pis, moi je le veux assez pour deux."

Pour deux? Pour trois ou quatre aussi. Pourquoi ce battre? Parce que ça lui ferait du bien, parce que Carmen pleurait toujours, recroquevillée, parce que sa souffrance était sienne et parce qu'elle comptait bien la faire partager. Plus d'égard pour le jouet, plus en ce moment en tout cas. Un autre pas en avant vers Soren, un autre sur le côté, puis de nouveau un pas pour se rapprocher de lui et une pirouette pour envoyer sa main droite refermée comme une serre voler à la hauteur de la gorge de son confrère.

Oh non, elle ne comptait pas le tuer, bien loin de là. Son geste était précis, mais aussi suffisamment calculé pour qu'il puisse l'éviter. Se rendre à nouveau intangible, sans doute, reculer d'un pas, plus probable, enfin qu'importe. Dans ce même mouvement, elle acheva sa pirouette, se rapprochant plus que nécessaire, envoyant cette fois-ci sa main gauche, de bas en haut, au niveau du torse. Si elle touchait, trancherait-elle tout juste un peu de chaire à travers le tissu, une belle éraflure, un beau souvenir, mais pas mortel. Si elle ne touchait pas... Elle aviserait ensuite.

Mais visiblement, elle ne semblait pas vouloir cesser tant qu’elle n’aurait pas eu ce qu’elle voulait : lui rendre la pareille. Ah il voulait la terroriser ? Il l’avait fait avec sa moitié. Mais lui aussi devra en payer le prix, au moins à égalité.

Là, elle n'avait vraiment pas du tout l'air contente. Et rien a faire, elle voulait se battre. Il allait donc falloir s'enfuir... Myst mena une nouvelle attaque, nouvelle intagibilitée, partielle cette fois ci. La main traverse le coun normal. Une vive douleur au torse, moins normal. Encore moins normal, une fulgurante réplique : un uppercut de la main droite a grande vitesse...

*Hein?*

Soren, ou plutôt le corps de Soren fit un bond en arrière, et c'est sous yeux du bibliothécaire que ce dernier tira sa dague, prenant une position de combat étrangement offensive. La main gauche du fantôme tentait tant bien que mal de bloquer la droite. Après trois secondes les deux mains étaient en parfait accord sur la prochaine attaque a administrer a Myst...

"Non.. Ce n'est pas..."

Plus moyen, le cerveau en temps que seul fief sensé du corps, la bouche pour eventuellement crier son désespoir et les yeux comme spectateurs, c'est tout ce qui obéissait encore a la volontée de notre protagoniste. L'energie. Oui l'étrange energie qu'il avait absorbée guidait ses mouvements et, chose singulière, elle ne faiblissait pas. C'est a cause de cette essence bizarre qui coulait dans désormais dans les veines de Soren et qui guidait chaque muscle de son corps, indépendemant de la volonté du monde entier. C'est cette essence qui lui avait fait riposter violement, c'est cette essence qui l'empéchait de se préocuper de la légère blessure qu'il avait... Et cette essence ne se consumait pas. Impuissament prêt au combat, gonflé par cette espèce de dope mentale aussi perverse que surpuissante, les yeux de Soren regardaient son propre corps en posture combative, attendant une occasion pour frapper la où ça fait mal...

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